Africa-Press – Gabon. À l’occasion de la 139e édition de la Journée internationale du travail, la représentante des partenaires sociaux, Légnongo, a dénoncé avec fermeté la précarité persistante du monde du travail gabonais. Dans un discours sans complaisance, elle a dressé un tableau alarmant des dysfonctionnements du système socio-économique, tout en formulant des attentes claires à l’endroit du président de la République. Enjeux: garantir des emplois décents et poser les fondations d’un dialogue social véritable.
Un discours qualifié de vérité, sans fard ni flagornerie. C’est ainsi qu’a résonné, le 1er mai dernier, la voix de Légnongo, responsable de la confédération USAP, désignée par ses pairs pour porter les revendications des travailleurs gabonais. En présence du président de la République et des plus hautes autorités du pays, elle a saisi la tribune officielle pour poser un diagnostic sans appel sur la situation du monde du travail: « le pays tout entier est un chantier », mais « le travailleur gabonais demeure toujours en situation de précarité ».
Dans un contexte marqué par l’entrée du Gabon dans une nouvelle République et des réformes présentées comme profondes, les attentes des travailleurs sont colossales. Et pour cause: malgré des initiatives gouvernementales comme Un jeune, un taxi ou la formation dans les métiers porteurs, « la vie chère, les conflits sociaux, les pertes d’emplois, les licenciements économiques et les arriérés de salaires » demeurent le quotidien de milliers de Gabonais. Pire, selon Légnongo, « des employeurs véreux foulent aux pieds le Code du travail et défient l’État à travers ses représentants ».
Appel à un changement de paradigme
La représentante des travailleurs ne s’est pas contentée d’un état des lieux. Elle a exigé des actes forts: « La garantie des emplois qualifiés et décents ne peut se limiter au simple slogan ». Elle a plaidé pour une refonte complète des instruments du monde du travail: révision du Code du travail, conventions collectives, accords d’établissement, lutte contre la corruption, réduction des taxes imposées par la SEG, mais aussi réforme de la fonction publique et réorganisation normative de l’administration.
« Il est temps de passer aux actes », a-t-elle martelé, en soulignant l’inaction face aux dysfonctionnements structurels: carrières bloquées, recrutements en attente, main-d’œuvre étrangère priorisée, main-d’œuvre occasionnelle généralisée… « La corruption s’érige en pratique au sein de nos entreprises et administrations et contre laquelle il faut mener une lutte sans merci », a-t-elle insisté.
Un contrat social à renégocier et des engagements internationaux attendus
Considérant le « nouveau contexte politique », Légnongo a solennellement appelé à l’élaboration d’un nouveau contrat social, impliquant toutes les parties prenantes. Elle a réclamé une rencontre directe avec le chef de l’État pour « affiner les contours » de ce pacte à venir.
Tout en saluant la tenue récente des assises sur l’emploi, elle a prévenu: « Les conclusions des dites assises doivent répondre aux nombreux défis qui se posent au monde du travail ». Elle a également exigé la mise en place urgente du Conseil national du dialogue social et le paiement des dettes de l’État employeur envers la CNSS et la CNAMGS.
Enfin, Légnongo a rappelé les manquements du Gabon à ses obligations internationales. Elle a exhorté le gouvernement à ratifier plusieurs conventions clés de l’Organisation internationale du travail, dont les conventions 112, 176, 187 et 190.
«Les défis sont énormes, mais ne sont pas insurmontables. Le temps est propice pour qu’ensemble, nous construisions le Gabon dont nous rêvons tous, et ce sera enfin l’essor vers la félicité», a-t-elle conclu. Reste désormais à savoir si les autorités répondront à l’exigence d’un véritable dialogue social ou si ce 1er mai 2025 restera, une fois encore, un simple rituel sans lendemain.
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