Brice Oligui Nguema, Nouveau Président du Gabon

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Brice Oligui Nguema, Nouveau Président du Gabon
Brice Oligui Nguema, Nouveau Président du Gabon

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Gabon. Prés de 920.000 électeurs gabonais se sont rendus aux urnes, dans la journée du samedi 12 avril, pour s’acquitter de leur devoir civique des élections présidentielles 2025, au cours desquelles le chef du coup d’État perpétré en août 2023, Brice Oligui Nguema, a cherché à consolider son emprise sur le pouvoir.

Le principal rival de Nguema était l’ancien Premier ministre sous le régime du président déchu Ali Bongo, à savoir Alain-Claude Bilie By Nze (57 ans).

Les résultats préliminaires de ces élections présidentielles au Gabon, annoncés par le ministre gabonais de l’Intérieur, Hermann Immongault, le dimanche 13 avril, ont fait état de la victoire du chef de la junte militaire Brice Oligui Nguema avec 90,35% des voix, consolidant ainsi son emprise sur le pouvoir, 19 mois seulement après le coup d’Etat (le huitième coup d’État en Afrique de l’Ouest et du Centre depuis 2020) qui a mis fin, finalement, à plus d’un demi-siècle de règne de la famille Bongo, un pays producteur de pétrole d’environ 2,5 millions d’habitants.

Le principal rival de Nguema dans la course à la présidence, notamment Claude Bilie By Nze, n’a récolté quant à lui que 3,02 % du total des voix.

Selon le ministère de l’Intérieur le taux de participation a atteint 70,40 %, soit un taux nettement supérieur aux 56,65 % enregistrés lors des élections d’août 2023, au cours desquelles le président déchu Ali Bongo fût déclaré vainqueur d’un troisième mandat. Cependant, l’opposition avait dénoncé le processus comme « frauduleux », ce qui avait conduit à un coup d’État immédiatement après l’annonce des résultats.

Ainsi, en vertu de la constitution approuvée en novembre dernier, la victoire électorale de Nguema, qui occupait temporairement le poste de chef du gouvernement depuis qu’il a dirigé le coup d’État en tant que général de l’armée lui accorde un mandat de sept ans, renouvelable une fois.

• Liste des candidats à l’élection présidentielle

Les 8 candidats retenus et ayant participé à la présidentielle au Gabon sont:

1. Brice Clotaire Oligui Nguema: 90,35 %

2. Claude Bilie By Nze: 3,02 %

Les six autres candidats ci-après énumérés n’ont pas dépassé les 1%:

3. Joseph Lapensée Essigone: 0,56 %

4. Zenaba Gninga Chaning: 0,38 %

5. Stéphane Germain Iloko: 0,33 %

6. Alain Simplice Boungoueres: 0,17 %

7. Axel Stophène Ibinga Ibinga: 0,13 %

8. Thierry Yvon Michel Ngoma: 0,09 %

• Comment le président élu avait mené sa campagne électorale?

Durant la campagne électorale, Brice Oligui Nguema a parcouru le Gabon coiffé d’une casquette de baseball portant le slogan « Construire ensemble » et se présentant comme un agent de changement s’attaquant à la vieille garde corrompue de l’ancien régime.

Il a prédit une « victoire historique » aux élections, en insistant sur le fait que: « Le bâtisseur est là, le candidat distingué que vous avez choisi », a-t-il déclaré jeudi au milieu d’une ambiance en musiques et danses à la fin de sa campagne dans la capitale, Libreville.

Il s’est engagé à diversifier l’économie dépendante du pétrole et à stimuler l’agriculture, l’industrie et le tourisme dans un pays où un tiers de la population vit dans la pauvreté.

Dans ce contexte, les investisseurs ont suivi de prés les élections pour voir si le Gabon, qui dispose de 3 milliards de dollars d’euro-obligations en circulation, réaffirmerait ses références démocratiques en organisant des élections « équitables » et transparentes, sachant que, selon la Banque mondiale, l’économie du Gabon aurait connu une croissance de 2,9 % en 2024, contre 2,4 % en 2023, grâce en partie aux projets d’infrastructures et aux matières premières telles que le pétrole, le manganèse et le bois.

Les observateurs locaux ont jugé le processus électoral satisfaisant dans la plupart des bureaux de vote surveillés, et les médias locaux ont rapporté à leur tour que le président de transition a remporté la grande majorité des voix.

• Une satisfaction dévoilée au sein du peuple gabonais

« Dieu n’abandonne pas son peuple », a déclaré le président élu devant ses partisans réunis au quartier général de sa plateforme de soutien, le Rassemblement des Bâtisseurs, peu après l’annonce des résultats.

« Je tiens à saluer la maturité du peuple gabonais », a-t-il ajouté, appelant chacun à attendre la proclamation des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle pour « célébrer la victoire ».

