Africa-Press – Gabon. Mise en chômage technique depuis soixante jours suite à une décision du ministère de l’Environnement motivée par des risques d’incendie près d’installations stratégiques, les employés de Sanivit interpellent les autorités. Si la mesure vise à protéger la centrale thermique de Karpowership et les pipelines de Perenco des flammes récurrentes sur la décharge d’Alénakiri, la régularisation foncière du site d’Igoumié pourrait permettre à l’entreprise de relancer ses activités et de concrétiser enfin son projet de centrale moderne de traitement des déchets, en gestation depuis 2013.
Depuis deux mois, les employés de la Société d’assainissement d’hygiène et tous travaux (Sanivit) vivent dans l’incertitude. Consécutif à une mise en demeure du ministère de l’Environnement, l’arrêt brutal des activités de collecte des ordures ménagères dans la commune d’Owendo a plongé plus de 200 familles dans une situation économique précaire. « Ça nous fait déjà un mois que nous sommes en chômage. Nous venons ici interpeller les autorités afin que nous puissions trouver une solution plus rapide face à cette situation, parce que ce sont plus de 200 familles qui sont impactées. Nous appelons le président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema pour le dénouement de cette situation », a déclaré Bola Bola Epembia Mayila Aimé, chef d’exploitation de la société Sanivit.
La décision du ministère de l’Environnement s’inscrit dans une logique de prévention des risques industriels. Les départs de feu répétés sur la décharge d’Alénakiri, situés à proximité immédiate de la centrale thermique flottante de Karpowership et des pipelines de Perenco, constituent une menace sérieuse pour ces installations stratégiques. «Il faut comprendre que ces départs de feu sont dus à la fermentation naturelle des déchets: ce processus produit du gaz qui, au contact de l’oxygène, s’enflamme spontanément. C’est un phénomène naturel, pas un acte volontaire», explique Claude Ngoma Letiec Baranow, Directeur général de Sanivit. Si l’entreprise conteste toute responsabilité dans ces incendies, elle reconnaît néanmoins la vétusté du site qui fonctionne depuis plus de 20 ans sans avoir jamais été conçu selon les normes modernes.
Au-delà des aspects sécuritaires, c’est la dimension sociale et économique de la crise qui interpelle. Les employés de Sanivit, pour la plupart de jeunes Gabonais travaillant dans l’entreprise depuis de longues années, se retrouvent sans revenus. «Nos employés nous regardent avec inquiétude, nos fournisseurs nous pressent», déplore le DG. La mairie d’Owendo a convoqué une séance de travail avec l’entreprise, mais les employés attendent toujours un retour concret sur leur situation.
Une lueur d’espoir se profile toutefois à l’horizon. Le déblocage administratif du projet d’Igoumié pourrait permettre à Sanivit de relancer ses activités sur des bases plus solides et conformes aux exigences environnementales. L’entreprise attend la régularisation foncière d’un terrain de 47 hectares déjà sécurisé, où elle prévoit de construire un centre de tri moderne, un centre d’enfouissement technique, des ateliers de recyclage pour différents matériaux, ainsi qu’une usine de fabrication de pavés et de transformation en engrais. «Si ce projet avait été réalisé en 2013 comme prévu, nous n’aurions pas tous ces déchets qui jonchent nos rues aujourd’hui», souligne Claude Ngoma Letiec Baranow, qui espère que le président Oligui Nguema, ayant donné une ligne directive claire aux collectivités locales pour se doter de centres de traitement des déchets, accélérera le processus.
Les autorités se trouvent donc désormais face à un double défi: garantir la sécurité des installations industrielles sensibles tout en préservant de l’emploi non sans assurer la salubrité publique. La concrétisation du projet d’Igoumié apparaît comme la solution la plus viable pour sortir de cette impasse. Elle permettrait non seulement de créer des emplois dans les ateliers de tri et de recyclage, mais aussi de doter le Gabon d’une infrastructure moderne de gestion des déchets. En attendant, les 200 familles impactées par l’arrêt des activités de Sanivit gardent l’espoir d’un dénouement rapide de cette crise qui met en lumière les défis structurels de la gestion des déchets au Gabon.





