Africa-Press – Madagascar. Le président Andry Rajoelina a pris la parole hier en début d’après sur les réseaux sociaux pour dénoncer ce qu’il qualifie de « cyberattaque massive » orchestrée depuis l’étranger. Selon lui, une campagne de manipulation numérique, utilisant des technologies d’intelligence artificielle, viserait à déstabiliser les institutions républicaines, à semer le chaos et à porter atteinte à la souveraineté nationale.
D’après les services de l’État, cette offensive numérique aurait ciblé en priorité la jeunesse et les influenceurs malgaches, en diffusant des messages sensibles sur les réseaux sociaux pour attiser la colère et détourner le sens des manifestations. Celles-ci, déclenchées le 25 septembre par les coupures d’eau et d’électricité, auraient été « infiltrées et instrumentalisées » par des acteurs politiques et financées par des intérêts étrangers.
« Nous ne pouvons pas laisser notre pays être pris en otage par des forces extérieures qui manipulent la jeunesse et utilisent la technologie comme une arme », a Andry Rajoelina tout en annonçant des mesures de sécurisation renforcées.
Mais ce discours présidentiel a aussitôt suscité de vives réactions. Dans un communiqué publié en ligne, le collectif Gen Z Madagascar a exprimé son indignation, allant jusqu’à s’inquiéter pour la « santé mentale » du président. « Votre discours insensé nous a déçus, encore une fois. Car vous blâmez ceux-là mêmes que vous prétendez inviter à un dialogue », écrit le mouvement, dénonçant les violences imputées aux forces de l’ordre contre les manifestants.
Gen Z Madagascar critique également la référence du chef de l’État aux institutions financières internationales, en particulier la Banque mondiale, pour justifier ses choix. Le collectif accuse le pouvoir de détourner l’attention des véritables problèmes du pays, citant la corruption, la mauvaise gouvernance et la violence d’État. « Sachez que nous ne sommes pas des robots, nous sommes bel et bien des êtres humains », affirme le communiqué, avant de prévenir que « vos crimes ne resteront pas éternellement impunis » et qu’ils devront répondre devant la Justice.
Cette confrontation directe illustre la fracture grandissante entre une jeunesse connectée, qui rejette l’autorité et réclame plus de transparence, et un pouvoir qui met en avant la menace étrangère pour expliquer la crise actuelle. Alors que la rue continue de s’agiter, la bataille de communication s’intensifie entre institutions et mouvements citoyens, avec en toile de fond une question centrale: qui contrôle le récit national dans une ère de désinformation numérique?
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Madagascar, suivez Africa-Press