Africa-Press – Guinee Equatoriale. Les fameux partenariats public-privé ou PPP sont très à la mode en Afrique. L’État fait appel aux investisseurs privés pour construire une infrastructure et l’opérateur est payé soit par l’État, soit par les usagers dans le cas d’une route à péage par exemple. Une formule qui permet aux pays manquant d’argent de construire rapidement des infrastructures, mais une formule qui n’est pas sans risques, loin de là.
Nous sommes dans les salons cossus du Cercle de l’Union Interalliée à Paris, et le ministre mauritanien des Affaires économiques, Ousmane Mamadou Kane, vient de présenter devant un parterre d’hommes d’affaires, une dizaine de projets d’infrastructures qu’il souhaiterait voir mis en œuvre dans le cadre de partenariat public-privé.
« Nous en avons besoin parce que nos recettes sont limitées et nos besoins sont importants », explique-t-il. « Maintenant, nous le faisons en prenant des garanties. La loi « PPP » mauritanienne exige avant toute mise sur le marché d’un projet qu’il y ait une analyse sur la soutenabilité budgétaire. Les PPP ne sont pas une panacée. On y va au cas par cas. Mais, ils sont les bienvenus. »
Attention aux pièges
Une prudence qui n’est pas superflue au vu des exemples – et ils sont nombreux – de PPP qui ont échoué en cours de réalisation. L’avocat associé au cabinet Bird & Bird, Boris Martor a consacré un ouvrage aux PPP et aux débats qu’ils suscitent. « Ce débat est sain, car le financement de projets sous forme de PPP n’est pas forcément la panacée dans toutes les situations », estime-t-il. « L’idée est de savoir si on peut utiliser de manière efficace les investissements privés et le financement privé pour les projets d’infrastructures en Afrique, dans quels pays, dans quelles conditions et dans quels secteurs. »
Pour Boris Martor, un État doit absolument se faire conseiller pour éviter les pièges : « Ce sont des projets lourds qui nécessitent d’être assistés pendant la phase d’évaluation, de faisabilité et de sélection d’un opérateur privé, pour pouvoir pleinement challenger, l’exploitation, le prix d’exploitation et éventuellement renégocier certains termes de certains contrats. Comme cela se fait dans toutes les régions du monde pour des projets similaires. »
Car souvent l’État contractant n’évalue pas suffisamment les risques des PPP. L’économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla les a analysés longuement. Il prend ici l’exemple d’une concession d’autoroute à péage :
«
Vous confiez [
la concession
] à une entreprise privée dans le cadre d’un PPP, et donc vous estimez que vous aurez, disons, 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. Or, vous n’en avez que 50. Et donc, l’État doit compenser le manque à gagner. C’est le risque de « demande ». Il y a aussi le risque de « change »
: parfois, les entreprises veulent rapatrier leurs profits et il faut leur garantir le taux de change. Et donc, cela revient généralement très cher pour les États et aussi pour les usagers.
»
En France et en Europe, les PPP suscitent de plus en plus de méfiance. La Cour des comptes européenne jugeait en 2018 qu’ils étaient coûteux et manquaient singulièrement d’efficacité.
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