l’architecte Jean-Claude Dubois « évite les effets de mode

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Madagascar : l’architecte Jean-Claude Dubois « évite les effets de mode »
Madagascar : l’architecte Jean-Claude Dubois « évite les effets de mode »

Africa-PressMadagascar. Il est l’un des principaux concepteurs de la modernité d’Antananarivo. L’agence Dubois et Associés, qu’il dirige avec Alexandre Ramarosaona, a imaginé la Tour Orange, le Coliseum d’Antsonjombe, la Villa Pradon ou l’immeuble Fitaratra. Jeune Afrique l’a rencontré.

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L’architecte, qui a aussi dessiné les formes élancées des hôtels Ibis et Novotel ainsi que les ailes du nouvel aéroport, souhaite que la capitale puisse enfin prendre son envol.

Jeune Afrique : Comment concevez-vous les bâtiments que vous dessinez ?

Jean-Claude Dubois :

Ils doivent être de forme simple mais facilement reconnaissables. Éviter surtout l’effet de mode pour que, quinze ans plus tard, le visiteur ait l’impression que le bâtiment a toujours été là. Dans le cas de l’hôtel Ibis, j’ai gardé la structure classique à l’intérieur, mais les surfaces sont globalement plus grandes que dans un établissement français. À l’extérieur, je cherchais une architecture qui se ferait remarquer. C’est le cas de cette forme arrondie, reconnaissable au premier coup d’œil. Je ne pense pas qu’il existe un autre Ibis identique dans le monde.

L’immeuble de bureaux Fitaratra a été construit autour d’un noyau central d’où partent deux couloirs qui mènent aux bureaux à gauche et à droite. Tout cela est très traditionnel, mais le porche d’entrée, lui, est plus décalé, avec ses gros piliers et ses terrasses extérieures.

La façade vitrée elle-même reste d’une facture très simple, mais le verre employé réfléchit le ciel et lui permet de changer de couleur au fil de la journée. C’est par ce genre de détail que l’on reconnaît mes projets. Ce sont mes morceaux de bravoure.

Quelles sont les particularités de vos autres projets emblématiques à Antananarivo ?

J’ai décidé de poser le bâtiment de la Tour Orange – qui se réfléchit d’ailleurs dans la galerie de verre de Filaratra – en oblique afin qu’il soit orienté vers le centre du lac Anosy, que je considère comme le cœur de la capitale. Il prend également plus d’ampleur sous un tel angle pour ceux qui entrent dans la ville. Les piliers sont en forme d’ogive de façon à jouer avec la lumière et à se réfléchir dans l’eau du bassin. Lac Anosy, dans le centre d’Antananarivo,_ © Sascha Grabow / Wikimedia Commons

Pour les « Kubes » de l’ensemble Galaxy, je n’ai pas placé de piliers sous les porte-à-faux qui surplombent l’entrée : on a l’impression que la masse va s’écrouler. J’ai réalisé un bâtiment à « double peau » pour le Novotel, et une autre partie vitrée à l’intérieur, un vide d’air et des murs intérieurs. L’isolation phonique et thermique est parfaite. Jamais un tel bâtiment n’a été réalisé jusqu’à présent dans la sous-région, pas même à Maurice.

Comment trouvez-vous vos inspirations ?

Je réfléchis plus que je ne dessine au départ. Je discute aussi beaucoup avec les donneurs d’ordres. C’est important de se connaître avant de démarrer les croquis, qui ressemblent à des petits dessins d’écoliers et sont plus des pense-bêtes qu’autre chose. Mais je sais déjà à cette étape de la conception où je souhaite aller, à quoi je veux arriver.

La vraie réflexion est davantage en amont. Quand un projet me plaît, je suis comme harponné. Je travaille bien sûr avec les dernières technologies disponibles, mais je me méfie des images 3D. Une phrase de Gaudi résume mon approche : « Pour qu’une œuvre d’architecture soit belle, il faut que tous les éléments possèdent une justesse de situation, de dimensions, de formes et de couleurs. »

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