Africa-Press – Gabon. Face à une recrudescence alarmante des infections sexuellement transmissibles dans la capitale économique, le Centre de traitement ambulatoire (CTA) déploie une vaste offensive de sensibilisation et de dépistage. Une mobilisation qui révèle l’urgence d’une situation sanitaire préoccupante.
Depuis plusieurs jours, les équipes médicales sillonnent les quartiers de Port-Gentil, multipliant stands d’information, séances de dépistage et causeries éducatives. Samedi 6 décembre, le quartier Salsa accueillait cette campagne de proximité, dont l’ambition affichée est sans équivoque: aller vers les populations pour briser les silences.
«Cette activité vise à faire le dépistage d’un maximum de personnes. Nous avons ciblé des principaux foyers dans lesquels il y a un maximum de personnes, et pendant ces moments nous devons faire la sensibilisation. On renseigne les populations sur le VIH Sida, on procède également à la distribution de préservatifs et des supports de communication», explique le Dr Marie Renée Olkili Abdoulaye-Ondeno, responsable du CTA.
Selon elle, cette flambée épidémique s’explique par un cocktail de facteurs inquiétants: banalisation des comportements à risque, méconnaissance des modes de contamination, recul du dépistage et persistance des préjugés. Face à ce constat, la riposte se veut immédiate et décentralisée.
«Les personnes qui seront testées séropositives recevront immédiatement leur traitement. Une fois détecté positif, il y a la charge virale à faire et le CD4/T4. Lorsque quelqu’un est indétectable, il a de moins en moins de chance de contaminer une autre personne», précise-t-elle, rappelant que la prise en charge rapide constitue un levier majeur de prévention.
Une ville sous surveillance sanitaire
Port-Gentil demeure une zone prioritaire pour le ministère de la Santé. Densité urbaine, présence massive de jeunes, activité pétrolière génératrice de forte mobilité: autant de facteurs qui accroissent la vulnérabilité. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: 8 061 personnes séropositives enregistrées au CTA, près de 5 000 perdues de vue.
Au-delà des statistiques, c’est le vécu qui interpelle. Émilienne Koumba témoigne: «J’ai l’habitude de faire mes tests après trois mois au point où c’est devenu une routine. Le Sida ne tue plus, le jugement des personnes nous tue. Que tu sois pauvre ou riche, va te faire dépister.»
Par son approche communautaire et ses messages ciblés, cette campagne ambitionne de renverser la tendance. Une bataille sanitaire autant que sociale.





