Africa-Press – Guinée. Les récentes inondations qui ont frappé Conakry ont déclenché une vive polémique entre l’ancien président Alpha Condé et le régime actuel du CNRD. Chaque camp rejette la responsabilité du désastre sur l’autre, à travers des déclarations officielles et un éditorial diffusé sur la télévision nationale.
Depuis l’étranger, l’ancien président Alpha Condé a ouvert les hostilités en laissant entendre que ‘’ce qui arrive n’est pas une fatalité. C’est la conséquence directe des choix égoïstes d’un pouvoir qui vous a délaissés’’.
Pour l’ex-locataire du palais Sékhoutouréyah, ‘’ce n’est pas la pluie qui submerge la capitale, c’est l’incurie coupable d’un pouvoir qui a choisi le pillage plutôt que la gouvernance. Les inondations ne sont plus une fatalité, elles sont la conséquence directe d’une corruption éhontée et d’un mépris total pour la vie des citoyens’’.
Il affirme à qui veut l’entendre que ‘’ce désastre est le résultat d’une incurie et d’un manque de planification flagrants ‘’.
La réponse du Comité national pour le rassemblement et le développement (CNRD) ne s’est pas fait attendre. Dans un éditorial signé Fatoumata Kourouma et diffusé sur les antennes de la télévision nationale, la Direction de la communication et de l’information (DCI) a contre-attaqué avec virulence.
‘’Ces derniers jours, des images insoutenables ont envahi les réseaux sociaux, les écrans et nos cœurs: des quartiers entiers submergés, des enfants sans abri, des maisons transformées en lacs, des vies parfois englouties. Les inondations ne sont pas qu’un fléau naturel. Elles sont le reflet d’un désordre bien humain’’, a-t-elle introduit.
L’éditorialiste de la présidence explique que ce désordre est constitué de ‘’constructions anarchiques, d’urbanisation incontrôlée, de caniveaux bouchés par nos propres déchets. On jette dans la rue, on construit sur les canaux, on détourne les plans d’urbanisme, puis on accuse la pluie. Mais peut-on continuer à fuir nos responsabilités et à tout attendre éternellement de l’État sans faire notre part de citoyenneté?’’
Selon elle, ‘’la vérité est que le drame est collectif et la solution le sera aussi. Toutefois, il serait injuste de dire que l’État reste les bras croisés. Sous l’impulsion du président de la République, Son Excellence le général Mamadi Doumbouya, des efforts concrets sont déployés: des centaines de poubelles installées, des opérations de curage régulières, des bennes plus présentes, une voirie plus active. Oui, Conakry change lentement mais sûrement, et ce changement est visible, palpable’’.
Elle souligne par ailleurs que ‘’l’État ne peut pas tout faire. Il ne peut pas ramasser ce que nous continuons de jeter quotidiennement. Il ne peut pas curer chaque gouttière ni surveiller chaque sac plastique. L’État peut nettoyer, mais c’est à nous de changer individuellement et collectivement’’.
La DCI rappelle que ‘’ce que nous vivons aujourd’hui est en grande partie l’héritage d’une décennie de mauvaise gestion. Pendant 11 ans, la gouvernance précédente a multiplié les slogans mais négligé les fondamentaux. Des quartiers entiers ont été construits sans réseau de drainage, sans études de sols, sans canalisation’’.
Elle ajoute que ‘’ce que nous appelons aujourd’hui inondations est en réalité une facture, une dette: celle de l’irresponsabilité des dirigeants de notre passé récent. Mais tourner la page ne suffit pas. Il faut écrire la nouvelle avec clarté et courage. Et c’est ce que semble vouloir faire le président de la République, Son Excellence le général Mamadi Doumbouya’’.
La présidence de la République évoque un ‘’style nouveau, fait de proximité, de compassion et de responsabilité partagée’’, faisant référence à la minute de silence observée à la demande lors du conseil des ministres du 31 juillet 2025 en hommage aux victimes: ‘’Une décision symbolique mais forte. Une équipe gouvernementale s’est également rendue sur les lieux des sinistres, sur son instruction, pour écouter, comprendre et compatir’’.
Affirmant que l’axe social de la gouvernance du CNRD ‘’n’est pas une priorité de façade’’ pour le pouvoir actuel, Fatoumata Kourouma déclare que ‘’c’est une conviction profonde. Tout ce qui est fait en matière de politique ou d’économie n’a de sens que s’il sert l’humain: le peuple d’abord, le peuple au centre. Et c’est cela l’esprit de la gouvernance du président Mamadi Doumbouya. Mais pour que cela fonctionne, chacun doit jouer sa partition’’.
‘’Le gouvernement trace la voie, à nous citoyens de marcher. Cela commence par des gestes simples: utiliser les poubelles, éviter de jeter dans les caniveaux, respecter les plans d’urbanisme, sensibiliser, nettoyer autour de chez soi, dire non à la résignation. Car assainir notre environnement, ce n’est pas rendre service à l’État, c’est nous rendre service à nous-mêmes’’, ajoute-t-elle.
Elle rassure qu’un ‘’nouveau chapitre peut s’ouvrir pour nous, mais il ne s’écrira pas dans les discours ni dans les salons. Il s’écrira dans la boue, dans l’effort, dans le quotidien. Il se dessinera dans nos quartiers, dans nos rues, dans notre comportement. Et cela commence maintenant. Alors, allons-nous continuer à répéter les mêmes erreurs chaque année ou choisirons-nous enfin le sursaut collectif? La balle est dans notre camp. Rendons notre environnement propre pour le bien-être de tous’’.
Source: Vision Guinee
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