Femmes Meilleures Contrôleuses du VIH Que Hommes

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Femmes Meilleures Contrôleuses du VIH Que Hommes
Femmes Meilleures Contrôleuses du VIH Que Hommes

Africa-Press – Gabon. Face au virus du Sida, les femmes sous traitement sont plus performantes pour verrouiller le virus caché dans leurs cellules que les hommes, conclut une nouvelle étude publiée dans la revue Science Translational Medicine. Une capacité qui proviendrait de leurs réponses immunitaires innées (de première ligne) plus fortes que celles des hommes.

Des réservoirs viraux « verrouillés »

Après infection, le virus du VIH est capable de se cacher dans l’ADN des cellules immunitaires de l’hôte. Ce sont ces réservoirs dormants, appelés provirus, qui rendent le virus si difficile à éliminer définitivement. « Les réponses immunitaires plus fortes chez les femmes exercent une pression sélective plus importante sur le VIH, de sorte qu’au fil du temps, seuls les provirus insérés dans des régions répressives et moins actives de l’ADN ont tendance à persister », explique à Sciences et Avenir le chercheur Toon Seng Tran, premier auteur de ces nouveaux travaux. En clair, le système immunitaire des femmes, particulièrement performant sur la réponse innée de première ligne par rapport à celui des hommes, parvient à mieux reconnaitre et supprimer les cellules infectées à risque de réémergence du virus. Subsistent alors en majorité les cellules dans lesquelles les provirus sont « verrouillés » (« blocked and locked » en anglais) car intégrés dans une région inaccessible de l’ADN.

Ces résultats ont été obtenus grâce à l’analyse génétique en profondeur de 4073 provirus récoltés chez 30 femmes et 35 hommes, tous infectés par le VIH et sous traitement antirétroviral depuis une médiane de 20 ans. « Cette technologie nous permet de cartographier des séquences quasi complètes du VIH ainsi que leurs sites d’intégration exacts dans le génome humain. C’est de là que sont nés les résultats véritablement révélateurs », explique Toon Seng Tran. L’équipe découvre que les cellules des femmes contiennent 8,7 fois plus de provirus entiers identiques, des clones intacts, que chez les hommes. « Pourquoi cela se produit-il? Une hypothèse est que ces provirus se trouvent dans des parties ‘silencieuses’ du génome humain, des zones où les gènes ne sont pas très actifs. À ces endroits, le virus peut être moins visible pour le système immunitaire, ce qui permet à certains clones de survivre et de se développer au fil du temps au lieu d’être éliminés », interprète le chercheur.

Les femmes sont de meilleures contrôleuses du virus

Ce profil unique de réservoir du VIH, constitué majoritairement de clones verrouillés, a été décrit pour la première fois chez les contrôleurs d’élite, des individus rares qui peuvent maintenir des niveaux viraux indétectables sans traitement antirétroviral. « Nos résultats correspondent aux observations précédentes selon lesquelles les femmes sont quatre fois plus susceptibles d’être des contrôleuses d’élite sans ou post-traitement, ainsi qu’aux études faisant état d’un rebond viral retardé chez les femmes après l’interruption du traitement », raisonne Toon Seng Tran. Ces réponses immunitaires identifiées chez les femmes « sont probablement médiées par des cellules immunitaires innées, telles que les cellules dendritiques et les cellules tueuses naturelles (NK) », ajoute le chercheur. Ces globules blancs sont capables de reconnaitre les agents infectieux et cellules infectées pour mener à leur destruction. L’équipe espère identifier les mécanismes exacts responsables de ces réservoirs verrouillés afin de s’en servir dans des stratégies de traitement du VIH.

Pour autant, les femmes ne sont pas moins vulnérables au virus. « Même si les femmes peuvent avoir moins de provirus dans les régions génétiques actives, ceux qui restent peuvent encore suffire à alimenter une résurgence du virus si le traitement est arrêté », précise le chercheur. Certaines vulnérabilités leur sont même spécifiques sur le long terme. « L’activité immunitaire plus forte chez les femmes peut être une arme à double tranchant. Au fil du temps, elle peut entraîner une activation immunitaire chronique qui, si le VIH n’est pas traité, peut faire progresser le Sida plus rapidement chez les femmes que chez les hommes. »

Quasi ignorées des essais cliniques

Forts de leurs étonnantes observations, les chercheurs alertent sur l’urgence d’inclure davantage de femmes dans les essais cliniques liés à la guérison de l’infection par le VIH. « À l’échelle mondiale, les femmes représentent environ 54 % des personnes vivant avec le VIH, mais elles ne constituent qu’environ 19,2 % des participants aux études axées sur la guérison du VIH », alerte Toon Seng Tran. La plupart des essais se focalisent sur les hommes, et en particulier les hommes homosexuels, une population effectivement notoirement à risque de transmission sexuelle du virus. « Les futures recherches sur le traitement du VIH devraient être conçues en tenant compte à la fois des hommes et des femmes, afin de garantir que les traitements potentiels soient efficaces pour tous », conclut le chercheur.

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