Femmes en Première Ligne de la Transition Écologique

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Femmes en Première Ligne de la Transition Écologique
Femmes en Première Ligne de la Transition Écologique

Africa-Press – Djibouti. À Djibouti, la Journée mondiale de l’environnement a été célébrée cette année sous le signe de l’action concrète, de l’autonomisation féminine et de la souveraineté climatique. Le 2 juin 2025, l’Union Nationale des Femmes Djiboutiennes (UNFD) a accueilli une cérémonie marquante organisée par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, en partenariat avec la Sovereign Carbon Agency (SCA). Des équipements de nettoyage ont été remis aux communes de Boulaos et de Balbala, incarnant une vision intégrée du développement durable, à la fois sociale, inclusive et résolument souveraine.

La cérémonie de remise de matériel s’est tenue dans l’enceinte emblématique de l’Union Nationale des Femmes Djiboutiennes. À travers cette action, le gouvernement djiboutien, en collaboration avec la SCA, a voulu marquer une nouvelle étape dans l’articulation entre justice environnementale, inclusion sociale et leadership féminin. L’événement s’inscrivait dans le cadre de la Journée mondiale de l’environnement, célébrée chaque 5 juin, mais anticipée cette année par une mobilisation dès le 2 juin.

Autour du ministre de l’Environnement et du Développement Durable, Mohamed Abdoulkader Moussa Helem, de nombreuses personnalités ont pris part à cette initiative, parmi lesquelles la ministre de la Femme et de la Famille, Mouna Osman Aden, la secrétaire générale de l’UNFD, Fatouma Moussa Abdi, ainsi que des représentants des communes bénéficiaires. La SCA, pilier de la stratégie climatique nationale, était représentée par Coranne Abdi Djama, chargée de projets et des relations publiques, et Manar Houssein Abdoulkarim, responsable de la communication.

Le cœur de la cérémonie a été la remise d’un lot important d’équipements de propreté destinés aux brigades féminines de Boulaos et de Balbala. Composé notamment de brouettes, pelles, râteaux, gants, masques, gilets de sécurité et grandes poubelles, ce matériel permettra aux femmes engagées dans l’entretien des quartiers urbains d’exercer leurs fonctions dans de meilleures conditions de sécurité et d’efficacité.

Mais cet appui logistique ne se limite pas à une simple donation. Il s’inscrit dans une dynamique plus large de valorisation du rôle des femmes dans les politiques publiques environnementales. « Soutenir les femmes, c’est soutenir la résilience des communautés face aux défis climatiques », a souligné avec force Coranne Abdi Djama, rappelant que l’autonomisation féminine est un levier indispensable de la justice climatique. Créée par décret présidentiel en mars 2023, la Sovereign Carbon Agency incarne une nouvelle manière de penser la transition écologique en Afrique.

En mettant en œuvre l’Initiative Carbone Souveraine, Djibouti a développé une architecture innovante fondée sur le principe du pollueur-payeur. Les contributions carbone perçues auprès des compagnies aériennes et maritimes internationales présentes sur son territoire sont réinjectées dans des projets à fort impact local.

À ce jour, plus de quarante initiatives ont été financées dans différents domaines: accès à l’eau potable, électrification solaire des maternités rurales, reforestation des mangroves, production de sacs réutilisables par des jeunes en insertion ou des personnes handicapées. Toutes sont portées par une logique de développement durable alignée avec les réalités locales. La transparence et la crédibilité de ce mécanisme sont assurées par un registre carbone souverain, géré par la Fondation Africa Sovereign Carbon Registry et audité par des cabinets internationaux de renom tels que Bureau Veritas ou Forvis Mazars. Le récent ralliement du Gabon à ce système, en janvier 2025, conforte la portée panafricaine et la transférabilité du modèle djiboutien.

Femmes, environnement et souveraineté: une convergence stratégique

Au-delà de l’action ponctuelle, cette cérémonie a symbolisé un tournant dans l’approche djiboutienne de l’environnement. En plaçant les femmes au centre de la stratégie climatique, le pays affirme une vision inclusive où développement durable, équité sociale et autonomie politique s’articulent étroitement.

Ce positionnement trouve un écho particulier dans les quartiers populaires de Boulaos et de Balbala, où les brigades féminines incarnent une écologie de proximité, ancrée dans les besoins concrets des communautés. Le geste de leur fournir des outils adaptés est aussi une reconnaissance de leur rôle central dans l’amélioration du cadre de vie urbain.

