Africa-Press – Gabon. Dans un entretien exclusif accordé à Jeune Afrique, Ali Bongo fait preuve d’une détermination inébranlable. Retranché dans sa résidence privée de La Sablière à Libreville, il rejette fermement les accusations visant son épouse et son fils incarcérés, campe sur ses positions, assure avoir gagné la dernière présidentielle et refuse de partir sans sa famille. Une sorte d’inflexibilité face à l’adversité.
Marwane Ben Yahmed, de Jeune Afrique, s’est entretenu avec l’ancien président gabonais, Ali Bongo Ondimba (ABO), le 10 mai dernier, peu avant qu’il ne soit question de grève de la faim. Le Directeur de publication de Jeune Afrique a ainsi pu visiter la résidence ultra-sécurisée d’ABO dans le quartier huppé de La Sablière, où l’ancien président vit avec difficulté depuis son AVC. «ABO, handicapé mais sans canne, se déplace avec difficulté, refusant cependant toute aide», rapporte Ben Yahmed. Malgré sa situation précaire, le fils d’Omar Bongo demeure lucide et se souvient de leurs précédentes rencontres.
Situation de Sylvia et Noureddin
ABO proteste contre la «séquestration, les actes de torture et de barbarie infligés à [sa] famille», en particulier à sa femme Sylvia et à son fils Noureddin, incarcérés depuis la prise de pouvoir par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) le 30 août 2023.
Il y a en effet que justifiant leur démarche par le fait qu’Ali Bongo, Sylvia, et leurs fils, Noureddin et Jalil, sont ressortissants français, les avocats français d’ABO ont déposé, le 14 mai dernier, une plainte avec constitution de partie civile au tribunal judiciaire de Paris. Ils accusent plusieurs représentants du CTRI des faits protestés ci-dessus par Ali Bongo.
Responsabilité, malversations, élections «gagnées»
Evoquant la nuit fatidique où les militaires sont venus le déloger, Ali Bongo affirme avec fermeté: «Les élections, nous les avons gagnées ! Maintenant, j’ai bien compris que j’ai été victime d’un coup d’État et que c’est fini pour moi. Je ne cherche pas à revenir, contrairement à ce que certains pensent», rapporte Jeune Afrique.
Malgré les propositions du CTRI de quitter le pays, l’ex-président refuse catégoriquement, déclarant: «Je ne partirai jamais sans Sylvia et Noureddin, ce n’est même pas un sujet de discussion.»
Rejetant les accusations de malversations portées contre son épouse et son fils, Ali Bongo Ondimba se montre combatif: «C’est n’importe quoi. Aucune décision n’a été prise sans mon aval, ni aucune nomination d’ailleurs.»
S’il reconnaît certaines erreurs durant ses mandats, notamment une «confiance aveugle» accordée à des personnes délictueuses, l’ancien chef d’État n’a exprimé aucun regret quant à sa gouvernance. «Je n’ai pas dirigé ce pays seul. Certains de ceux qui sont aux affaires aujourd’hui et qui me vilipendent ont travaillé avec moi. N’ont-ils rien à se reprocher ?» interroge-t-il avant d’assener: «Les Bongo sont responsables de toutes les vicissitudes du Gabon ?Très bien, nous verrons s’ils feront mieux.»
Acrimonie avec Oligui
Selon Marwane Ben Yahmed, le 3ème président de l’histoire du Gabon «a refusé de signer une lettre de démission et d’entériner la cession de ses biens supposés mal acquis. Et, s’il a fait savoir à plusieurs reprises qu’il souhaitait avoir une entrevue avec son tombeur, Brice Clotaire Oligui Nguema, il dit aujourd’hui ne plus être demandeur. Il craint même, dit-il, de ne pouvoir contenir son acrimonie en présence de celui qui fut son protecteur.»
Selon Ben Yahmed, ABO reste déterminé à obtenir justice pour sa famille, en vue de la libération de Sylvia et Noureddin, même au prix de sa propre santé.
Source: Jeune Afrique en ligne – 27 mai 2024
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