Nosy Be: les Routes Flambant Neuf et de Bonnes Intentions…

1
Nosy Be: les Routes Flambant Neuf et de Bonnes Intentions...
Nosy Be: les Routes Flambant Neuf et de Bonnes Intentions...

Africa-Press – Madagascar. Samedi 24 mai, Nosy Be avait des allures de vitrine républicaine. Caméras braquées, dignitaires alignés, promesses alignées au cordeau: on y célébrait l’ouverture officielle de plusieurs axes routiers majeurs – RNS 57, RNS 30A et un contournement vers Ambatozavavy – censés transformer l’île en eldorado touristique et économique. À entendre les discours officiels, l’événement marquait un tournant historique pour les habitants de l’« île aux parfums ». En réalité, il révèle surtout une dépendance persistante vis-à-vis de l’aide internationale et une tendance gouvernementale à s’approprier politiquement les résultats de cette coopération.

Ces routes, financées dans le cadre du projet PIC-3, sont le fruit d’un partenariat entre l’État malgache et la Banque mondiale. Et si l’on en croit le Représentant résident de l’institution, Atou Seck, la Banque reste confiante et prête à accompagner Madagascar dans ses ambitions. Une générosité qui tranche avec le ton revendicatif adopté par la ministre de l’Économie, Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, vantant l’« investissement personnel » du Président Rajoelina dans les négociations, comme si l’argent tombé du ciel devait avant tout être crédité au chef de l’État.

Cette mise en scène est devenue coutumière: un projet financé à coups de millions par les bailleurs, des infrastructures portées à bout de bras par les techniciens internationaux… et un pouvoir qui s’empresse de capitaliser politiquement chaque inauguration, comme si le financement, la conception et la réalisation relevaient d’un seul volontarisme présidentiel.

La rhétorique est bien rodée: résilience, inclusion, durabilité… Mais à force de slogans, on en oublie de parler du reste. Quid de la maintenance de ces routes dans deux, cinq ou dix ans? Quel est le véritable plan de gestion des infrastructures dans un pays où les chantiers flambants neufs finissent trop souvent dans l’oubli, faute d’entretien? Où sont les retombées concrètes pour les populations locales, au-delà des projections optimistes en devises touristiques?

À Nosy Be, les populations n’ont certes pas boudé leur plaisir de voir enfin une route digne de ce nom relier l’aéroport à Hell-Ville. Mais beaucoup restent lucides: sans emplois décents, sans contrôle citoyen sur les ressources, sans vision locale intégrée du développement, l’asphalte ne suffira pas à régler les fractures sociales. Et si les touristes gagnent quelques minutes sur leurs trajets, les habitants, eux, continuent d’attendre des politiques qui leur offrent autre chose que des discours de façade et des cérémonies de circonstance.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Madagascar, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here