Sources des Armes des Groupes Djihadistes en Afrique

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Sources des Armes des Groupes Djihadistes en Afrique
Sources des Armes des Groupes Djihadistes en Afrique

Africa-Press – Guinée. La région du désert et du Sahel en Afrique de l’Ouest est devenue un centre pour de nombreux groupes armés qui considèrent l’utilisation des armes comme un moyen de rejet et de rébellion contre la situation des populations de ces pays. En raison de facteurs géographiques, des conflits ethniques, de la faiblesse des régimes en place et de la lutte des puissances étrangères pour les ressources naturelles, cette zone est un terrain fertile pour les mouvements djihadistes.

Depuis la fin des années 1990, les « mouvements djihadistes » ont commencé à se répandre dans la région du Sahel, profitant de l’immensité de l’espace désertique qui leur permet de se déplacer et de se déployer, notamment dans la région de l’Azawad qui, avec ses 822 000 km2, équivaut à la superficie de la Belgique et de la France réunies.

Ces mouvements ont également profité de la faiblesse des régimes de la région et de l’absence de contrôle sur les jeunes, qui sont devenus des cibles faciles pour le recrutement et l’exécution des agendas politiques.

Malgré les efforts internationaux pour lutter contre le terrorisme pendant les deux dernières décennies, certaines études montrent que les événements violents liés aux groupes armés dans la région du Sahel ont augmenté de sept fois entre 2017 et 2022.

Mouvements variés

Il existe plusieurs groupes armés dans la région du Sahel qui ont choisi de porter des armes comme moyen principal pour renforcer leur présence locale. Leurs principes idéologiques varient, en fonction de leurs objectifs et de leurs idéologies, parmi lesquels on trouve:

1. Les groupes djihadistes

Les groupes djihadistes dans le Sahel sont des organisations qui se déclarent porteuses de la bannière du jihad. Ces mouvements ont commencé leurs activités dans la région au début des années 2000.

Parmi ces groupes, on retrouve « Boko Haram », fondé au Nigeria en 2002, qui a mené de nombreuses attaques contre le gouvernement, l’armée et les structures de l’État.

Il y a aussi le groupe « État islamique au Grand Sahara » qui a été créé le 25 janvier 2007, et qui a mené des opérations dans les zones contestées du Mali.

Dans le nord du Mali, on trouve le mouvement « Ansar Dine », fondé à Kidal en décembre 2011, qui cherche à établir un État islamique appliquant la charia.

Au cœur du désert, notamment dans la région de Liptako-Gourma, il existe le groupe « Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin » qui a été créé en 2017 après la fusion des mouvements « Ansar Dine », « Front de libération du Macina », « Al-Murabitoun » et la branche saharienne d’Al-Qaïda au Maghreb islamique.

Parmi les groupes djihadistes en Afrique de l’Ouest, l’“État islamique au Grand Sahara” est considéré par les États-Unis comme étant l’un des plus dangereux.

2. Les groupes armés séparatistes

Dans le Sahel, il existe aussi des groupes armés non djihadistes, mais qui portent des armes pour s’opposer aux gouvernements ou pour créer un État indépendant. Parmi eux, on trouve le « Mouvement national de libération de l’Azawad » fondé en 2010 et le « Mouvement arabe de libération de l’Azawad » créé en 2012, visant à établir un État touareg dans la région de l’Azawad au nord du Mali.

3. Les groupes armés (mercenaires)

Ces groupes sont appelés « groupes de défense de la population » (V.D.P) et bien qu’ils portent des armes, ils ne sont ni djihadistes, ni séparatistes. Ils mènent des campagnes organisées ciblant les villes et les villages pour gagner de l’argent. Les gouvernements du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont commencé à les utiliser pour les aider dans la lutte contre les séparatistes et les terroristes.

Sources des armes

Bien que les gouvernements du Sahel et leurs alliés étrangers aient travaillé pendant de nombreuses années à combattre ce qu’on appelle les « groupes terroristes » et les mouvements séparatistes, ces organisations montrent à travers leurs opérations qu’elles possèdent des armes et des équipements puissants, ce qui soulève la question: comment ces groupes armés dans le Sahel obtiennent-ils leurs armes?

Un rapport publié par l’organisation « Conflict Armament Research » au Royaume-Uni le 29 avril dernier a soulevé des interrogations concernant les sources et les approvisionnements en armes utilisés par les groupes armés dans la région du Sahel, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger, qui sont devenus des foyers de radicalisation et de violence ces dernières années.

Selon ce rapport, qui a été rédigé avec la participation d’un projet européen spécialisé dans le suivi des armes utilisées dans les conflits à travers le monde, la majorité des armes utilisées par le groupe « Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin » (lié à Al-Qaïda), ainsi que par l' »État islamique au Sahel », proviennent principalement des stocks des armées nationales ou de ressources locales, et non des approvisionnements extérieurs.

Dépôts des armées régulières

Le rapport indique que 20 % de l’armement jihadiste provient des armées régulières des pays de la région. Les jihadistes s’emparent de ces stocks lors des attaques contre les forces armées du Mali, du Niger et du Burkina Faso, et d’autres armes ont été identifiées comme provenant des armées de la Côte d’Ivoire, du Libéria, de la Libye, du Nigéria et du Tchad.

Les chercheurs considèrent que ces « prises » représentent la principale source d’approvisionnement pour les groupes djihadistes, qui ont fait de cette méthode une « pierre angulaire » de leur stratégie, en affrontant les autorités militaires des pays concernés et en s’emparant des armes nécessaires pour poursuivre leurs opérations.

Cela est confirmé par la propagande du groupe « Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin », qui diffuse régulièrement des vidéos montrant ce qu’ils considèrent comme des « butins de guerre ».

Dépendance locale

Le rapport précise que les chercheurs ont analysé plus de 700 armes saisies lors des opérations antiterroristes entre 2015 et 2023, incluant des fusils d’assaut, des mitrailleuses, des lance-grenades et des mortiers.

Il conclut que les groupes djihadistes dépendent principalement de sources locales pour se procurer leurs armes en raison des « contraintes logistiques et géographiques ».

Lorsque ces armes ne sont pas prises dans les dépôts des armées régulières, elles proviennent souvent d’anciennes armes utilisées par d’autres parties illégales dans la région, qui ont été réparées et réutilisées.

Le rapport ajoute: « Les rares armes modernes retrouvées en possession de ces groupes ont été principalement obtenues, si ce n’est exclusivement, lors d’attaques contre les forces régulières dans les pays du Sahel central » (Mali, Niger, Burkina Faso).

Les chercheurs ont également confirmé qu’ils n’avaient trouvé aucune preuve convaincante de la présence d’approvisionnements directs en armes en provenance de l’extérieur de la région du Sahel central, ni de liens entre ces groupes et ceux actifs en dehors de cette région.

Le rapport des chercheurs réfute ainsi l’hypothèse d’une ligne d’approvisionnement en provenance des « centres-mères » d’Al-Qaïda et de l’État islamique, et invalide les théories diffusées sur les réseaux sociaux affirmant que les djihadistes reçoivent un soutien en armes de puissances étrangères hostiles, notamment la France.

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