Africa-Press – Djibouti. La Banque Centrale de Djibouti (BCD), en collaboration avec la Société Financière Internationale (IFC) – membre du Groupe de la Banque mondiale – et le Secrétariat d’Etat chargé des Investissements et du Développement du Secteur Privé, (SECIDSP) a lancé hier matin un atelier de deux jours visant à instaurer sous nos cieux un environnement propice au développement du crédit-bail. Un outil financier innovant, permettant de soutenir les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) locales qui peinent à accéder à des financements adaptés.
C’est dans une salle comble à Ayla Grand hôtel de Djibouti qu’a débuté hier matin une série d’ateliers de 2 jours permettant de renforcer les capacités des acteurs du secteur économique de notre pays sur le crédit-bail, un instrument financier stratégique visant à améliorer l’accès au financement pour les micros, petites et moyennes entreprises (MPME). Organisée par la Banque Centrale de Djibouti, en collaboration avec la Société Financière Internationale – membre du Groupe de la Banque mondiale – et le Secrétariat d’Etat chargé des Investissements et du Développement du Secteur Privé, l’initiative vise à promouvoir un écosystème favorable au développement du crédit-bail à Djibouti.
La cérémonie inaugurale de cet atelier de deux jours a vu la présence du secrétaire général du ministère du Budget Simon Mibrathu, du secrétaire général du Secrétariat d’Etat chargé des Investissements et du Développement du Secteur Privé, Ali Houmed Aboubaker, du directeur exécutif de la Banque Centrale de Djibouti, Hassan Moussa Yassin et du chargé des opérations de la société financière internationale, représentant pour cette occasion le Groupe de la Banque Mondiale, Mehdi El Batti. Elle a également réuni autour d’une table une diversité d’acteurs, du ministère de la Justice à la Banque Centrale, en passant par le Secrétariat d’État à l’Investissement et des représentants du monde judiciaire, financier et fiscal.
Le crédit-bail, souvent méconnu mais redoutablement efficace, s’impose comme une solution incontournable pour remédier à l’un des principaux freins au développement des micros, petites et moyennes entreprises (MPME): l’accès au financement.
À Djibouti, ces entreprises constituent la colonne vertébrale du tissu économique, mais peinent à obtenir des prêts bancaires traditionnels en raison de l’absence de garanties suffisantes, d’un historique bancaire limité ou encore de produits financiers inadaptés.
En permettant aux entreprises de financer des équipements sans immobiliser leur trésorerie, le crédit-bail apparaît comme une alternative flexible et adaptée. Toutefois, son déploiement effectif nécessite un environnement réglementaire, juridique et fiscal clair et sécurisé. C’est précisément sur ce chantier que se penchent ces ateliers de deux jours.
Au cours de la cérémonie inaugurale, le directeur exécutif de la Banque Centrale de Djibouti, Hassan Moussa Yassin qui s’est exprimé le premier a indiqué que « depuis la promulgation de la loi sur le crédit-bail en 2017 aucun texte réglementaire n’a été mis en place, et aucune institution ne propose ce service à Djibouti ».
Pour remédier à cette problématique, la Banque Centrale a sollicité l’IFC et a signé selon lui « un accord de coopération avec elle en octobre 2024 à Washington afin de mettre à jour la loi et d’encadrer cette activité financière ».
Il s’agit selon M. Hassan Moussa dans le cadre de cet atelier d’élaborer des textes réglementaires et à fournir des recommandations sur les règles prudentielles, le refinancement et le soutien aux PME.
Pour y parvenir, la Banque centrale s’est associée avec l’International Finance Corporation (IFC), une branche du groupe de la Banque mondiale pour explorer les meilleures pratiques internationales.
« Les discussions s’orienteront également vers les implications juridiques et fiscales du crédit-bail » a-t-il ajouté avant de rappeler que « Cet effort s’inscrit dans une démarche plus large de modernisation du secteur financier à Djibouti, incluant des réformes, notamment la mise en place d’un Switch monétique national, d’une Centrale de risques plus moderne ainsi que la révision des dispositifs de la lutte contre le blanchiment d’argent et du financement du terrorisme ».
Le secrétaire général du Secrétariat d’Etat chargé des Investissements et du Développement du Secteur Privé, Ali Houmed Aboubaker qui l’a suivi, a mis l’accent sur l’importance du crédit-bail qui selon lui constitue un outil flexible et efficace permettant aux PME d’accéder à des équipements sans lourds investissements initiaux.
Pour lui le crédit-bail représente « un levier structurant crucial pour la modernisation de notre tissu économique, pour l’inclusion financière et pour la dynamisation de l’investissement privé ».
Il a ensuite insisté sur la nécessité d’un cadre juridique, fiscal et réglementaire robuste pour garantir le plein déploiement du crédit-bail.
Les ateliers, selon lui, doivent servir de plateforme d’échanges constructifs entre experts nationaux afin d’harmoniser les approches et de s’inspirer des meilleures pratiques internationales. En abordant les aspects économiques, juridiques et fiscaux de manière transversale, ces sessions visent à identifier a-t-il précisé « les obstacles existants et à proposer des recommandations concrètes ». Le secrétaire général du Secrétariat d’Etat chargé des Investissements et du Développement du Secteur Privé, Ali Houmed Aboubaker a enfin appelé à une participation active, collaborative et critique de tous les acteurs, convaincu que c’est dans l’unité d’action que le crédit-bail pourra devenir un véritable moteur de transformation pour l’économie djiboutienne.
Dans son intervention dédiée au lancement de cet atelier, le secrétaire général du ministère du Budget Simon Mibrathu a lui aussi souligné l’importance de faciliter l’accès au financement pour les PME en misant sur le crédit-bail, un outil encore peu exploité à Djibouti malgré une législation en place depuis 2017. Il a insisté sur la nécessité de sensibiliser l’ensemble des acteurs — secteur bancaire, administration fiscale, douanes — afin de créer un écosystème cohérent et efficace autour de ce mécanisme. Le ministère du Budget s’engage notamment à contribuer à travers des incitations et aménagements fiscaux. Pour M. Mibrathu, l’objectif est clair: « faire du crédit-bail un véritable levier de croissance inclusive et durable, en ligne avec la vision de développement national, en s’appuyant sur la collaboration active de tous les participants pour faire émerger des solutions concrètes ».
Quant au chargé des opérations de la société financière internationale, représentant pour cette occasion le Groupe de la Banque Mondiale, Mehdi El Batti a encouragé les participants à adopter une posture critique et constructive afin de poser les bases d’un cadre solide et inclusif, réaffirmant l’engagement de la Banque mondiale à soutenir Djibouti dans cette démarche à travers son expertise et son accompagnement technique.
Il est à noter que cet atelier sur les opportunités du Crédit-bail pour le secteur financier sera réparti en trois sessions selon les cadres de la banque centrale de Djibouti, initiateurs du programme. Dans un premier temps, il sera question au cours de ces deux jours de définir les mécanismes du Crédit-bail ainsi avec une comparaison avec les crédits classiques, mais de se pencher également sur les cadres légaux et juridiques ainsi que les aspects judiciaires du Crédit-bail.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Djibouti, suivez Africa-Press