Africa-Press – Madagascar. Alors que les rumeurs d’une motion de censure visant le gouvernement enflent à l’Assemblée nationale, le président de la Chambre basse, Justin Tokely, s’est voulu rassurant. Quitte à paraître plus loyal que les députés eux-mêmes. À Nosy Be, ce dimanche, sous les applaudissements bienveillants du président de la République et de ses ministres en déplacement, il est monté au créneau. Objectif: éteindre l’incendie des spéculations politiques et préserver l’image d’un régime prétendument solide.
Face aux bruits persistants sur une motion de censure que certains députés nourriraient contre le gouvernement, le président de l’Assemblée a tenu à rappeler que le régime en place dispose d’une majorité « solide », grâce à la plateforme présidentielle Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina (Irmar). Une majorité qu’il décrit comme disciplinée et soudée, insensible aux tentations frondeuses. « L’ Assemblée nationale ne sera pas à l’origine d’une crise politique ou des actes de déstabilisation », a-t-il ajouté.
Mais si tout va si bien dans les rangs de la majorité, pourquoi ce besoin si pressant de rassurer? La sortie de Justin Tokely, ancien ministre de l’Intérieur reconverti en gardien de l’ordre institutionnel, interroge. Car à force de marteler qu’il n’y a pas de crise, le doute s’installe. Et en politique, les protestations trop appuyées sont souvent l’aveu d’un malaise.
« Ces rumeurs ne sont rien d’autre que des rumeurs ! », a-t-il insisté, affirmant que les députés Irmar respectent la ligne du parti et continuent d’afficher leur soutien « indéfectible » à Andry Rajoelina. Il balaie d’un revers de main toute possibilité d’une fronde organisée, n’accordant qu’un statut marginal à ceux qui oseraient signer une motion de censure: « Si un ou deux députés déposent une motion, il s’agit d’une initiative personnelle, pas d’une démarche collective. »
En creux, la sortie de Tokely révèle ce que le pouvoir tente de dissimuler: l’existence, au sein même de sa majorité, de courants d’impatience ou de frustration. Les discours sur la concertation et le refus des rapports de force ne masquent pas entièrement les rivalités internes et les ambitions individuelles.
Et pour lever tout doute sur sa loyauté, le président de l’Assemblée est allé jusqu’à rappeler au chef de l’État: « Grâce à vous, nous sommes à nos postes. Quand le moment de prendre des décisions viendra, nous vous soutiendrons pleinement. » Une déclaration qui, dans d’autres circonstances, aurait pu faire sourire. Mais dans un contexte où la stabilité du régime semble moins acquise qu’affirmée, elle sonne comme une promesse de fidélité… ou un serment de survie.
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