d’Alpha Condé à Mamadi Doumbouya l’auteur du putsch militaire du 5 septembre 2021

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d’Alpha Condé à Mamadi Doumbouya l’auteur du putsch militaire du 5 septembre 2021
L’ancien et le nouveau Président de la Guinée-Conakry

Africa-Press – Guinée. La Guinée, ce pays étalé sur une superficie de 245.857 m², dont la population compte prés de 14 millions d’habitants (en 2021), est un pays tellement riche en en fleuves (plus de 1.300 cours d’eau) qu’on lui a attribué le titre de « Château d’eau de l’Afrique de l’ouest ».

Néanmoins, ceci ne plaide pas en sa faveur, et c’est un point négatif dans la gouvernance de ce pays, du fait qu’en 2018, le chômage frappait 80 % des jeunes et près de 80 % de la population active travaille dans le secteur informel, et que 55 % des Guinéens vivent sous le seuil de pauvreté.

Pourquoi l’appelle-t-on Guinée-Conakry ? Pour ceux qui se demandent ‘pourquoi’ l’appelle-t-on parfois « Guinée-Conakry », c’est tout simplement pour la distinguer de ses voisins, notamment la « Guinée-Bissau » et la « Guinée équatoriale ».

Vu que ce pays africain a vécu un coup d’Etat en date du 5 septembre de l’année dernière, nous avons vu utile de revenir avec plus de détails sur les dernières pages de son histoire, particulièrement depuis l’accession au pouvoir du président Alpha Condé, en 2010.

Présidence d’Alpha Condé

Le 7 novembre 2010, Alpha Condé avait obtenu 52,5 % des suffrages face à son adversaire Cellou Dalein Diallo, et s’était fait élire « président » pour un mandat de 5 ans.

En 2014 et 2015, le pays est touché par l’épidémie « Ebola » mais il se mobilise pour en contenir les impacts.

Cinq ans plus tard, précisément le 11 octobre 2015, le président Alpha Condé, briguant un second mandat, avait obtenu 58 % des suffrages (au premier tour) et devint président pour 5 ans encore.

Malheureusement, en mars 2020, en dépit des manifestations et du désaccord de la grande partie de la population et de l’opposition, et ce malgré une loi stipulant qu’aucun président ne peut se présenter pour plus 2 mandats consécutifs, Alpha Condé s’est aventuré en modifiant la Constitution pour pouvoir légalement se représenter, ce qui lui permit de remporter les élections du 18 octobre 2020 et fût investi le 15 décembre.

La goutte qui fit déborder le vase

L’entêtement du président Alpha Condé ne s’est pas arrêté là. Contesté depuis sa réélection en 2020 pour un troisième mandat après avoir fait modifier par référendum la Constitution pour être de nouveau éligible, et étant réputé pour son « micro-management » et sa tendance à vouloir tout contrôler, Alpha Condé s’est aventuré encore une fois en s’orientant davantage vers une gouvernance en solo, concentrant la gestion du pays à la présidence.

En plus, il a tenté de réformer l’armée en créant des unités spéciales et d’élites comme le GFS (Groupement des forces spéciales), qu’il confia à l’un de ses proches le colonel Mamadi Doumbouya, originaire comme lui de la province de Kankan.

Dans ce contexte, et malgré l’opposition d’Alpha Condé aux politiques des régimes guinéens précédents, de restriction des libertés et d’amendements constitutionnels, il est également tombé dans le même piège.

En effet, après son élection pour un autre mandat présidentiel en 2015, il a restreint les libertés politiques et civiles, arrêté et détenu des dirigeants et des partisans de l’opposition, sans compter les manifestations publiques interdites, en plus des violations, où des forces de sécurité ont ciblé des civils, ce qui n’a fait que réduire sa popularité.

Son idée de modifier la constitution en 2019 et d’appeler à un référendum populaire qui lui accorderait une candidature pour un troisième mandat, a été un appel que l’opposition guinéenne a fermement rejeté et défendu lors de grandes manifestations populaires, et qui a été confronté à une forte répression de la part des autorités, ayant conduit à des dizaines de morts.

Par ailleurs, on relève que depuis janvier 2021, selon la Banque mondiale, plusieurs opposants sont emprisonnés. Mamady Condé a été arrêté, alors que Mamadou Oury Barry est mort en prison.

