Africa-Press – Gabon. À la suite de la prestation de serment du président Brice Clotaire Oligui Nguema, le gouvernement dirigé par Raymond Ndong Sima a officiellement démissionné. Alors que l’exécutif sortant expédie les affaires courantes, les attentes sont fortes autour de la formation du tout premier gouvernement de la nouvelle République. Entre maintien de figures de la transition, possibles retours de militaires et interrogations sur les choix stratégiques à venir, le chef de l’État est désormais au pied du mur.
Conformément à l’article 74 de la Constitution gabonaise qui stipule que «les fonctions de membre du gouvernement cessent à l’issue de la prestation de serment du président de la République», le gouvernement dirigé par Raymond Ndong Sima a présenté sa démission à l’issue de l’investiture de Brice Clotaire Oligui Nguema. Tenue le 3 mai, cette cérémonie solennelle marque officiellement l’entrée en fonction du nouveau chef de l’État. Comme le veulent les usages républicains, Brice Clotaire Oligui Nguema a accepté cette démission.
Si, l’article 74 de la loi fondamentale précise également que «le gouvernement assure l’expédition des affaires courantes jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement», la formation d’un nouvel exécutif devrait intervenir rapidement, d’autant plus que, selon l’article 44 de la Constitution, «le mandat du président de la République débute le jour de sa prestation de serment». La nouvelle loi fondamentale introduit d’importantes modifications dans l’architecture du pouvoir exécutif et établit désormais que «le président de la République est le chef du gouvernement. Il est assisté d’un vice-président du gouvernement qui assure la coordination de l’action gouvernementale».
Oligui Nguema face à ses choix
Il s’agit ici d’un vice-président du gouvernement, institution distincte du vice-président de la République tel qu’évoqué dès l’article 48 de la Constitution, et surtout différente du poste de Premier ministre, officiant auparavant comme chef du gouvernement. L’article 69 de la Constitution dispose que «le président de la République nomme les membres du gouvernement», avec une précision importante sur les conditions d’éligibilité: «ne peuvent être membres du gouvernement que les Gabonais des deux sexes, nés de père ou de mère gabonais, âgés de trente (30) ans au moins et jouissant de leurs droits civils et politiques». De fait, les Gabonais naturalisés ou ayant acquis la nationalité sont exclus des fonctions gouvernementales.
Ce rappel constitutionnel, alors que le débat ressurgit, vient clarifier la position de la loi et place le président Oligui Nguema face à ses choix. Dans un contexte de fortes attentes, les regards sont désormais tournés vers lui, notamment pour la composition de son tout premier gouvernement sous cette nouvelle République. Ce, d’autant plus que lors de son discours d’investiture, il a lui-même évoqué les urgences auxquelles il compte s’attaquer rapidement. Reste à savoir qui prendra la tête de la vice-présidence du gouvernement. Les membres de l’équipe de la transition sont-ils reconduits?
Sous le regard des Gabonais en quête de renouveau
Une chose semble déjà certaine: Adrien Nguema Mba, ministre du Travail et récemment nommé délégué spécial en charge de la gestion de la commune de Libreville, ne fera pas partie de la future équipe. Au-delà de cette exception, c’est toute la nation (ou presque) qui s’interroge sur l’identité des prochains piliers du pouvoir exécutif et les orientations que Brice Clotaire Oligui Nguema imprimera à son mandat. De nombreuses questions demeurent pour ainsi dire. Les figures issues des forces de défense, comme Ulrich Manfoumbi Manfoumbi ou Bonjean Rodrigue Mbandza, retourneront-elles en caserne ou troqueront-elles définitivement leurs uniformes pour s’installer durablement dans la sphère politique?
Le nouveau gouvernement inclura-t-il des personnalités démises de leurs fonctions dans le cadre du dernier communiqué du Comité pour la transition et la restauration des instituions (CTRI)? Oligui Nguema affichera-t-il une volonté d’ouverture en intégrant ses challengers à la présidentielle prets à travailler avec lui ou mettra-t-il en branle une stratégie d’équilibre politique? Il devra en tout cas, opérer des choix cruciaux, sous le regard attentif d’une population en quête de renouveau et de stabilité. Mais surtout, être à la hauteur des attentes encore vives et profondes des 94,85% d’électeurs qui lui ont accordé leur confiance le 12 avril 2025.
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