Difficile Équilibre pour Composer le Gouvernement

1
Difficile Équilibre pour Composer le Gouvernement
Difficile Équilibre pour Composer le Gouvernement

Africa-Press – Madagascar. Les nouvelles autorités ont peiné à sortir le nouveau gouvernement censé mener le pays vers la refondation: initialement annoncé pour dimanche, puis pour lundi, il a été enfin présenté hier. Le Président de la refondation de la République de Madagascar (PRRM) et le Premier ministre ont dû en effet trouver un difficile point d’équilibre entre plusieurs facteurs primordiaux mais pas nécessairement convergents: satisfaire en même temps les aspirations au renouveau, la recherche de compétence technique, sans négliger la nécessité d’assise politique.

De plus, il leur a fallu contenter ceux qui s’estiment, à tort ou à raison, être les faiseurs de rois:
les députés qui ont voté la déchéance de Rajoelina et qui ont présenté le nom de Herintsalama Rajaonarivelo comme Premier ministre

les militaires du Capsat dont l’intervention a été déterminante dans la fin des répressions

Les chefs politiques qui semblent avoir eu un rôle majeur dans les coulisses, tels que Siteny Randrianasoloniaiko et Hajo Andrianainarivelo, sans oublier les trois conseillers municipaux d’Antananarivo qui ont joué le rôle déclencheur

Les animateurs de l’émission Miara Manonja à qui il faut reconnaître un rôle majeur dans la délégitimation du régime déchu en étant la voix des sans voix, comme Maitre Hanitra Razafimanantsoa et Fidèle Razara-Pierre, ainsi que les « influenceurs » de la diaspora, en particulier Ikoto Lilahimaitsoambo, Fleury Rakotomalala et Fanirisoa Ernaivo.

Les jeunes de la Gen Z, même s’il semble difficile d’en identifier les représentants, car de nombreux groupes se prétendent de plus en plus en être des représentants légitimes: on se demande donc avec qui exactement parlent les politiciens quand ils affirment discuter régulièrement avec la Gen Z.

Il est toutefois clair que c’est loin d’être la dream team espérée. Fanirisoa Ernaivo, révoquée de la magistrature, se retrouve catapultée au poste prestigieux de Garde des sceaux. Elle laissera dans les mémoires les manipulations sans scrupules auxquelles elle s’est livrée pour faire emprisonner un ancien ministre pour une sombre histoire de parking. Quant à Christine Razanamahasoa, qui fut ministre de la Justice du gouvernement né après le coup d’État de 2009, elle a beaucoup œuvré pour donner une caution juridique à cet acte infâme et à ses suites, y compris dans l’emprisonnement des légalistes de l’époque. Enfin, le passé du général Lylison au début de la Transition 2009-2013 est bien connu, en particulier à la tête de la Commission nationale mixte d’enquête (CNME) et de la Force d’intervention spéciale (FIS), avec son collègue Charles Andrianasoavina. Voilà donc trois cas précis au sujet desquels on s’interroge sur leur capacité et volonté à œuvrer pour une véritable refondation pour le bien de la Nation, et non pour leurs propres intérêts ou ceux d’un clan.

Mis à part ces trois personnalités, probablement nommées en récompense de leurs bons et loyaux services pour renverser Rajoelina, mais certainement aussi pour neutraliser leur capacité de nuisance, la composition est toutefois assez intéressante et montre une bonne dose d’injection de nouvelles personnalités. Les priorités ont été définies ainsi par le PRRM: énergie, eau, santé, éducation, emploi et solidarité vers la refondation. Les relations internationales sont absentes, ce qui est curieux dans un contexte post-crise, et la démocratie est passée à la trappe: tant pis pour la société civile et la Gen Z qui a versé son sang pour la liberté d’expression. On va donc laisser à cette nouvelle équipe gouvernementale le bénéfice du doute et observer comment elle va travailler, en sachant que beaucoup d’insatisfaits au sujet de sa composition et des démarches pour y aboutir l’attendent au tournant.

Il n’y aura donc pas la traditionnelle période de grâce. Le moindre faux pas sera sévèrement et légitimement attaqué par l’opinion publique, qui ne se laisse plus impressionner par les paroles, promesses et autre velirano, et s’attend à des actes concrets. Le gouvernement Rajaonarivelo a donc intérêt à ne pas donner l’impression que la refondation n’est qu’une alternance de gloutons, et non de pratiques. En particulier, le sujet des délestages qui a provoqué en moins d’un mois la chute de Rajoelina sera un sujet épineux sur lequel la population s’attend à des résultats. Or, il y a au moins deux obstacles majeurs à tout miracle immédiat: d’une part les finances de l’État pour l’achat de carburant pour les centrales thermiques, et d’autre part la vétusté des infrastructures.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Madagascar, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here