Portrait : Le « hype africain » selon l’artiste contemporaine Sophie Pozmentier

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Portrait : Le « hype africain » selon l’artiste contemporaine Sophie Pozmentier
Portrait : Le « hype africain » selon l’artiste contemporaine Sophie Pozmentier

Africa-Press – Madagascar. Sophie Pozmentier expose ses masques d’inspiration africaine, ces « aloalo » dignes de décorer la villa d’Elon Musk chez Habitat à Andraharo. Pop et décalé.

« L’Afrique, je l’ai rencontré, je devais avoir deux mois », annonce Sophie Pozmentier, une « nassara », une blanche, le synonyme de « vazaha » en malgache dans une langue du nord camerounais. Cette française expose actuellement chez Habitat à Andraharo des ouvrages en fibre de verre, faits de masques et de symboles funéraires malgaches. Fière d’avoir grandi sur le continent africain, cette artiste contemporaine a « grandi au Gabon », elle se retrouve ensuite en Algérie, au Cameroun et au Burkina Faso. Le déclic c’était pourtant depuis son enfance. « J’ai toujours été une passionnée de décoration depuis toujours… je n’ai pas fait d’étude là-dedans, je suis complètement autodidacte… j’ai toujours imaginé des objets que je pouvais crée », fait elle savoir.

Sur une grande terre où de nombreux artistes de renommées mondiales ont puisé, Sophie Pozmentier ne pouvait pas mieux tomber. Sa résidence au Burkina Faso a fini par la faire décider de devenir une professionnelle de l’art contemporain. « Et puis un jour, je voulais faire des choses plus modernes, je cherchai une nouvelle matière et j’ai rencontré des gens qui travaillaient la fibre de verre pour des choses complètement usuelle. C’est vraiment au Burkina Faso où j’ai franchi le pas… c’était en 2009 ». L’approche esthétique chemine alors vers des formes imberbes, dénué d’aspérité, donc moins intelligible, résolument pop et occidentale.

Elle s’explique, « j’aimai en fait ce décalage entre l’art traditionnel, les pièces traditionnelles qu’on pouvait avoir, s’en inspirer sans les copier et donner une réinterprétation de ces objets là comme le masque de manière décalée et moderne… j’ai commencé avec le masque, c’est quelque chose de particulier… En Afrique il y a une histoire derrière le masque, il a un rôle dans les communautés. Il y a souvent un peu de mystère, de sacré, de mystique. Et souvent ça dérange même les gens d’en avoir chez eux. Le fait de réinterpréter dans une autre matière ça enlevait tout ça, et ça le rendait peut être plus accessible, plus facile à l’accepter chez soi ».

Apparemment, Sophie Pozmentier en connait plus qu’elle ne laisse paraitre. A cotoyer des objets sacrés de rites, des symboles identitaires, des artefacts traditionnels… Il serait difficile à croire qu’elle n’ait pas rencontré des connaisseurs de ce monde « magico–religieux » dans les villages africaines « en brousse ». Ensuite, quand toute sa vie s’est presque passée en Afrique, elle a eu tout le temps de creuser ce vivier d’inspiration. Donc, à son arrivée à Madagascar en 2020, elle utilise souvent le « nous » ou « on », l’artiste a été tout de suite attirée par les « Aloalo ». « Poteaux funéraires du groupe humain Mahafaly », dont la fabrication se transmet de père en fils parce que trop sacré.

Les vrais « aloalo » sont alors loin d’être ces marchandises pour touriste en mal de folklore avec un peu de place dans sa valise pour le voyage du retour. Probablement, Sophie Pozmentier l’a compris. Dès lors, la nécessité de ne pas copier, au risque de bouleverser cette tradition, mais de réinterpréter coule de source. A travers son exposition chez Habitat, des masques et des « aloalo » aux coleurs franches et flashies dominent. Un jour, de retour de chez elle en France, elle va en terre celte, avec toute sa symbolique culturelle. Elle est catégorique. « Ça ne me parle pas plus que ça », en rit-elle.

Maminirina Rado

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