Africa-Press – Gabon. Sur à peine 56 kilomètres, l’axe Bifoun-Ndjolé concentre aujourd’hui toutes les failles de la politique routière gabonaise: insécurité chronique, asphyxie économique et exaspération sociale. Face à ce qu’il qualifie de «calvaire» et d’«humiliation quotidienne», Dieudonné Minlama Mintogo sort du silence et interpelle frontalement le sommet de l’État. En appelant à mobiliser la Redevance de l’Usure de la Route, l’acteur politique transforme une route dévastée en test de crédibilité républicaine.
Il est des routes qui, par leur état, finissent par parler plus fort que les discours. L’axe Bifoun-Ndjolé, maillon vital de la Nationale 2, est aujourd’hui de celles-là. Sur une cinquantaine de kilomètres à peine, il concentre retards, dangers et renchérissements, jusqu’à incarner une forme d’échec collectif de la politique d’entretien routier. C’est ce constat sévère que vient cristalliser la sortie publique de Dieudonné Minlama Mintogo, publiée le 24 décembre 2025 sur ses réseaux sociaux.
D’emblée, le ton est donné. «La situation du tronçon routier Bifoun-Ndjolé est devenue insupportable pour nos populations et pour les opérateurs économiques», écrit-il, évoquant une «honte pour notre pays vis-à-vis des ressortissants des pays limitrophes» qui empruntent cet axe pour rallier Libreville. En quelques lignes, l’ancien candidat à la présidentielle de 2016 dépasse la seule question de l’infrastructure pour toucher à l’image et à la dignité nationales.
Une route, un calvaire, une exigence républicaine
Qualifié par les usagers de «route de l’enfer», le tronçon impose désormais 3 à 4 heures de trajet, au rythme des nids-de-poule, des affaissements et des embouteillages provoqués par les pannes ou les camions immobilisés. Cette lenteur imposée n’est pas anodine: elle accroît les risques d’accidents, épuise les usagers et renchérit chaque déplacement, au point que la route, censée relier les territoires, agit comme un facteur de pénalisation quotidienne.
Les replâtrages ponctuels ne trompent plus personne. Minlama Mintogo s’en indigne: «Des simples opérations de bouchages des nids de poules et de replâtrages des trous béants qui peuplent cet itinéraire ne peuvent plus se muer en solutions.» Et d’asséner cette formule centrale, appelée à faire date: «L’honneur de tout un peuple est bafoué. Mettre fin à cette humiliation quotidienne n’est plus une option mais une exigence républicaine !»
La RUR comme levier politique et budgétaire
Au-delà du diagnostic, l’acteur politique avance un mécanisme précis: «Je demande, solennellement, au Président de la République, Chef de l’État et Chef du gouvernement, de mettre à contribution la Redevance de l’Usure de la Route pour financer les travaux de reconstruction de ce tronçon.» Il rappelle que la RUR est «une taxe prélevée sur les prix des carburants pour financer l’entretien routier via le Fonds Autonome National d’Entretien Routier (FANER)».
Mais la charge devient plus lourde encore lorsqu’il interroge l’efficacité de cette collecte: «Les fonds collectés, évalués à plusieurs dizaines de milliards de francs CFA par an, ne semblent pas toujours se traduire par une amélioration visible du réseau.» Dès lors, l’axe Bifoun-Ndjolé apparaît comme un test de crédibilité pour l’exécutif: «C’est l’occasion pour l’État de faire œuvre utile en utilisant ces fonds, dont nous sommes tous contribuables, pour un intérêt collectif et national louable.»
Entre route techniquement morte, chantier enlisé et exaspération sociale, l’alerte de Minlama Mintogo fait de la RUR non plus un simple instrument fiscal, mais un marqueur de responsabilité publique.





