Africa-Press – Gabon. Face à l’absence de reconnaissance institutionnelle et au manque de suivi dont souffrent les web humoristes au Gabon, la créatrice de contenu Jess, alias Mister Colombo, a interpellé le ministre de la Culture dans une vidéo publiée le 6 décembre 2025. Tout en soulignant que les créateurs vivent à la sueur de leur front grâce à un travail autonome et exigeant, elle appelle à une meilleure valorisation de leur métier et à la mise en place d’un cadre capable de soutenir ces acteurs culturels qui participent au rayonnement du pays.
La vidéo publiée le samedi 6 décembre 2025, la créatrice de contenu et web humoriste gabonaise, Jess, également connue sous le nom de Mister Colombo, a lancé un appel appuyé au ministre de la Culture, dénonçant l’oubli dont seraient victimes les acteurs du numérique, humoristes, comédiens et créateurs de contenu. Cumulant près de 100 millions de vues sur ses plateformes, l’humoriste affirme pourtant ne bénéficier d’aucune reconnaissance officielle, d’aucune nomination, ni récompense, malgré son rôle croissant dans l’industrie culturelle gabonaise. «Nous sommes oubliés», un cri du cœur adressé au ministère. Dans son message direct au ministre, Jess exprime une frustration largement partagée parmi les créateurs de contenu gabonais: «Nous sommes oubliés… zéro award, zéro nomination, zéro récompense. Nous voulons juste savoir s’il y a une procédure à suivre».
Elle souligne que, contrairement à d’autres secteurs soutenus par leurs ministres respectifs, entrepreneurs, étudiants, élèves ; les acteurs culturels, et en particulier les web humoristes, ne semblent bénéficier d’aucun accompagnement institutionnel. La créatrice déplore également le manque de suivi des artistes émergents ou confirmés, citant des figures de la nouvelle génération comme Général Itachi ou Eje, ainsi que des comédiens plus anciens, tels que Dibaku, souvent confrontés à des situations économiques difficiles. Pour elle, «être artiste, humoriste ou créateur de contenu, c’est travailler pour le pays, au même titre qu’un fonctionnaire».
Un appel à la modernisation
L’une de ses propositions majeures porte sur la monétisation des réseaux sociaux au Gabon, une démarche déjà en place dans de nombreux pays. «Monétiser nos contenus ici au Gabon, ce serait une première en Afrique francophone. Cela nous permettrait de vivre dignement de notre travail sans dépendre uniquement de partenariats ou d’événements». En outre, elle rappelle que la création de contenu exige du temps, des compétences, de l’énergie et des moyens matériels. C’est donc, pour elle, un investissement souvent ignoré. À plusieurs reprises, elle insiste sur ce que représente réellement le métier de créateur de contenu: une activité exigeante, autodidacte et profondément ancrée dans la réalité gabonaise.
Contrairement aux idées reçues, ces créateurs vivent à la sueur de leur front, sans soutien régulier, sans structures de formation, ni espaces professionnels dédiés. Leur autonomie est une force, mais aussi une fragilité dans un environnement où les revenus restent instables et dépendants de la visibilité offerte par les plateformes.
Vers une solution collective?
Au-delà de son cri du cœur, il serait important de pencher la réflexion sur une coopération structurée. En effet, la création d’un collectif de créateurs de contenu, capable d’organiser des événements, de défendre leurs droits et de dialoguer de manière formelle avec le ministère de la Culture serait sans doute un premier pas vers l’autonomisation de ce métier. Pour mieux l’expliquer, c’est une approche qui pourrait faciliter l’accompagnement institutionnel, tout en valorisant davantage les initiatives locales et les talents numériques du pays.
Un message fort pour une nouvelle ère culturelle
À travers sa prise de parole, la créatrice de contenu met en lumière une réalité souvent négligée: celle où les créateurs de contenu jouent un rôle important dans la culture contemporaine et participent activement au rayonnement du Gabon. Leur donner une place, un cadre et une reconnaissance revient à soutenir une culture vivante, moderne et connectée.
Un appel que le ministère de la Culture pourrait transformer en opportunité pour construire un écosystème plus inclusif et dynamique et permettre enfin à ces artistes numériques de prospérer chez eux, sans craindre l’oubli.
Thécia Nyomba (Stagiaire)





