Procès du 28 septembre 2009 : la présence de Marcel Guilavogui au stade divise les avocats

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Procès du 28 septembre 2009 : la présence de Marcel Guilavogui au stade divise les avocats
Procès du 28 septembre 2009 : la présence de Marcel Guilavogui au stade divise les avocats

Africa-Press – Guinée. Depuis l’entame de sa déposition devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry) hier, mardi 28 mars 2023, François Louncény Fall a toujours été formel sur la présence du capitaine Marcel Guilavogui au stade du 28 septembre lors de la répression de la manifestation des forces vives le 28 septembre 2009. Il a déclaré l’avoir identifié à plusieurs endroits, notamment qu’il assénait des coups à Sidya Touré (le président de l’UFR) et quand il a sorti une grenade et a menacé de faire sauter la clinique Ambroise Paré.

« Je l’ai vu frapper Sidya [le président de l’UFR], je l’ai vu menaçant avec sa matraque et tournant autour de nous. Je l’ai vu me frapper. Ensuite, je l’ai vu sur l’esplanade tourner autour. Je l’ai encore revu à moins d’un mètre quand il donnait un violent coup dans le visage de Sidya. Je l’ai vu encore de près quand il a sorti la grenade. Et, comme je l’ai dit hier, vous ne pouvez pas voir votre bourreau devant vous, à moins d’un mètre, plusieurs fois en plein jour, et que vous ne puissiez pas reconnaître cette personne-là. Et, mieux, à la clinique Ambroise Paré, Toumba l’a appelé plusieurs fois par son nom [Marcel] devant moi, devant nous tous », a martelé François Louncény Fall un peu plus tôt dans la journée de ce lundi pour ainsi lever tout le doute sur sa capacité à reconnaître Marcel Guilavogui.

Cette déposition de ce diplomate guinéen a réconforté certains avocats, mais elle a aussi laissé d’autres sur leur faim. En tout cas, les réactions au sortir de l’audience montrent tous ne sont pas unanimes sur cette question concernant la présence de Marcel Guilavogui au stade. Me Alpha Amadou DS BAH croit fermement à la déposition de François Louncény Fall, tandis que Me David Béavogui (un des avocats de Marcel Guilavogui) n’y croit en rien et crie au complot contre son client.

ci-dessous les réactions croisées de ces deux avocats.

Me Alpha Amadou DS BAH, un des avocats de la partie civile : « Je pense que c’est méconnaître les règles qui gouvernent le procès pénal. Puisqu’il a fait une déposition devant les juges d’instruction. Aujourd’hui, c’était le moment de compléter. Beaucoup d’éléments ont été apportés justement pour compléter la version qu’il avait tenue au moment de l’instruction. Cela ne change en rien le contenu et aujourd’hui je pense qu’il a asséné le coup de grâce à Marcel Guilavogui qui a toujours refusé sa responsabilité, sa présence au stade. Aujourd’hui, nous avons la preuve irréfutable que non seulement il était au stade, mais également qu’il a participé à la commission des infractions qui ont été commises au stade. Il a donné les instructions, il a lui-même asséné des coups aux différents leaders. Il ne s’est pas seulement contenté de donner des instructions, il a lui-même participé à la commission des infractions. Donc, aujourd’hui, sa responsabilité ne souffre d’aucune ambiguïté et il devrait se raviser, se rappeler que c’est des vies humaines qui ont été perdues au stade et demander pardon aux victimes. Je pense que c’est la meilleure solution aujourd’hui, que de vouloir discréditer une partie civile. Nous savons tous qui est François Lounceny Fall. Avant lui, Bah Oury était là. Tout le monde a confirmé effectivement que Marcel était au stade et que cette thèse du complot n’est qu’une fuite en avant qui ne peut pas tenir. Puisque Moussa Dadis Camara a été l’un des artisans pour la conquête du pouvoir de Monsieur Alpha Condé qu’il a entretenu d’ailleurs pendant tout son règne. Nous avons les preuves. Donc, cette histoire de complot également ne tient pas. Je pense qu’aujourd’hui, monsieur Marcel doit se raviser et reconnaître les faits ».

Me David Béavogui, un des avocats du Capitaine Marcel Guilavogui : « J’ai dit ici que dans tout procès pénal en phase de jugement, la possibilité pour l’accusé d’écarter, de contester l’accusation et de passer sa propre thèse, est un droit. Donc, dire que je n’ai pas été au stade, c’est son droit le plus absolu. Mais, ce que vous ignorez dans cette affaire, c’est que ces parties civiles doivent à Monsieur Toumba Diakité. C’est grâce au commandant Toumba qu’ils ont goûté aux délices du pouvoir. N’eut été le tir perpétré contre la personne du Capitaine Moussa Dadis, ces gens-là ne seraient jamais au pouvoir. Quand je parle de partie civile, je veux parler de Monsieur François Louncény Fall, Monsieur Mamadou Mouctar Diallo et tous ceux qui ont cité Marcel et qui veulent aujourd’hui protéger Toumba. Je me rappelle, de 2009 à nos jours, nulle part dans leurs dépositions vous ne verrez le nom de Marcel. Bah Oury est venu ici, sur la présence de Marcel, quand on lui a posé la question, il a dit j’ai vu quelqu’un de robuste grand de taille. Sa silhouette ne ressemblait pas à mon client. Donc, il y a un doute sur la présence de Marcel non seulement au stade, mais aussi à la clinique Ambroise Paré. Mais, les parties civiles, puisqu’il faut vaille que vaille trouver un coupable, il faut épingler Marcel. Mais, qu’on abandonne alors ce procès s’ils sont déjà séduits par leurs bourreaux. Une victime de viol qui se laisse caresser par son bourreau, vous ne trouvez pas ça ridicule ? C’est même une insulte à la nation guinéenne. Ce complot ne visait pas seulement le Capitaine Dadis, mais c’est toute une nation. C’est ce que vous oubliez ».

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