INTERVIEW. “Notre immunité ne dépend pas seulement de notre patrimoine génétique”

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INTERVIEW. “Notre immunité ne dépend pas seulement de notre patrimoine génétique”
INTERVIEW. “Notre immunité ne dépend pas seulement de notre patrimoine génétique”

Africa-Press – Guinee Equatoriale. Alain Fischer, est immunologue et désormais connu du public pour son rôle de président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale.

Sciences et Avenir : Notre corps a une capacité extraordinaire à se défendre, à se réparer lui-même, notamment à travers son système immunitaire. Mais finalement, qu’est-ce que le système immunitaire ?

Alain Fischer : Une approche classique consiste à dire qu’il s’agit d’un système de défense contre des microorganismes étrangers. La réalité est plus subtile ! Car ce système est à l’équilibre avec des virus, bactéries, champignons présents sous notre peau, au niveau des muqueuses, notamment dans la gorge et dans l’intestin. Il serait donc plus juste de dire que l’immunité est une triade : un système qui, à la fois, nous évite d’être contaminé par des microbes pathogènes, mais aussi tolère des microbes utiles et, troisièmement, grâce à toutes sortes de mécanismes de contrôle, évite des réponses immunitaires inappropriées contre nos propres constituants, ce qu’on appelle le soi.

On parle d’immunité innée et d’immunité acquise. Que signifient ces notions ?

Ce sont les deux composantes de la réponse immunitaire aux pathogènes. La première est partagée par toutes nos cellules : elles possèdent, à leur surface comme à l’intérieur, des capteurs qui les avertissent de la présence de molécules venant de bactéries, de virus ou de champignons, ou encore de signaux de danger. En quelques heures, notre organisme produit alors des substances capables soit d’avoir par elles-mêmes un effet anti-infectieux comme les interférons, soit de recruter des cellules du système immunitaire, telles les cellules phagocytaires qui peuvent ingérer, et parfois digérer, les microbes pathogènes. La mise en jeu de cette réponse innée va induire en quelques jours la réponse dite acquise ou adaptative, c’est-à-dire la production de lymphocytes T et de lymphocytes B. Dans certains contextes définis par la réponse innée, les lymphocytes T vont s’orienter vers telle ou telle direction de réponse, les lymphocytes B produire tels ou tels anticorps. Il y a en réalité toute une série d’effecteurs d’immunité dont l’organisation et l’orchestration dépendent du contexte.

Comment cette construction fabuleuse, qui permet de contrer l’immense diversité des pathogènes, s’est-elle mise en place ?

Tous les êtres vivants, des monocellulaires les plus simples aux plantes et mammifères les plus sophistiqués, ont un système de défense. Sans défense immunitaire, pas de préservation de l’espèce ! Le fameux CRISPR lui-même est un système de défense des bactéries contre les virus … Notre immunité innée, dont les bases sont partagées avec d’autres espèces comme les insectes, date de plus de 750 millions d’années. L’immunité adaptative, elle, est apparue à peu près vers 500 millions d’années. C’est une forme d’adaptation permanente à l’environnement.

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