Africa-Press – Madagascar. Un climat de tension s’installe autour de la Jirama. Les employés, regroupés au sein du collectif Tambaben’ny Mpiasa Jirama (Tambabe), annoncent une grève générale imminente sur l’ensemble du territoire. En toile de fond: le rejet catégorique des nouveaux statuts de l’entreprise qui la transforme en société anonyme à caractère commercial. Pour ce collectif, cette réforme met en danger la vocation publique de cette société d’Etat.
Les statuts de la Jirama en tant que société anonyme à participation de l’État a été publié dans le Journal officiel le 15 avril dernier. Avec 2 600 000 actions d’une valeur de 20 000 ariary chacune, détenues entièrement par l’État malgache, cette nouvelle structure entend répondre aux exigences de la Banque mondiale, qui conditionne l’accès à une aide budgétaire cruciale pour le pays.
Ce changement n’est pas du goût des employés qui interpellent le Président de la République. Ils demandent l’ouverture d’un dialogue, estimant que les orientations actuelles de la direction conduisent à la destruction de la compagnie. Le Tambabe affirme être prêt à redresser l’entreprise dans une logique 100 % publique, et à continuer de garantir l’accès à l’électricité et à l’eau pour le peuple malgache.
Dans ce contexte tendu, le Tambabe amorce un mouvement de contestation à l’échelle nationale. Cette annonce intervient alors même que les responsables de la société assurent que ni les nouveaux statuts, ni le plan de redressement de la Jirama n’impliquent de licenciement. Le plan prévoit une réduction progressive des effectifs par le biais des départs à la retraite, avec une réorganisation des ressources humaines pour renforcer les équipes techniques, tout en allégeant les effectifs administratifs.
La Jirama rassure qu’elle reste entièrement la propriété de l’État, sans vente d’actions, ni privatisation, ni atteinte aux droits du personnel mais les employés restent sceptiques et y voient la préparation d’une privatisation déguisée.
Depuis plusieurs années, la Jirama n’arrive plus à accomplir convenablement sa mission. En 2023, avec des recettes mensuelles de 83 milliards d’ariary et des dépenses mensuelles de 170 milliards d’ariary la Jirama subit un déficit mensuel de 90 milliards ariary soit 1080 milliards. La compagnie a accumulé une dette colossale de 1439 milliards en 2023 envers ses différents fournisseurs: producteurs d’électricité, fournisseurs de carburant, fournisseurs d’équipements et de services.
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