
Par :
Christophe Boisbouvier
Africa-Press – Madagascar. Une élection présidentielle est annoncée à Madagascar à la fin de l’année. Andry Rajoelina sera-t-il candidat pour un second mandat consécutif ? Si oui, ne va-t-il pas être mis en difficulté par ceux qui lui reprochent un mauvais bilan social ? Lalatiana Andriatongarivo Rakotondrazafy, ministre malgache de la Communication et de la Culture, et porte-parole du gouvernement, de passage à Paris, est notre invitée.
RFI : Madagascar fait partie des 141 pays qui, ce jeudi 23 février aux Nations unies, ont exigé le retrait immédiat des troupes russes d’Ukraine. Est-ce que ce n’est pas un changement de position ?
Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo : Absolument pas. Ce vote positif de Madagascar à l’ONU n’était pas du tout un changement de position. Au contraire, c’est vraiment la réaffirmation du soutien constant de Madagascar aux principes de la charte des Nations unies. Madagascar défend le respect du principe d’intégrité territoriale d’un État souverain. Nous rappelons également notre tradition de non-alignement dans le respect de notre valeur, on va dire ancestrale, de fihavanana. Et surtout, l’attachement au principe que la zone de l’océan Indien demeure une zone de paix et de stabilité. Donc nous pensons qu’il n’est jamais trop tard pour se mettre autour d’une table et pour rétablir la paix.
Alors on sait qu’il y a aussi des connexions actuellement depuis quelques années entre Madagascar et le groupe militaire privé russe Wagner. Est-ce que ces liens continuent aujourd’hui, ou pas ?
Nous n’avons pas confirmation officielle d’une telle information. Jusque-là, c’est beaucoup de spéculations et on imagine qu’on aime bien faire dans le sensationnalisme aussi. Madagascar revendique, comme vous le savez, sa position de pays souverain et non-aligné. Et Madagascar discute avec tout le monde, que ce soit la Russie, l’Ukraine ou les pays occidentaux. Tout le monde donc doit être avec tout le monde.
Le sud-est de Madagascar a été frappé par le cyclone tropical Freddy. Quel est le dernier bilan ?
Le dernier bilan, il est lourd. Il fait état de sept personnes décédées. Nous pensons vraiment aux familles qui ont perdu des êtres chers et qui traversent certainement des moments très difficiles actuellement. Il y a plus de 68 000 sinistrés, dont 16 000 personnes qui ont dû être déplacées, donc les dégâts sont très importants. Le plan d’urgence pour la reconstruction est déjà déclenché, les membres du gouvernement sont également sur place. Il y a des mécanismes d’urgence qui sont mis en place par le gouvernement pour faire face aux travaux de redressement et de reconstruction nécessaires après le passage du cyclone.
Le 20 février, il y a eu un remaniement gouvernemental important. Est-ce à dire que le gouvernement se met en ordre de bataille en vue de la présidentielle de la fin de cette année ?
Probablement. Et par exemple, il y a eu le changement de la ministre de la Fonction publique, qui était le signal fort envoyé par le président de la République sur le fait qu’il est sensible donc aux critiques qu’on nous fait sur l’organisation des élections d’ici la fin de l’année. Cette ministre-là est l’épouse du président de la Commission électorale nationale indépendante, et donc nous, on voulait éviter qu’on nous accuse de conflits d’intérêts. Donc le président a quand même décidé de se séparer de sa ministre, bien qu’elle était là quand même depuis le début du mandat et que c’était quelqu’un qui a donné de bons résultats.
Donc vous promettez la transparence pour la présidentielle ?
Absolument. Écoutez, je pense que toutes les actions entreprises par le gouvernement dans ce sens depuis quand même le tout début des préparatifs, l’année dernière, tendent à confirmer la volonté infaillible du gouvernement à aller vers les élections et à en faire un processus parfaitement transparent.
Alors vous dites que tout va se passer de façon transparente, mais l’ancien président Marc Ravalomanana a écrit au Premier ministre pour dénoncer des actes d’intimidation quand il organise des rassemblements de son parti, le TIM…
Écoutez, moi je ne pense pas que l’ancien président ait été vraiment empêché de tenir un meeting. Très souvent, ce sont des gesticulations médiatiques faites dans le but de se faire passer pour la victime. Par exemple, la présence des forces de l’ordre dans le cadre de ces organisations, c’est tout à fait normal d’assurer la sécurité, parce que très souvent ce sont dans des endroits où il y a beaucoup de monde, qui sont très populeux, donc il faudrait assurer absolument la sécurité. Ça n’empêche que nous restons attachés aux principes de la liberté de tout le monde de tenir des réunions.
Le président Andry Rajoelina sera-t-il candidat à un nouveau mandat ?
Je ne sais pas, nous le souhaitons. Personnellement, moi en tant que présidente du parti Freedom, un des partis dans la coalition présidentielle, nous avons demandé officiellement à ce qu’il se représente, mais il ne s’est pas encore prononcé là-dessus jusque-là. Je pense qu’il y a des priorités auxquelles il doit faire face. Lui, sa priorité, c’est la relance, le volet social dont il a vraiment promis la réalisation. Donc je pense que cette question-là, il va y répondre certainement plus tard, s’il y va ou s’il n’y va pas.
Mais il ne reste que neuf mois avant la présidentielle, est-ce que ce n’est pas un peu trop tard pour s’intéresser au volet social ?
Non, il n’est jamais trop tard. Il n’est pas juste de dire qu’on ne s’est pas du tout occupés du volet social avant. Les actions qui ont été entamées dans le cadre du volet social vont continuer et vont être renforcées. Ça veut dire que les tout nouveaux projets sur le plan infrastructure ne vont plus être faits, mais vraiment on va donner la priorité à tout ce qui est social. Ce n’est pas trop tard à mon avis, ce n’est que la continuation de ce qu’on a déjà entamé.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Madagascar, suivez Africa-Press