Africa-Press – Madagascar. La Banque mondiale a actualisé sa classification des pays par niveau de revenu pour l’exercice? 2026, qui repose sur le RNB par habitant de 2024. Le verdict est sans appel: Madagascar reste dans la catégorie des pays à faible revenu, c’est-à-dire ceux dont le revenu national brut (RNB) par habitant est inférieur à 1135 dollars par an. La Grande île affiche 510 dollars de RNB par habitant en 2024, ce qui place le pays au quatrième rang des nations les plus pauvres au monde, juste devant l’Afghanistan (410 $), le Soudan du Sud (430 $) et le Yémen (470 $).
Cette classification est mise à jour chaque année, le 1er?juillet, date qui marque le début du nouvel exercice budgétaire. Elle est basée sur le revenu national brut (RNB) par habitant de l’année précédente, exprimé en dollars américain. Ce classement, loin d’être symbolique, a des conséquences concrètes. Comme le souligne la Banque mondiale, la catégorie de revenu détermine l’accès à l’aide publique au développement et aux financements concessionnels. Autrement dit, être pauvre permet certes de recevoir de l’aide, mais ne garantit en rien une trajectoire de sortie de la pauvreté, surtout si la croissance économique ne suit pas. Or, justement, les perspectives ne sont guère encourageantes.
Dans une autre note publiée récemment, l’institution financière internationale estime la croissance de Madagascar à 3,7 % pour 2025, en recul par rapport aux 4,2 % de 2024. Une performance en deçà des attentes du gouvernement malgache, qui espérait un taux de 5 %. Une croissance molle, donc, dans un pays où plus des trois quarts de la population vivent sous le seuil de pauvreté, et où les infrastructures de base (routes, hôpitaux, écoles) peinent à suivre le rythme démographique.
Plus inquiétant encore, la dette devient un piège pour de nombreux pays à faible revenu. La Banque mondiale alerte: 54 % d’entre eux sont déjà en situation de surendettement ou à haut risque, et certains consacrent davantage de ressources au remboursement de la dette qu’à la santé, l’éducation et les infrastructures réunies. Madagascar fait-il partie de ces États? Le silence des autorités sur la dette publique interroge, d’autant que la transparence reste un sujet sensible.
Alors que les bailleurs de fonds s’inquiètent, la population, elle, attend toujours des réformes structurelles concrètes. Car derrière les chiffres froids de la Banque mondiale, ce sont des millions de Malgaches qui peinent chaque jour à vivre décemment. La pauvreté, à force d’être « normalisée », finit par ne plus choquer — et c’est peut-être là le plus grand danger.
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