Dans le sillage de cette satisfaction, les opposants de Nguema, à commencer par Alain-Claude Bilie By Nze, l’accusent, au vu de ses fonctions passées auprès des Bongo, d’incarner la continuité du système et de vouloir confisquer le pouvoir, qu’il avait promis de rendre aux civils.

« Contrairement aux précédents scrutins de 2016 et 2023, marqués par des tensions et des contestations, le climat qui a prévalu durant cette journée électorale s’est révélé remarquablement serein », a estimé le site d’actualité gabonais en ligne Gabon mail infos.

Chose inédite, les médias privés et étrangers ont été autorisés à filmer le dépouillement, et des observateurs internationaux ont mené des constats toute la journée à travers le pays, sans noter d’incident majeur.

Selon Lynda Nzah Bekale, la porte-parole du Réseau des observateurs citoyens (ROC) gabonais, qui rassemble des membres de la société civile, les élections « se sont vraiment bien passées ».

« Il y a eu un bel engouement de la population à aller voter, mais particulièrement il y avait du calme », a-t-elle assuré dimanche soir aux médias, tout en notant « qu’il y a eu des bureaux où on n’a pas permis aux observateurs d’y accéder », des incidents jugés « minoritaires ».

• L’avenir du Gabon à l’issue de la victoire de Nguema

L’avenir du Gabon après la victoire du général Brice Oligui Nguema à ces élections présidentielles soulève de nombreuses questions et défis, notamment à la lumière des transformations politiques et économiques que connaît le pays.

Voici une analyse de la scène basée sur les dernières informations disponibles:

1. Renforcer l’autorité et la légitimité politiques

Les résultats préliminaires de l’élection présidentielle du 13 avril 2025 ont montré que le général Brice Oligui Nguema a gagné avec 90,35 % des voix, consolidant son emprise sur le pouvoir, 19 mois après le coup d’État qui a renversé l’ancien président Ali Bongo Ondimba.

Le taux de participation a atteint 70,40 %, soit un taux supérieur à celui des élections controversées de 2023, ce qui pourrait être utilisé comme un outil pour renforcer sa légitimité au niveau national et international.

2. Défis économiques et sociaux

Nguema a promis de diversifier l’économie dépendante du pétrole et de stimuler des secteurs tels que l’agriculture, l’industrie et le tourisme, dans un pays où un tiers de la population vit dans la pauvreté, mais le défi est de garantir que la population bénéficie de la croissance.

3. Relations internationales et pressions extérieures

Contrairement à d’autres coups d’État dans la région (comme au Niger et au Mali), le coup d’État au Gabon n’a pas démontré d’hostilité claire envers la France, et il existe même des indications de relations continues avec Paris.

Washington et l’Union européenne ont exprimé quant à eux leur inquiétude face au coup d’État, mais ont également mis l’accent sur les irrégularités des élections précédentes qui ont ouvert la voie à ce coup d’État.

4. La scène politique interne

L’opposition gabonaise, qui a dénoncé la fraude électorale de 2023, est désormais confrontée à un régime militaire autoritaire, notamment après la victoire écrasante de Nguema.

La constitution de novembre 2024 accorde à Nguema un mandat de 7 ans, renouvelable une fois, ce qui pourrait prolonger son règne.

5. L’avenir de la démocratie et de la stabilité

Nguema s’est engagé à organiser des élections équitables pendant la période de transition, mais l’absence d’un calendrier clair a soulevé des doutes sur ses intentions.

A noter que l’histoire des coups d’État en Afrique montre la difficulté d’un retour rapide à un régime civil, comme cela s’est produit dans des pays comme le Mali et le Burkina Faso.

• Qu’attendent les Gabonais de Nguema après sa victoire?

Après avoir remporté l’élection présidentielle avec plus de 90% des voix, le général Brice Oligui Nguema a fait plusieurs promesses au peuple gabonais, notamment l’amélioration de l’économie et des conditions de vie et la lutte contre la corruption. Ces problèmes ont alimenté le mécontentement populaire à l’égard du régime de la famille Bongo.

Le président élu n’aura aucune difficulté à apprendre les secrets du Palais d’or de la capitale, Libreville, après avoir vécu dans ses couloirs pendant des années de prospérité lorsqu’il était assistant militaire de l’ancien président Omar Bongo entre 2005 et 2009, car depuis l’époque des Bongo père et fils jusqu’au coup d’État, le général Nguema était influent au palais présidentiel et aujourd’hui, en vertu de la Constitution, il a le dernier mot sur tous les ordres et décrets émis en son sein.

-/- Des engagements

Le président élu devra tenir ses promesses de campagne visant à diversifier l’économie dépendante du pétrole et à éliminer la corruption.

