Africa-Press – Gabon. Clôturé ce 12 décembre 2025 à Libreville, l’atelier régional de formation sur la méthodologie d’élaboration des statistiques du bilan alimentaire, organisé dans le cadre du projet HISWACA, a réuni experts nationaux, institutions techniques et partenaires pour poser les bases d’un système harmonisé d’informations alimentaires en Afrique centrale. L’objectif: doter les États de la Cemac d’outils fiables pour anticiper les déficits, renforcer la sécurité alimentaire et améliorer la planification publique. Mais derrière les ambitions affichées, demeurent les enjeux de gouvernance, de coordination interinstitutionnelle et de mise en œuvre réelle des feuilles de route adoptées.
Durant cinq jours, Libreville a ainsi accueilli un concentré d’enjeux techniques et politiques réunis autour d’un même sujet. Entre exposés méthodologiques, sessions pratiques et discussions parfois musclées sur la fiabilité des données nationales, l’atelier a fait office de laboratoire régional où se mêlaient les attentes des États, les exigences des partenaires et la nécessité pressante de répondre aux vulnérabilités alimentaires de la zone Cemac. Dans un contexte marqué par des importations croissantes, des systèmes statistiques fragiles et une pression démographique soutenue, les participants ont tenté de tracer les contours d’une réponse collective fondée sur les faits.
La semaine de travaux, ouverte le 8 décembre, aura permis aux experts des États membres de la Cemac d’examiner les fondements méthodologiques des bilans alimentaires, considérés comme « un instrument fiable pour suivre les disponibilités nationales, anticiper les déficits, évaluer la consommation et planifier les importations de manière rationnelle », selon le commissaire en charge des politiques économiques, monétaires et financières, Nicolas Beyeme Nguema, qui a déclaré clos les travaux. Pour lui, « la thématique qui nous a réunis revêt une importance particulière… assurer la sécurité alimentaire pour tous », rappelant l’appui technique déterminant d’Afristat et l’implication de partenaires tels que la Banque mondiale, la FAO et l’OMS.
Au cœur des travaux figurait un volet technique dense: compréhension approfondie du cadre conceptuel, analyse des composantes du bilan (production, commerce extérieur, pertes, transformation), manipulation de l’application Shiny-FBS développée par la FAO, et exercices sur données réelles. « Cet atelier a été très fructueux », a résumé Madior Fall, conseiller technique du DG d’Afristat, soulignant qu’« en dehors du fait que les participants se sont appropriés la méthodologie, on a pu dresser des feuilles de route pour chaque pays ». Dès janvier 2026, des groupes techniques nationaux seront mis en place pour entamer la collecte de données, pierre angulaire du processus.
Pour Roland Marc Lomtchi, directeur statistique de la Cemac et coordonnateur du projet HISWACA, l’initiative marque un tournant stratégique: « La sécurité alimentaire est une priorité… et on ne saurait faire ce genre de planification sans disposer de statistiques fiables et harmonisées ». Il rappelle que l’atelier a permis « d’identifier l’ensemble des sources de données exploitables au niveau national » et « d’élaborer des feuilles de route nationales pour une production régulière des bilans alimentaires ».
Afristat, partenaire central de la démarche, insiste sur la continuité du travail à accomplir. « Le travail ne fait que commencer », a prévenu l’un de ses représentants, estimant que cet atelier n’était « qu’un préalable pour qu’on puisse tous travailler ensemble pour produire des statistiques de qualité ».
La Commission de la Cemac, pour sa part, s’est engagée à assurer « la poursuite de l’accompagnement technique », « l’institutionnalisation de la production annuelle du bilan alimentaire » et « la préparation d’un système régional intégré d’information sur la sécurité alimentaire ». Autant de promesses qui, si elles se concrétisent, pourraient transformer un exercice méthodologique en véritable outil de souveraineté alimentaire.





