Africa-Press – Guinee Bissau. D’abord attaquée par un crocodile puis dévorée par un requin-tigre. C’est le funeste destin de cette “vache de mer”, un mammifère aquatique de la famille des dugongs (du genre Culebratherium) qui vivait durant le Miocène, il y a environ 20 millions d’années. Son sort a été interprété grâce à l’analyse des cicatrices laissées sur son fossile.
Crocodile tueur
Les restes de l’animal ont été découverts par un agriculteur qui a remarqué des roches étranges près de son champ, au sud de la ville de Coro, au Venezuela. Il en a parlé autour de lui et finalement l’information est tombée entre les mains d’Aldo Benites-Palomino, de l’Université de Zurich, qui avait déjà effectué des fouilles à une centaine de kilomètres de là.
Avec une équipe, il a commencé à dégager quelques fragments de crâne, puis un squelette plus complet comprenant une grande partie d’un crâne et de la colonne vertébrale d’un unique spécimen. Il a fallu cinq personnes et plus de sept heures pour coffrer l’ensemble afin de le prélever et de le transporter sans dommages.
La première chose que les spécialistes ont remarqué, ce sont des marques de prédation sur le crâne indiquant que la vache marine a d’abord été attaquée par un gros crocodilien de mer. Des empreintes de dents profondes et bien visibles, concentrées sur le museau, suggèrent que le crocodile a, en premier, essayé de saisir sa proie par le museau pour tenter de l’étouffer.
Deux autres grandes incisions indiquent qu’il a ensuite traîné la vache marine pour exécuter un “rouleau de la mort”, tout en maintenant sa proie. Ce mouvement, toujours pratiqué par les crocodiles et alligators modernes, a sans doute était fatal au dugong.
Requin charognard
Mais les malheurs du défunt sirénien ne s’arrêtent pas là. Comme l’expliquent les chercheurs dans le Journal of Verterbrate Paleontology: ils ont retrouvé une dent de requin-tigre (Galeocerdo aduncus) dans son cou, ainsi que des marques de morsure de requin observées sur tout le squelette.
Selon eux, les nombreuses cicatrices indiquent que la carcasse a ensuite été démantelée par des charognards. Rien d’étonnant à cela puisque le même type d’interactions se retrouvent aujourd’hui dans les mers. Mais cette étude apporte la preuve que c’était déjà le cas il y a 20 millions d’années.
“Nous ne savions pas quels animaux pouvaient servir de source de nourriture pour de multiples prédateurs. Nos recherches précédentes ont identifié des cachalots dont se nourrissaient plusieurs espèces de requins, et cette nouvelle étude souligne l’importance des dugongs dans la chaîne alimentaire”, résume, dans un communiqué, d’Aldo Benites-Palomino.
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