Pour tenir ces promesses, le général devra faire face à des contraintes difficiles, notamment celle de rompre les liens avec les administrations et les personnalités avec lesquelles il a travaillé auparavant, qui étaient responsables de la propagation de la corruption et du gaspillage des richesses du Gabon.

Immédiatement après l’annonce des résultats des élections, Anguema a démontré son engagement à travailler avec diligence pour remplir ses engagements. Dans son discours de victoire dimanche dernier, il a déclaré: « Nous n’avons pas le temps. Demain, lundi, c’est jour d’action. Notre pays est en construction, et nous devons faire des efforts. »

-/- Des espoirs

Les citoyens gabonais espèrent que ces élections marqueront une rupture décisive avec les pratiques des années précédentes, durant lesquelles la famille Bongo a monopolisé le pouvoir pendant cinq décennies et accaparé une grande partie des ressources du pays.

De nombreux observateurs ont exprimé leur satisfaction quant aux récentes élections, caractérisées par la sécurité et le calme, contrairement aux élections de 2016 et 2023, où l’accès à Internet avait été coupé et où le pays avait connu des vagues de violence et de troubles, conduisant parfois les forces de sécurité à tirer à balles réelles pour disperser les manifestants.

Les partisans du nouveau président espèrent qu’il continuera à lutter contre les gains illicites et à enquêter sur les individus corrompus dont il a ouvert les dossiers après son coup d’État du 30 août 2023.

« Les Gabonais croient que quelqu’un avec un tel enthousiasme peut apporter le changement », a déclaré le Dr Joseph Tdonda, professeur de sociologie à l’Université Omar Bongo de Libreville, cité par Reuters.

Sans oublier que parmi les principaux piliers du programme du président élu il y a la diversification économique, sachant que le pays étant dépendant du pétrole, le président élu estime qu’il faudrait aller vers d’autres minerais qui pourraient accélérer la machine industrielle et booster l’emploi, dont en particulier le fer, l’or, mais aussi des secteurs tels que le tourisme (avec la construction d’hôtels) et l’agriculture, le tout avec un accent grave sur la transformation locale. Ce qui implique du business à venir pour les entreprises.

-/- Des préoccupations

Selon les analystes, la principale préoccupation est de savoir si le président abandonnera la génération de la famille Bongo et rompra complètement avec le passé et ses pratiques négatives.

Rogers O’Rourke, expert du Gabon au Lafayette College aux États-Unis, estime que les craintes à l’égard du régime deviennent claires lorsque l’on considère qu’il s’agit d’un vieux régime autoritaire dans une nouvelle bouteille.

Nguema a fait l’objet de critiques concernant sa richesse et ses ressources financières, le Crime and Corruption Reporting Project l’accusant d’avoir acheté des biens immobiliers en espèces aux États-Unis en 2015.

Interrogé sur les sources de sa richesse, il n’a pas nié les accusations portées contre lui, affirmant qu’il préférait qu’on respecte sa vie privée.

Pour les partenaires étrangers, notamment la France, le nouveau président du Gabon se distingue des dirigeants de juntes militaires d’autres pays africains, et il n’y a aucune inquiétude à avoir à traiter avec lui. Il a promis de maintenir les liens étroits et historiques entre Libreville et Paris après son arrivée au pouvoir.

• Les priorités de Nguema

Ce septennat s’ouvre avec une idée forte, une idée claire: le Gabon doit devenir le laboratoire d’excellence de l’économie verte sur notre continent. Pas demain. Aujourd’hui. Et ce n’est pas une ligne perdue dans un discours. C’est le cœur battant du projet de société du président élu.

Il importe de rappeler que le président gabonais élu a dévoilé plusieurs priorités pour son mandat, centrées sur la relance économique, les réformes institutionnelles et l’amélioration des conditions de vie des Gabonais, dont voici les principaux axes:

1. Réformes institutionnelles et consolidation démocratique

2. Relance économique et diversification

3. Amélioration des services sociaux

4. Environnement et économie verte

5. Inclusion politique et réconciliation nationale

Ces priorités reflètent une volonté de rupture avec l’ère Bongo, tout en s’appuyant sur des réformes structurelles pour répondre aux attentes des Gabonais, notamment en matière d’emploi et de justice sociale.

Le Gabon doit conjuguer urgence humanitaire (jeunesse marginalisée, éducation) et réformes structurelles (gouvernance, économie). La réussite dépendra de la transparence politique et de l’inclusion des jeunes dans les solutions.

En conclusion, on peut affirmer que l’avenir du Gabon dépend de la capacité d’e Nguema à tenir ses promesses de réformes, à équilibrer les relations internationales et à contenir l’opposition nationale. Bien que sa victoire renforce sa position politique, d’importants défis économiques et sociaux demeurent, notamment dans un contexte où les Gabonais cherchent à améliorer leurs conditions de vie après des décennies de règne de la famille Bongo.

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