Africa-Press – Gabon. L’Assemblée générale des Nations Unies a adopté, mardi 26 août 2025, par consensus une résolution marquant un tournant dans la gouvernance mondiale de l’intelligence artificielle (IA). Deux nouvelles instances internationales voient le jour: le Groupe scientifique international indépendant de l’IA et le Dialogue mondial sur la gouvernance de l’IA.
Composé de 40 experts siégeant à titre personnel pour un mandat de trois ans, le Groupe scientifique aura pour mission de «promouvoir la compréhension scientifique» de l’IA. Il devra produire des évaluations rigoureuses fondées sur des données probantes, synthétisant les recherches existantes sur les promesses, les risques et les répercussions de cette technologie.
Selon le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, ce groupe «servira de passerelle essentielle entre la recherche de pointe en IA et l’élaboration des politiques». Il a ajouté: «En fournissant des évaluations scientifiques rigoureuses et indépendantes, il aidera la communauté internationale à anticiper les défis émergents et à prendre des décisions éclairées sur la manière dont nous gouvernons cette technologie transformatrice.»
Un dialogue mondial pour une gouvernance inclusive
Le Dialogue mondial, quant à lui, vise à faciliter des discussions ouvertes, transparentes et inclusives sur la coopération internationale en matière d’IA. Son objectif est de faire en sorte que l’IA contribue à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) et à la réduction des fractures numériques.
Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a salué cette initiative comme une «avancée significative» dans les efforts mondiaux pour exploiter les avantages de l’IA tout en maîtrisant ses risques. Il lancera prochainement un appel à candidatures pour le Groupe scientifique, dont les premiers rapports seront présentés lors des sessions du Dialogue mondial prévues en juillet 2026 à Genève et en 2027 à New York.
Des réactions contrastées parmi les États membres
Si la majorité des délégations ont exprimé leur volonté de participer activement à ces nouvelles instances, certaines voix discordantes se sont fait entendre, à l’instar de l’Argentine qui s’est dissociée de la résolution, estimant que le texte contient des éléments incompatibles avec sa politique nationale en matière d’IA.
Les États-Unis ont exprimé une opposition plus virulente, dénonçant «la censure et le bâillonnement de l’innovation». Leur délégation a rejeté les efforts des instances intergouvernementales visant à «exercer une influence indue sur la gouvernance de l’intelligence artificielle», soulignant que les décisions du Groupe scientifique sont «non contraignantes» et que le Dialogue mondial ne constitue pas un espace d’échanges «francs et ouverts». Washington s’est également dissocié des références aux ODD, affirmant que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 «promeut une gouvernance qui ne répond pas aux intérêts des Américains». Enfin, la délégation américaine a contesté l’usage du terme «genre», lui préférant celui de «femmes».
Malgré ces divergences, l’ONU appelle toutes les parties prenantes à «soutenir cette initiative historique et à contribuer à bâtir un avenir où l’intelligence artificielle servira le bien commun de toute l’humanité».
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