Africa-Press – Djibouti. Manchot ou pingouin ? Y a-t-il vraiment une différence ? En anglais, « manchot » se dit « penguin », de quoi en perdre son latin. Mais les manchots et les pingouins sont bien des oiseaux différents. Explications.
Le petit pingouin, le seul pingouin
Les pingouins ne comptent en réalité qu’une seule espèce, nommée « petit pingouin » en français et Alca torda par les scientifiques. Noir dorsalement et blanc ventralement, il arbore aussi une bande blanche sur son bec. Relativement petit, il mesure une quarantaine de centimètres de hauteur et pèse entre 500 grammes et 900 grammes. A l’inverse, le manchot empereur, le plus grand des manchots, peut atteindre 1,30 mètre pour environ 40 kilos.
Contrairement aux manchots, les petits pingouins peuvent voler. « Lorsqu’ils recherchent une proie (surtout tôt le matin), ils scrutent attentivement leur environnement depuis les airs, tournant et pivotant gracieusement dans les airs avant de retomber à la surface », explique sur son site le Cornell Lab of Ornithology de l’Université Cornell (Etats-Unis). Et ils savent aussi plonger dans l’eau afin d’attraper les poissons dont ils se nourrissent, capacité qu’ils partagent cette fois avec les manchots.
Si elle peut être aperçue jusqu’au Maroc, c’est bien dans l’hémisphère nord que l’espèce Alca torda se reproduit, notamment sur les côtes de la Bretagne et de la Normandie en France. Mais son aire de reproduction se situe surtout plus haut, au Royaume-Uni, en Norvège, en Suède, en Finlande, au Canada, en Islande et au Groenland. Cet oiseau « niche dans des colonies à flanc de falaise surplombant l’océan », indique le Cornell Lab of Ornithology.
Et lorsque les oisillons ont environ 20 jours, ils quittent le nid, sans même avoir les plumes des ailes totalement développées. Ils sautent alors de la falaise pour atteindre l’eau en contrebas, agitant leurs ailes pour freiner du mieux qu’ils peuvent leur descente.
L’espèce Alca torda est placée dans la catégorie « préoccupation mineure » de la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature. La population serait même en augmentation, comptant au moins 830.000 individus matures. Cependant, les différents impacts du changement climatique pourraient la fragiliser. Déjà, « le réchauffement des océans a modifié la répartition de leurs principales proies, dans certains cas dans des eaux trop au nord des falaises de reproduction pour permettre une reproduction réussie », souligne le Cornell Lab of Ornithology.
Le manchot, des ailes… mais pour nager
Si les petits pingouins se placent préférentiellement dans l’hémisphère nord, les manchots sont des oiseaux de l’hémisphère sud et la plupart vivent dans les régions antarctiques extrêmement froides.
Il n’existe pas une seule espèce de manchots mais 18 issues de genres différents, et qui ont leurs propres caractéristiques. Cependant, elles partagent toutes une même particularité: contrairement au petit pingouin, ces espèces ne volent pas.
Mais les manchots ont un autre atout à faire valoir: ce sont d’excellents nageurs si bien que certaines espèces ne viennent sur terre que pour muer ou se reproduire. Le reste du temps, elles préfèrent la mer notamment pour attraper les poissons dont elles se nourrissent majoritairement.
« La forme des ailes du manchot est adaptée à leur rôle pour la plongée, explique sur son site le Museum national d’Histoire naturelle. Mais ce n’est pas la seule adaptation à un mode de chasse sous-marin: déplacement du trou occipital vers l’arrière pour être plus hydrodynamique, densification des os pour être plus lourd et faciliter la plongée ». Leurs plumes sont aussi recouvertes d’une huile isolante.
En 2015, le Pew Charitable Trust, une organisation américaine, avait affirmé dans une étude que les deux tiers des 18 espèces de manchots étaient en déclin. Les poussins des manchots empereurs peuvent périr en raison de la fonte record de la banquise d’Antarctique. Et les manchots du Cap, une espèce déjà en danger, ont été touchés par la grippe aviaire en 2022, soulignant la sensibilité de l’espèce.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Djibouti, suivez Africa-Press