
Africa-Press – Djibouti. Les Djiboutiens le connaissent peu. Mohamed Segueh Soubane est pourtant le seul arbitre djiboutien dont le CV fait état d’une expérience olympique: il a été retenu pour les JO de Tokyo en 2020. Ses difficultés à se faire un nom sur la scène sportive nationale ? A l’en croire, elles sont avant tout imputables au sport qui est le sien: le tennis de table, une discipline très souvent négligée au point que sa dénomination souffre d’une déformation dans la bouche du Djiboutien lambda. « Big-Bang, voilà comment on la désigne », dit-il en esquissant un peu sourire dont on ne sait s’il exprime l’ironie ou l’exaspération. Interview.
ADI: Où en êtes-vous de votre sélection pour les JO de Paris ?
Mohamed Segueh Soubane: C’est en très bonne voie. J’espère que mon expérience d’arbitre de tennis de table sera sollicitée aux JO de Paris comme elle l’a été à Tokyo quatre ans plus tôt. A Paris, si j’arrive à franchir cette ultime étape de Tunis oùje serai évalué, nous serons logiquement quatre Africains à officier en tant qu’arbires en tennis de table. Le nombre d’arbitres issus du continent noir a été doublé par rapport aux JO de Tokyo où nous n’étions que deux seulement. C’est la un progrès notable qu’il convient de souligner. Mais il faut travailler encore davantage dans le sens d’une meilleure représentativité des arbitres africains aux olympiades, toutes disciplines confondues.
Le jeune arbitre assistant Liban Abdourazak sera lui aussi présent aux JO de Paris….
Effectivement. C’est une très bonne nouvelle. J’en suis d’autant plus réjoui que, à la différence de l’édition 2020 à Tokyo, je ne serai plus, en cas de succès pour moi à Tunis, le seul arbitre national sélectionné pour les JO de Paris. Mieux, la candidature de notre compatriote Liban Abdourazak s’est imposée, vous en conviendrez sans doute, dans une discipline phare: le football. Il a beaucoup travaillé depuis la dernière Coupe d’Afrique des Nations où il a été particulièrement brillant. Je ressens une très grande fierté au moment où j’en parle.
Qu’est-ce qui, selon vous, retient le plus l’attention dans votre parcours personnel ?
Beaucoup de choses. A la tête de l’Association des arbitres de tennis de table de l’Afrique de l’Est, où je viens de briguer un second mandat, je m’investis beaucoup dans la réduction de la dépendance aux expertises étrangères à l’échelle régionale. L’émergence d’une réelle autonomie passe nécessairement par la mobilisation des compétences existantes dans les États de la région. Notre mouvement associatif porte en lui l’ambition de créer les conditions indispensables à leur promotion, leur formation et leur insertion professionnelle en leur offrant des opportunités leur permettant de faire valoir leur savoir-faire. C’est ainsi que nous avons sollicité exclusivement des arbitres issus des pays de l’est africain lors de la dernière édition des Jeux de l’océan indien à Djibouti. Les résultats ont largement dépassé nos propres attentes.
Quels sont, à vos yeux, les principaux obstacles qui freinent le développement du tennis de table dans notre pays ?
C’est une discipline qui peine depuis longtemps à se faire une place sur la scène nationale. Les déficiences dont elles souffrent sont d’ailleurs structurelles. Il n’empéche qu’elle commence à attirer de plus en plus de jeunes. Une première explication réside dans le fait que les CDC (centres de développement communautaires, anciennement appelés maisons de jeunes) sont équipés dans leur immense majorité des matériels nécessaires à la pratique du tennis de table à l’heure actuelle. S’appuyant sur cette avancée, la Fédération djioutienne de tennis de table est devenue à présent la seule instance sportive nationale à organiser des jeux au profit des personnes à besoins spéciaux en les répartissant par catégories en fonction du sexe, de l’âge et de la nature de leur handicap. L’objectif qui sous-tend le programme dédié à l’handicap est de parvenir à envoyer des joueurs nationaux aux jeux paralympiques dans les années à venir.
A qui seront vos premières pensées si vous passez avec succès l’étape de Tunis ?
Aux athlètes djiboutiens qualifiés pour les JO de Paris. Parce que nos espoirs de les voir au sommet sont immenses.
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