Africa-Press – Gabon. Symbole de l’art sculptural gabonais, la pierre de Mbigou bénéficie désormais d’une reconnaissance en indication géographique. Le projet de décret adopté ce lundi 29 décembre 2025 vise à préserver un savoir‐faire ancestral tout en dynamisant une filière artisanale en quête de structuration.
Le Conseil des ministres a adopté ce lundi un projet de décret portant reconnaissance de la pierre de Mbigou en indication géographique (IG), consacrant ainsi l’un des matériaux les plus emblématiques du patrimoine artisanal gabonais. Cette décision marque une étape majeure pour la protection, la valorisation et la transmission d’un savoir-faire ancestral profondément enraciné dans les communautés de Kango (Estuaire), Lambaréné (Moyen-Ogooué) et Mbigou (Ngounié).
Un matériau identitaire désormais protégé
Extraite exclusivement dans ces trois localités, la pierre de Mbigou est une stéatite tendre, poreuse et modelable, prisée depuis des générations par les sculpteurs gabonais. Sa texture douce, sa densité particulière et ses nuances allant du gris aux reflets verts ou grenat en font un matériau unique, recherché tant par les artisans que par les collectionneurs internationaux.
Selon plusieurs sources spécialisées, cette pierre a façonné une véritable école artistique gabonaise. À Libreville comme dans les ateliers de l’intérieur du pays, elle est transformée en statuettes, masques, bas-reliefs ou tableaux en 3D, devenant l’un des produits artisanaux les plus identifiés par les touristes et amateurs d’art africain.
Un patrimoine menacé, désormais mieux encadré
La reconnaissance en indication géographique vise à protéger juridiquement la pierre de Mbigou contre les contrefaçons, les extractions anarchiques et les circuits informels qui fragilisent la filière. Déjà en 2020, des artisans alertaient sur la raréfaction de la ressource et l’absence de mécanismes de régulation, évoquant une filière «sous assistance respiratoire» faute de structuration et de soutien institutionnel.
Avec ce décret, l’État entend désormais garantir une exploitation durable et contrôlée, renforcer la traçabilité du matériau, protéger les savoir-faire locaux et structurer une filière économique porteuse pour les communautés.
Un levier pour la valorisation économique et culturelle
Cette reconnaissance nationale s’inscrit dans une dynamique plus large de promotion du patrimoine gabonais. En novembre 2025, le Comité national des indications géographiques (CNIG) avait déjà validé la pierre de Mbigou comme produit à IG, ouvrant la voie à une potentielle inscription au patrimoine artisanal mondial.
Pour les artisans, cette décision représente un tournant. Elle pourrait notamment favoriser l’émergence de labels de qualité, l’accès à de nouveaux marchés, la montée en gamme des productions, la création d’emplois locaux dans l’extraction, la transformation et la commercialisation.
Un symbole culturel fort
Au-delà de son intérêt économique, la pierre de Mbigou demeure un marqueur identitaire puissant. Issue des montagnes Biroughou, au cœur de la Ngounié, elle porte une histoire, une géographie et un imaginaire collectif que les artistes gabonais continuent de réinventer. Chaque sculpture témoigne d’un lien profond entre la matière, la main et la mémoire.
Avec ce décret, le gouvernement affirme sa volonté de préserver ce patrimoine et de lui offrir une visibilité accrue, au Gabon comme à l’international.





