L’air qui nous unit tous

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L’air qui nous unit tous
L’air qui nous unit tous

Africa-Press – Gabon. À l’heure où la planète s’apprête à marquer la Journée internationale de l’air pur pour des ciels bleus, le souffle même de notre existence est rappelé à l’attention collective. Ressource invisible et vitale, l’air ne connaît ni frontières ni privilèges: il est à la fois ce bien commun fragile et ce lien universel entre les hommes. Dans une chronique vibrante, Adrien NKoghe-Mba* met en lumière l’urgence de protéger ce patrimoine immatériel que nous partageons tous.

Ce samedi 7 septembre, la planète entière s’arrêtera un instant pour célébrer une richesse invisible, mais vitale: l’air que nous respirons.

Depuis 2019, les Nations Unies ont fait de cette date la Journée internationale de l’air pur pour des ciels bleus, rappelant à chacun que respirer n’est pas seulement un réflexe biologique, mais un droit fondamental.

L’air est ce fil invisible qui relie toutes les formes de vie. Il traverse nos poumons, caresse nos forêts, franchit les montagnes et les océans sans jamais s’arrêter. Nous ne le voyons pas, mais il circule entre nous, il nous enveloppe, il nous relie. L’air est ce bien commun qui nous unit tous.

Pourtant, ce souffle partagé est aujourd’hui menacé. La pollution atmosphérique est devenue l’un des fléaux les plus graves de notre époque. Selon l’Organisation mondiale de la santé, elle cause chaque année plus de 7 millions de décès prématurés. Derrière ce chiffre effrayant se cache une vérité douloureuse: respirer peut tuer lorsque l’air est empoisonné par la fumée des usines, la poussière des routes ou les feux mal maîtrisés.

C’est pour cela que le 7 septembre n’est pas une date symbolique de plus dans le calendrier des Nations Unies. C’est un cri d’alerte et un appel à l’action. Un rappel que la qualité de l’air n’est pas une affaire individuelle, ni même nationale. C’est un enjeu mondial, un combat collectif qui dépasse les frontières. Car les particules ne s’arrêtent pas aux douanes, et le souffle d’un enfant à Libreville est lié, d’une manière ou d’une autre, au souffle d’un enfant à Pékin, New Delhi ou New York.

Au Gabon, nous avons la chance de vivre dans l’un des territoires les plus verts de la planète. Près de 88 % de notre territoire est couvert de forêts, faisant de nous un pilier écologique du Bassin du Congo, premier puits de carbone tropical de la planète. Nos arbres, nos mangroves, nos parcs nationaux capturent chaque année des millions de tonnes de dioxyde de carbone. En purifiant l’air, en régulant le climat, ils offrent au monde entier un service silencieux mais inestimable.

Pour autant, nous ne sommes pas à l’abri. Nos villes connaissent la croissance, nos routes s’animent de moteurs, nos campagnes sont parfois marquées par les brûlages à ciel ouvert. Ces pratiques, si elles ne sont pas corrigées, fragilisent la qualité de l’air que nous croyons immuable. Le danger, dans les pays forestiers, c’est de penser que les arbres suffisent à tout protéger. Mais un ciel bleu, ça se mérite, ça s’entretient, ça se défend.

C’est pourquoi la Journée internationale de l’air pur pour des ciels bleus n’est pas seulement un appel aux gouvernements et aux institutions. Elle est une invitation adressée à chacun de nous.

Un automobiliste qui choisit le covoiturage ou les transports collectifs. Un habitant qui renonce à brûler ses déchets et privilégie le recyclage. Une école qui plante des arbres avec ses élèves. Une municipalité qui aménage des espaces verts ou encourage l’usage du vélo. Autant de petits gestes qui, additionnés, deviennent une révolution tranquille.

Le 7 septembre nous enseigne que la protection de l’air commence dans nos habitudes quotidiennes, mais qu’elle se joue aussi dans la solidarité internationale. Le Gabon, comme d’autres nations forestières, porte une part du fardeau pour le monde entier en stockant le carbone. Mais cette responsabilité doit être partagée, soutenue, accompagnée. Car protéger l’air pur n’est pas une option: c’est une nécessité pour la survie commune.

Alors, à l’approche de cette journée, prenons le temps de lever les yeux vers le ciel. Lorsque le bleu se dessine sans nuage ni fumée, souvenons-nous que ce spectacle est le fruit d’un équilibre fragile. Et lorsque l’air se trouble, rappelons-nous qu’il n’est jamais trop tard pour agir.

L’air est ce souffle qui nous unit tous. Il ne connaît ni frontières, ni privilèges. Il est notre premier geste au monde et notre dernier. Le protéger, c’est choisir la vie.
*Président de l’association Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo.

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