Mandimbisoa R.
Africa-Press – Madagascar. L’étau se resserre autour du président Andry Rajoelina. Alors que ce dernier tente de consolider son pouvoir et de bâtir un régime reposant sur l’autorité militaire, les dénonciations à l’encontre de ses proches, en particulier les forces de l’ordre, se multiplient. La population, la jeunesse et certains acteurs institutionnels ne se contentent plus de critiques ponctuelles: ils descendent massivement dans la rue pour exprimer leur mécontentement face aux pratiques répressives qui marquent ce mandat.
Hier encore, les élèves médecins ont pris la tête du mouvement. À Anosy, ces jeunes soignants ont affronté les forces de l’ordre, érigées en boucliers humains pour bloquer leur progression. Les manifestants ont d’abord réussi à repousser les barrières des hommes en treillis, avant d’être dispersés par des tirs de bombes lacrymogènes. L’un d’entre eux a été blessé à la tête, mais la violence policière n’a pas suffi à les faire renoncer. Comme trop souvent, des véhicules blindés ont été déployés pour contraindre les manifestants à se disperser.
La mobilisation des internes des hôpitaux de Madagascar va plus loin. Dans un communiqué, ils annoncent la suspension totale de leurs activités médicales et administratives, passant d’un « service minimum » à un « service zéro » sur l’ensemble du territoire. Leur message est clair: ils refusent toute discussion sous pression ou menace et exigent un dialogue respectueux et transparent avec les autorités. Ce mouvement s’inscrit comme un appel à la reconnaissance et au respect du métier de soignant, souvent mis à rude épreuve dans le contexte actuel.
Cette fronde ne se limite pas au secteur de la santé. Les chefs des églises FJKM ont également dénoncé les pratiques répressives des forces militaires dans une déclaration vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux. Ils appellent à l’ouverture d’une enquête sur ceux qui donnent l’ordre d’utiliser la violence, demandant que les responsables soient jugés et emprisonnés. Par ailleurs, ils exigent la fin des arrestations arbitraires et des violences envers la population, exhortant le chef de l’État à écouter la voix du peuple.
Dans un geste symbolique fort, le Nonce Apostolique à Madagascar, Mgr Tomasz Grysa, a manifesté son soutien au peuple lors d’une messe à Belo sur Tsiribihina ce dimanche. Conscient des difficultés quotidiennes que rencontrent les Malgaches privés d’eau, d’électricité ou d’emploi, il a affirmé sa proximité avec la population et l’a portée dans ses prières. L’évêque a insisté sur le rôle de l’Église comme soutien des plus vulnérables et comme acteur de partage des espoirs et des difficultés de la nation.
Même les institutions électorales, traditionnellement perçues comme neutres, ne restent pas silencieuses. Arsène Dama, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), a critiqué certaines décisions du gouvernement lors d’une émission télévisée coïncidant avec la nomination de trois nouveaux membres du cabinet. Selon lui, des décisions telles que l’arrestation du maire d’Antsiranana ou certaines dispositions concernant la tenue des élections ne relèvent pas de la CENI mais du gouvernement, ce qui a contribué à un malaise général. Il a également exprimé sa solidarité avec les manifestants réclamant des droits fondamentaux tels que l’eau et l’électricité.
Source: Madagascar-Tribune.com
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