Recrutement Illégal d’Olam de Dolisie à Mouila

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Recrutement Illégal d'Olam de Dolisie à Mouila
Recrutement Illégal d'Olam de Dolisie à Mouila

Africa-Press – Gabon. L’affaire aurait pu passer inaperçue si elle n’avait mis en lumière un possible recours à une main-d’œuvre étrangère clandestine par une entreprise sous-traitante d’Olam, géant de l’agro-industrie présent dans le sud du Gabon. Une enquête de gendarmerie ouverte à Moulengui-Binza, dans la province de la Nyanga, met en cause un réseau de recrutement illégal impliquant des ressortissants congolais.

Tout est parti d’une interpellation anodine dans la soirée du samedi 3 mai 2025. Ce jour-là, les gendarmes de la brigade de Moulengui-Binza arrêtent un jeune homme à l’allure discrète dans les environs du village de Douki, à plus de 50 kilomètres de leur caserne. L’individu s’appelle Christ Makoundji, 23 ans, ressortissant de la République du Congo et originaire de Pointe-Noire. Rapidement placé en garde à vue, le jeune homme va livrer un récit troublant.

Employé depuis un an sur le site agricole de Fera, propriété d’Olam, Christ Makoundji affirme avoir agi à la demande expresse de son supérieur hiérarchique, un certain Souleymane Abdoulaye. Ce dernier dirige la société Nasbi Service Agricole, prestataire de services pour la multinationale singapourienne. Sa mission: se rendre à Dolisie pour recruter huit jeunes compatriotes congolais.

Selon sa déposition, le groupe quitte Dolisie le 30 avril en direction de Banda, un district congolais situé à la frontière du département gabonais de Mongo. Le 1er mai, aux premières heures du matin, les recrues empruntent une piste clandestine surnommée «Si-Mouzabak», les menant jusqu’au village de Dilemba vers 16 heures. Après une brève halte, ils reprennent leur route à la tombée de la nuit, espérant rallier Moulengui-Binza avant minuit, ultime étape avant leur acheminement vers Mouila, où les attendait leur supposé employeur.

Mais l’opération vire à l’échec. Alerté par une source anonyme, le commandant de brigade de Moulengui-Binza mobilise ses hommes pour intercepter les clandestins. Une chasse s’organise dans les plaines environnantes, avec pour seul indice les pistes empruntées par les migrants. À 21 heures, les forces de l’ordre retrouvent finalement le groupe caché dans un bosquet, au cœur du village de Douki.

Les huit jeunes hommes, tous de nationalité congolaise, sont appréhendés sans résistance. Faute de place dans les cellules de la prison centrale de Tchibanga, déjà saturée, l’autorité judiciaire ordonne leur refoulement immédiat. Quant à Christ Makoundji, considéré comme le passeur principal, il demeure en garde à vue en attendant son transfert devant le procureur de la République près le tribunal de Tchibanga, qui devrait ensuite saisir son homologue de Mouila, lieu présumé de destination de cette main-d’œuvre illégale.

Ce n’est pas la première fois que la brigade de Moulengui-Binza déjoue des opérations d’entrée illégale sur le territoire gabonais. Depuis plusieurs mois, elle mène une lutte constante contre l’immigration clandestine, notamment en provenance des deux Congo. Mais le cas présent interpelle par l’implication indirecte d’une société d’envergure internationale opérant au Gabon, à travers une chaîne de sous-traitance peu contrôlée.

À ce stade de l’enquête, une question dérangeante demeure: la direction locale d’Olam était-elle informée de ces méthodes de recrutement pour le moins douteuses? Contactée officieusement, une source proche du dossier évoque «un possible excès de zèle d’un sous-traitant», sans pour autant écarter l’hypothèse de consignes officieuses.

Les jeunes hommes interpellés ont été identifiés comme suit:

Franscky Missie Mabiala, né le 28 août 1999 à Dolisie

Rosli Mourabiganou Ndzassi, né le 27 mai 2007

Pladelle Kibaya Mouebo, né le 4 avril 1997 à Kibangou

Jean Loubaki Ngaya, né le 15 avril 1983

Landreche Ngono, né en 2002 à Zanaga

Gacil Ngodo Ngodo, né le 10 mai 2004 à Tchibanga

Francis Pambou Tchatcha, né le 31 décembre 2002 à Dolisie

Batis Fervant Gnangoula, né le 28 novembre 1982 à Komono

L’affaire, désormais entre les mains de la justice, pourrait marquer un tournant dans le contrôle des pratiques de sous-traitance au sein des entreprises agricoles opérant au Gabon. En attendant, la brigade de Moulengui-Binza, elle, poursuit sa traque silencieuse contre les filières informelles de main-d’œuvre.

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