Un mois avant la tentative du putsch, l’augmentation du prix de l’essence a provoqué des tensions au sein de l’opposition, sachant que plusieurs augmentations des prix de produits essentiels à la vie quotidienne ont donné lieu à des remous, comme la hausse des tarifs du pain (sur laquelle est finalement revenu Alpha Condé).

À la suite de ces dernières mesures de Condé, l’état de mécontentement populaire a atteint son paroxysme à l’intérieur de la Guinée, en plus du mécontentement au sein de l’armée guinéenne, qui a motivé les officiers de l’opposition, auquel a adhéré le colonel Mamadi Doumbouya lui-même et les soldats des forces spéciales, à renverser et arrêter le président guinéen, dissoudre son gouvernement, ainsi que les institutions et suspendre la constitution.

Tout ceci a donc mené au coup d’État du 5 septembre 2021 en Guinée, perpétré par l’unité d’élite de l’armée guinéenne, qu’il venait de créer lui-même, à savoir le GFS, conduit par Mamadi Doumbouya (que Condé avait lui-même nommé à sa tête), qui s’est emparé du palais présidentiel et qui a capturé le président, Alpha Condé.

Les putschistes ont annoncé la suspension de la Constitution, la dissolution du gouvernement et des institutions ainsi que la fermeture des frontières. Une junte militaire a pris alors le pouvoir sous le nom de « Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) ».

Présidence transitoire de Mamadi Doumbouya

Le 17 septembre 2021, deux chefs d’État effectuent une visite de travail en Guinée. Le président en exercice de la CEDEAO, Nana Akufo-Addo du Ghana, et Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, avaient instruit la junte militaire, 24 h auparavant, d’organiser des élections générales dans les six mois à venir.

Dans la même soirée, le Comité national du rassemblement pour le développement confirme officiellement Mamadi Doumbouya comme « Président de la république de Guinée », lequel a confié à l’AFP que sa mission est de « restructurer l’État », en élaborant une nouvelle constitution, en luttant contre la corruption, en changeant le processus électoral et en organisant des élections « libres, crédibles et transparentes », tout en s’engageant également à « respecter tous les engagements nationaux et internationaux que le pays avait pris ».

La junte militaire guinéenne n’a pas précisé combien de temps « exactement » il lui faudrait pour organiser les élections.

En fait qui est Mamadi Doumbouya ?

Une caricature représentant le colonel Mamadi Doumbouya

Il s’agit d’un officier supérieur guinéen, son épouse étant française, et certaines informations indiquent que ce sont des proches des pays européens, en particulier la France, qui ont conseillé à Alpha Condé de placer Mamadi Doumbouya à la tête d’une force militaire spéciale. D’autres informations avancent que celui-ci préparait en douceur son coup d’État.

Le colonel lorsqu’il tenait le parapluie à Alpha Condé dans des sorties officielles

Il convient de noter qu’avant l’arrivée de Doumbouya au pouvoir, le colonel est resté discret, mais ce qui le distingue, c’est son expérience militaire internationale. Selon le politologue ouest-africain Paul Melly, Doumbouya a été formé en France, a servi dans l’armée française, et au cours de sa carrière militaire de 15 ans, il a servi dans des missions en Afghanistan, en Côte d’Ivoire, à Djibouti et en République centrafricaine, et fût également chargé d’une protection rapprochée en Israël, à Chypre, au Royaume-Uni et en Guinée.

Une grande amitié le lie au cerveau du putsch au Mali, le président Assimi Goïta, et en 2018, les deux officiers s’étaient rencontrés au Burkina Faso, lors d’un stage organisé par l’armée américaine, qui était dédié aux commandants des forces spéciales de la région.

Cela indique l’étendue de la dépendance politique du continent africain vis-à-vis des puissances occidentales, qu’elles soient classiques ou nouvelles, car les coups d’Etat militaires en Afrique, notamment dans les régions du Sahel et du Continent Occidental, ce sont l’Occident en général et la France en particulier qui sont derrière, du fait de leur statut d’anciens colonisateurs.

Il importe de rappeler que la Guinée-Conakry, depuis son indépendance, n’a pas connu d’expérience démocratique réussie, car les moyens de passer le pouvoir résultent soit de la mort du président, soit d’un coup d’État militaire, et c’est ce dont souffre la majeure partie du continent africain, parce qu’il n’a pas sa propre décision politique, économique ou militaire.

L’évidence est que : Tout coup d’État militaire en Afrique n’a pas lieu d’être…sans le soutien des pays occidentaux !

Anouar CHENNOUFI

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