« Nous ne voulons pas seulement un environnement propre, mais aussi une société juste », a résumé la secrétaire générale de l’UNFD, Fatouma Moussa Abdi. Un propos qui rejoint la philosophie de la SCA: investir dans l’humain, renforcer les capacités locales, et construire une souveraineté climatique à partir des réalités de terrain. Ce que révèle cette initiative, c’est une volonté affirmée de Djibouti de ne plus attendre des solutions venues d’ailleurs. En développant ses propres outils, en maîtrisant ses financements et en s’appuyant sur ses propres forces – à commencer par celles de ses femmes – le pays trace un chemin original dans la lutte contre les dérèglements climatiques.

La brouette, la pelle ou le gilet fluorescent, souvent perçus comme des objets modestes, deviennent ici des symboles de transformation: celle d’une société qui refuse la fatalité, qui croit en ses citoyens et en ses citoyennes, et qui fait de la propreté urbaine une affaire de dignité, de résilience et de souveraineté.

« La souveraineté climatique de l’Afrique passe par la transparence » Ahmed Araita Ali , Secrétaire général de la Fondation de l’Agence Souveraine Carbone de Djibouti
En pleine mutation face aux défis climatiques, l’Afrique cherche à développer des solutions innovantes et adaptées à ses réalités. Djibouti s’est imposé comme un pionnier du continent en lançant le premier Registre Carbone Souverain Africain. En marge d’une récente cérémonie officielle, nous avons rencontré Son Excellence Araita, Secrétaire général de la Fondation de l’Agence Souveraine Carbone de Djibouti. Il nous dévoile les ambitions, les mécanismes de régulation, ainsi que la portée internationale de cette structure indépendante, chargée d’assurer la transparence des engagements climatiques du pays et d’inspirer le continent.
La Nation: Pourquoi avoir créé une Fondation indépendante pour réguler le Registre Carbone Souverain?
Ahmed Araita Ali: La Fondation a pour double mission de diffuser le modèle djiboutien de contribution carbone à l’échelle africaine et de garantir la conformité des actions entreprises avec les standards internationaux. Cette indépendance vis-à-vis des pouvoirs publics ou des opérateurs permet de préserver l’intégrité du système, en assurant la crédibilité et la neutralité des régulations. Elle fonctionne comme un tiers de confiance, essentiel dans un domaine où la transparence est cruciale pour attirer des partenaires sérieux.

Concrètement, quels mécanismes garantissent la transparence et la bonne utilisation des fonds?

La Fondation ne finance ni ne gère les projets elle-même. Son rôle est de vérifier la conformité des contributions carbone déclarées par les opérateurs. Un Conseil d’Audit indépendant (composé notamment de Bureau Veritas, Carbon Offset Certification et Mazars) procède à des audits semestriels. Ces audits certifient la validité des projets, mais aussi l’usage éthique des fonds. Chaque centime doit aller vers des initiatives validées, dans le respect des normes internationales et des principes de bonne gouvernance.

Quelle est la valeur ajoutée du modèle djiboutien pour les partenaires internationaux?

Notre modèle s’inspire des pratiques éprouvées en Europe et ailleurs, tout en étant adapté aux spécificités africaines. Il est simple, rigoureux et transparent. Cette compatibilité avec les standards mondiaux ( comme ceux du GHG Protocol, du GIEC, de l’OMI ou de l’OACI ) renforce la confiance des investisseurs et des institutions. Aujourd’hui, le Gabon a déjà emboîté le pas, et une vingtaine de pays africains étudient notre modèle avec l’appui de la Fondation.

Comment la communauté internationale perçoit-elle cette initiative portée par Djibouti?

Très positivement. Les retours sont unanimes sur la solidité technique, la logique économique et la clarté administrative du modèle. Ce qui impressionne aussi, c’est la capacité de Djibouti à concilier ambitions climatiques et souveraineté. Le modèle montre que même les pays à faible empreinte carbone peuvent innover et peser dans la gouvernance climatique mondiale, en valorisant leur contribution à travers un cadre fiable.

Quels défis reste-t-il à relever, et quelle est votre vision à long terme pour l’Afrique?

Le principal défi reste l’acculturation des décideurs africains à ces nouveaux outils. Il faut renforcer leurs capacités pour qu’ils deviennent acteurs d’une souveraineté climatique véritable. Cela implique aussi d’inclure davantage les ONG, les citoyens, les entreprises, à travers des consultations ouvertes. À moyen et long terme, nous voulons promouvoir un modèle africain souverain, crédible et aligné sur les meilleurs standards mondiaux. Comme l’a dit le Président Guelleh, l’inaction n’est plus une option. Il est temps pour l’Afrique de se positionner en leader de la régulation climatique.

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