Africa-Press – Gabon. Jamais processus électoral n’a été autant critiqué au Gabon. Alors que le Cendre gabonais des élections (CGE) a récemment présenté le calendrier de ce scrutin, des voix s’élèvent dans le landerneau politique national pour relever des incohérences. Pour l’ancien Premier ministre, Raymond Ndong Sima, «certaines anomalies sautent aux yeux de tous et il n’est pas nécessaire de saisir les juridictions pour s’en rendre compte. L’ordonnancement du processus électoral 2023 est au minimum bancal et en tout état de cause illogique. «Il préfigure de lendemains électoraux tumultueux», a-t-prévenu.
L’ex-Premier ministre, Raymond Ndong Sima, candidat déclaré à la prochaine présidentielle est on ne peut plus critique par rapport au processus électoral en cours. Il l’a fait savoir, le 11 juillet, dans une tribune sur Facebook, à travers lequel, il indique que «nous sommes tous témoins du cafouillage qui précède les élections annoncées le 26 août prochain». Ce, non sans souligner notamment que «certaines anomalies sautent aux yeux de tous» et que «l’ordonnancement du processus électoral 2023 est au minimum bancal et en tout état de cause illogique».
Les Gabonais devront passer aux urnes pour les élections générales dont la présidentielle le 26 août prochain. Si le calendrier électoral fixait notamment au 11 juillet la date limite de dépôt de candidature, cette dernière a été prorogée au 18 de ce même mois. Pour l’opposition, tout cela va à l’encontre du Code électoral puisque les listes électorales n’ont pas encore été publiées.
Raymond Ndong Sima, en observateur averti de la politique gabonaise, rappelle que la date buttoir de la présidentielle était connue depuis septembre 2016. «Pourtant rarement une élection a été aussi mal préparée dans notre pays», fait-il remarquer. «C’est à ce point que les lois et les décrets continuent à subir des modifications à quelques semaines d’un scrutin auquel on veut à tout prix tordre le cou», a-t-il dénoncé dans sa tribune.
Il s’appuie par exemple sur la loi 7/96 établissant que l’Assemblée plénière du CGE est l’organe qui gère l’élection. «A ce titre, l’article 13 de cette loi stipule que cette Assemblée est constituée des représentants des partis politiques qui ont un candidat à cette élection, des représentants des candidats indépendants pour l’élection présidentielle, du bureau du CGE ainsi que des représentants de certains ministères».
Il s’interroge alors sur le fait qu’on ait pu inviter les factions (Majorité-Opposition) à désigner des représentants à l’Assemblée plénière alors que les partis qui les composent n’avaient pas encore indiqué leur intention de prendre part à cette élection et donc n’avaient pas produit la preuve de leur intérêt à agir.
A l’analyse, l’ancien patron de l’administration gabonaise fait noter que cela laisse «la porte ouverte à des transactions commerciales avec des membres désignés de l’Assemblée plénière sur la base de rapports de force au sein des factions (Majorité-Opposition), de rapports de copinage mais loin de la représentativité des candidats qui ont effectivement déposé un dossier de candidature à l’élection présidentielle annoncée».
Ce qui l’amène encore à se demander «pourquoi certains peuvent-ils avoir des représentants à une instance pour s’assurer que leurs intérêts sont bien pris en compte et d’autres pas, alors que tous paient la même caution ?».
«Agir ainsi n’est-ce pas introduire un facteur de discrimination entre les citoyens et créer les conditions de la contestation en plus de toutes les autres anomalies déjà observées ? Pourquoi n’a-t-on pas commencé par la manifestation d’intérêt à cette élection qui aurait légitimé la présence des représentants des candidats au sein de l’assemblée plénière et écarté des gens qui n’ont pas leur place dans cette instance ? Où est le bon sens de l’ordonnancement actuel ?», interroge l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2016.
Si cet économiste et ancien chef du gouvernement relève ces imperfections, pour le pouvoir par contre, le processus électoral est plutôt sur les rails, invoquant, entre autres, le renouvellement du CGE conformément à la Constitution, la révision des listes électorales.
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