Africa-Press – Madagascar. L’Antéchrist, tel est le titre que Peter Thiel a donné à la série de quatre conférences d’environ deux heures chacune qu’il a tenues à San Francisco (États-Unis) en septembre dernier, devant un auditoire confidentiel, pour dénoncer les partisans d’une limitation de l’Intelligence artificielle.
En référence au film de Stanley Kubrick où un général américain, Jack Ripper, engage des bombardiers B-52 dans une guerre nucléaire fatale pour l’humanité, il les accuse d’être des Dr Folamour responsables d’une catastrophe planétaire potentielle parce qu’ils menaceraient l’avenir des États-Unis d’Amérique et ouvriraient la voie à un totalitarisme global en voulant priver l’humanité des sciences et des technologies.
Ainsi en irait-il de Greta Thunberg, mobilisée contre l’IA à cause de ses effets sur l’environnement, ou de Eliezer Yudkowsky, un éminent critique des industries du numérique.
Cofondateur avec Elon Musk de PayPal
Que l’on s’accorde ou non avec les positions extrêmes et parfois assez immatures de ces pourfendeurs de l’IA, les outrances de Peter Thiel déconcertent. Cofondateur avec Elon Musk de PayPal, investisseur précoce de Facebook et fondateur de Palantir, une société spécialisée dans la surveillance de masse, ce multimilliardaire d’origine allemande défendit un temps des thèses libertariennes, opposées à toute intervention de l’État, avant d’adopter une forme singulière de nationalisme chrétien.
Comment ne pas voir là, dans cet appel à une croisade contre les incroyants de l’IA, à ceux qu’il qualifie pour les discréditer de « légionnaires de l’Antéchrist » et qu’il présente comme des démons maléfiques œuvrant contre les États-Unis, Dieu et le bien, une aspiration bien inquiétante à la rédemption de l’humanité par les technologies !
Par Jean-Gabriel Ganascia, professeur à Sorbonne Université, à Paris, chercheur en intelligence artificielle au LIP6 (Sorbonne Université, CNRS), ex-président du comité d’éthique du CNRS. Dernier ouvrage publié: L’I.A. expliquée aux humains, Seuil, 2024.
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