Africa-Press – Gabon. L’actualité politique de la semaine qui s’achève aura servi à l’opinion de biens rocambolesques et cocasses intrigues dignes des scenarii capables de rivaliser avec les productions tragi-comiques des célèbres acteurs, réalisateurs et scénaristes britannique et français Charles Spencer Chaplin (dit Charlie Chaplin) et Louis de Funès.
On aurait pu en rire à gorges déployées si la conscience ne rappelait pas à plus de gravité s’agissant d’un pays où toutes les consignes portent sur la restauration des institutions, des valeurs, des mœurs et des pratiques politiques.
Un coup de prestidigitation politico-juridico-administrative
Toute la semaine, des spécialistes et praticiens chevronnés du droit ont en effet suffisamment renseigné et rappelé avec force et pertinentes investigations l’incongruité et la démarche plutôt cavalière de la décision portant notamment élévation de Marie-Madeleine Mborantsuo au titre de présidente honoraire de la Cour constitutionnelle, après plus de trois décennies à la tête de cette institution pour un bilan fortement chahuté.
Mais là dernière communication de la Cour constitutionnelle sur cette affaire suscite, en l’état, davantage d’interrogations et met en lumière de nombreuses zones d’ombre, au regard de la cacophonie qu’elle révèle au grand jour, dans les plus hautes sphères de la gouvernance politique et institutionnelle du pays.
Si l’on en croit Christian Bignoumba Fernandes, «Des vices de procédure, de fond et de forme ont été constatés sur la délibération du 2 septembre 2023 (…) la décision querellée ne figure nullement au rang des minutes du greffe de la haute juridiction…», a martelé pince-sans-rire le Doyen des juges de la Cour constitutionnelle de la transition.
Mais diantre, si cette décision est introuvable et improbable, qui a donc été à la manœuvre dans ce tour de force et à quel dessein ? Qui a fait prendre et fait signer le décret y relatif au président de la transition et qui en a fait assurer les.diligences pour publication au journal officiel ?
Autant de questionnements sans réponses, qui donnent du tournis à de nombreux observateurs qui s’interrogent aussi sur l’opportunité de l’éloge fait à Marie-Madeleine Mborantsuo par le président de la haute juridiction, Dieudonné Aba’a Owono, lors de la rentrée solennelle de la Cour constitutionnelle de la transition, le 23 janvier dernier, en présence du président du CTRI.
Dura lex sed lex
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le décret au cœur de la polémique a été publié le 2 septembre 2023, soit seulement 2 jours après le « coup de la libération »; alors même que les 9 juges de la Cour constitutionnelle de la transition ont plutôt été nommés 5 jours plus tard, c’est-à-dire le 7 septembre 2023.
C’est donc un anachronisme qui permet de comprendre aisément que les membres de la Cour constitutionnelle de la transition, ne pouvaient fort logiquement pas siéger et délibérer sur une décision antérieure à leur entrée en fonction et qui plus est, honore deux personnages qui ne figurent pas dans leur collège, conformément aux prescriptions de la loi organique n°9/91 du 26 septembre 1991 -adossée à la constitution de 1991- qui organise et encadre le fonctionnement de la Cour constitutionnelle de la transition.
Il y a là, besoin d’une séance de communication et d’explications plausibles de la part des nouveaux tenants du pouvoir, s’ils veulent non pas regagner l’estime, mais à tout le moins consolider le capital confiance acquis depuis le 30 août 2023 et faire la preuve qu’il y a encore et toujours « un commandant à bord du navire battant pavillon Gabon », en dépit de quelques fissures et fritures qui apparaissent çà et là sur le parcours.
Il est constant de faire remarquer en définitive que là où les lois et règlements convenus sont respectés, les divergences et défauts de gouvernance sont minimisés.
Jongler avec la loi ou l’appliquer à géométrie variable comporte toujours des conséquences improbables. «La loi est dure, mais c’est loi.»
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Gabon, suivez Africa-Press