Djaga-Bouldhouq dans la ligne de mire du programme national ‘‘Zéro Bidonville’’

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Djaga-Bouldhouq dans la ligne de mire du programme national ‘‘Zéro Bidonville’’
Djaga-Bouldhouq dans la ligne de mire du programme national ‘‘Zéro Bidonville’’

Africa-Press – Djibouti. Risques liés aux pluies et aux incendies, mauvaise condition d’hygiène causée par la promiscuité des logements et les eaux usées que chaque habitant déverse régulièrement devant sa demeure, lesquelles favorisent la prolifération des moustiques et des mouches, surpopulation (520 hab/ha),…etc, tels sont les problèmes que l’on déplore à Djaga-Bouldhouq, un secteur du quartier 7, dans la commune de Boulaos, datant de l’ère coloniale, où les habitations sont disposées d’une manière anarchique. Pour pallier cette problématique et améliorer les conditions de vie et d’habitats, l’ensemble de ce vieux quartier de la capitale, est depuis ces derniers temps dans la ligne de mire du Programme National de Résorption de l’Habitat Précaire ‘‘Zéro Bidonville’’ et de lutte contre la pauvreté, initié par le président de la république, Ismail Omar Guelleh.

Le besoin d’en savoir un peu plus sur le quotidien des habitants de Djaga-Bouldhouq au quartier 7, m’a conduit le vendredi matin passé à visiter cette zone historique de ce quartier de la commune de Boulaos, où il est quasiment impossible de circuler en voiture.

Arrivée dans le secteur, tôt dans la matinée du vendredi 20 janvier dernier, l’image est frappante : un ensemble d’habitations les unes collées aux autres, ne disposant d’aucun confort, séparées seulement par des petits sentiers où deux personnes ne peuvent se croiser. Dépourvus de système de drainage des eaux usées ménager, ces petits sentiers séparant les blocs de maisons sont souvent boueuses, obligeant les usagers à faire des sauts.

Faisant allusion aux habitations disposées d’une manière anarchique, les djiboutiens ont baptisé le secteur Djaga-Bouldhouq. Il s’agit de constructions datant des années 1950 et au-delà, bien avant l’indépendance nationale. C’est du moins le sens des dispositions aléatoires des habitations où certaines parmi eux n’ont jusqu’à présent aucun des équipements de base que sont l’eau, l’électricité et l’éclairage public.

Dans le but de connaître un peu le quotidien des habitants, nous avons entamé notre visite dans une zone non loin de l’avenue Nasser puis sillonné les différentes ruelles du secteur.

Malgré les quelques maisons en dures et des bâtiments qui poussent comme des champignons à Djaga-Bouldhouq, au cours de ces deux dernières années, la population habitant dans cette zone est confrontée à des risques liés aux pluies et aux incendies, une mauvaise condition d’hygiène causée par la promiscuité des logements et les eaux usées que chaque habitant déverse régulièrement devant sa demeure, lesquelles favorisent la prolifération des moustiques et des mouches. Mais surtout, le manque d’aires de jeux pour les enfants est le premier souci des mères de ce quartier.

«Je suis obligée de cloitrer mes enfants dans la maison» nous dit Kadra Farah Saïd, une mère de famille que nous avons rencontrée. «S’ils sortent pour jouer au ballon devant la maison, les voisins se plaignent des bruits. J’ai eu à maintes reprises des accrochages avec les voisines» ajoute cette mère d’une dizaine d’enfants dont 7 garçons.

En ce qui concerne le programme national de Résorption de l’Habitat Précaire ”Zéro Bidonville’’ que le ministère de la Ville, de l’Urbanisme et de l’Habitat, réalisera bientôt dans ce quartier, la dame Kadra Farah semble enchantée. «J’ai entendu à la radio que le gouvernement a adopté le mardi 17 janvier, un projet de loi qui permettra de restructurer mon quartier. Nous aurons enfin des espaces où nos enfants pourront jouer tranquillement» nous dit-elle en souriant.

Située à une centaine de mètres plus loin, sur un secteur enclavé et difficile d’accès en voiture, la demeure de Hawa Dirieh Kaourah, où nous nous rendîmes par la suite, n’avait ni électricité, ni eau courante.

La quadragénaire est mère de 8 enfants dont l’aînée a 19 ans et le plus petit n’a pas encore 5 ans.

Evoquant le local qu’elle habite, «la moindre pluie mouille les matelas avec lesquels nous dormons ainsi que les manuels des enfants et nos habits» nous dit-elle. En effet, construit avec des matériaux précaires telles que les vielles tôles rouillées et des planches, le toit du local laisse passer les rayons du soleil, et en cas de pluie n’en parlons pas ! «Mon mari est au chômage. Ce local que nous occupons appartenait à la famille de mon mari» nous a-t-elle expliqué.

Pour ce qui est du Programme National de Résorption de l’Habitat Précaire ‘‘Zéro Bidonville’’, «Nous allons l’accueillir à bras ouvert, mon mari est maçon. » a déclaré Mme Hawa Dirieh.

Selon elle, ce projet sera une opportunité pour sa famille, espérant que son mari sera embauché par la compagnie qui réalise les travaux de restructuration.

Bref, à l’instar Kadra Farah Saïd et Hawa Dirieh Kaourah, les nombreux habitants que nous avons rencontré au cours de notre visite à Djaga-Bouldhouq, le vendredi matin dernier, attendent beaucoup du projet d’améliorations des bidonvilles et du développement urbain intégré que le ministère de la Ville, de l’Urbanisme et de l’Habitat, en collaboration avec son agence de réhabilitation urbaine et du logement sociale (ARULoS), a spécialement concocté pour désenclaver ce secteur historique du Quartier 7.

En effet, financé par la Banque Islamique de Développement, à hauteur de 2,6 milliards FDJ équivalant à 15 millions de dollars US, le projet d’améliorations des bidonvilles et du développement urbain intégré de Djaga-Bouldhouq, prévoit la création dans ce secteur du quartier 7, un Centre de Développement Communautaire (CDC) avec une salle polyvalente pour la formation professionnelle des femmes et des jeunes, un marché, pas moins de trois aires de jeux pour enfants, des nombreuses places et plusieurs jardins publics.

En termes de voirie, il est également prévu dans ce projet de restructuration la réalisation d’une structure permettant de récolter quelques 8 609 ml de voirie, ainsi que la mise en place d’un système de drainage des eaux usées et celles des pluies.

Les ménages des habitations touchées par les travaux de restructurations ne seront pas en reste, les cadres d’ARULoS, principal organe chargé de la réalisation de ce projet, comptent aménager un site d’environ 19,5ha à Balbala Sud et préparer 801 parcelles pour les accueillir. Selon ces cadres, «Un crédit en matériaux de construction permettant la réalisation des structures principales (une chambre, toilettes et murs de clôture) du logement sera mis à leur disposition».

Dans un autre volet, il est prévu dans ce projet dédié aux habitants de Djaga-Bouldhouq, un fonds de développement communautaire qui sera géré par les organisations communautaires et la société civile opérant dans le quartier.

Et ce n’est pas tout, le projet fournira également des formations de développement des compétences aux bénéficiaires et identifiera des initiatives communautaires réalisables pour développer la zone impliquant les jeunes et les femmes.

 

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