Africa-Press – Madagascar. La déclaration présidentielle de ce week-end fait l’effet d’un électrochoc. Le président Andry Rajoelina a ordonné aux autorités compétentes la libération de l’épouse du colonel Patrick Rakotomamonjy, si sa détention est « avérée ». Ce geste, présenté comme un appel au respect de principes fondamentaux, soulève pourtant de sérieux questionnements sur l’indépendance de la justice et le traitement politico-judiciaire de certaines affaires sensibles à Madagascar.
« Les conjoints et les enfants ne doivent pas être pénalisés pour des désaccords politiques », a déclaré le président, dans un ton qui se veut garant des libertés fondamentales. Mais cette intervention survient dans un contexte particulièrement trouble.
Le colonel Rakotomamonjy, recherché, est soupçonné d’être impliqué dans une affaire de découverte de cocktail molotov devant la Villa Pradon Antanimena et le Pôle Anti-corruption (PAC) au 67 Ha au début du mois d’avril. Dans une déclaration publiée samedi sur les réseaux sociaux, l’officier supérieur, directeur technique auprès de l’hôpital militaire a tiré à boulets rouges sur Mamy Ravatomanga, le conseiller officieux du chef de l’Etat et d’autres personnalités politiques de haut rang.
Selon les propos de ce colonel, les autorités auraient interpellé et incarcéré son épouse afin de faire pression sur lui, alors même qu’elle n’aurait aucun lien avec les accusations portées contre lui. Une arrestation qu’il dénonce comme une forme de représailles politiques, s’adressant directement à ceux qui « s’en prennent à lui » en prévenant que « si un malheur devait arriver à sa femme, la suite pourrait être fatale ». Une déclaration lourde de menaces à peine voilées, mais qui traduit aussi le niveau d’exaspération et de défiance envers le système. Le colonel Patrick Rakotomamonjy affirme également avoir échappé à sa garde à vue avec l’aide de ses collègues gendarmes, dénonçant son arrestation comme une manipulation politique.
Actuellement détenue à la prison d’Antanimora, l’épouse du colonel Patrick Rakotomamonjy est en détention préventive. Sans entrer dans les détails de l’affaire, cette décision d’Andry Rajoelina illustre cependant une fois de plus l’ingérence persistante du pouvoir exécutif dans le fonctionnement judiciaire. Car si cette détention a été décidée par un juge, comment expliquer qu’elle puisse être annulée ou corrigée par simple volonté présidentielle? Ce geste jette un trouble profond sur l’autonomie des magistrats, déjà mise à mal dans plusieurs affaires récentes à caractère politique.
L’affaire prend donc une tournure embarrassante pour les autorités, exposant au grand jour les limites de l’État de droit à Madagascar, où les décisions judiciaires semblent encore tributaires de rapport de force politique.
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