Africa-Press – Madagascar. Alors que le régime en place s’apprête à accueillir en grande pompe le Sommet de la SADC prévu pour août 2025, deux anciens présidents, Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina, dénoncent une mascarade politique. Dans une lettre solennelle adressée au Secrétaire exécutif de la SADC, Elias Magosi, ainsi qu’aux chefs d’État et de gouvernement des pays membres, aux missions diplomatiques et aux partenaires internationaux, les deux anciens chefs d’État réclament le report ou le déplacement pur et simple du sommet. À leurs yeux, sa tenue à Antananarivo reviendrait à légitimer une dérive politique contraire aux principes mêmes de la communauté régionale.
Les deux anciens présidents , également auteurs de la Feuille de Route de 2011, s’inquiètent de la dégradation généralisée de la situation politique, économique et sociale du pays. Ils pointent une crise de légitimité du pouvoir actuel, un recul alarmant des droits fondamentaux, des violations des engagements internationaux et une corruption devenue systémique. Alors que l’État peine à répondre à une crise sociale aiguë et à une détresse humanitaire croissante, le pouvoir en place déploie des moyens considérables pour accueillir un sommet qui, selon les opposants, ne fait qu’habiller le vide institutionnel d’une respectabilité factice.
Derrière l’organisation de cet événement, les autorités malgaches cherchent surtout à redorer leur image sur la scène internationale. Le sommet devient ainsi une vitrine de propagande, un outil de communication destiné à projeter une illusion de stabilité. Pourtant, cette démonstration diplomatique ne saurait occulter la réalité du terrain: répression de l’opposition, musèlement des voix critiques, instrumentalisation des institutions, paupérisation de la population et insécurité rampante. Dans ce contexte, célébrer la SADC à Antananarivo serait, selon les signataires, une forme de complicité régionale avec un régime en rupture avec les valeurs démocratiques.
Le message adressé à la communauté internationale est clair: la tenue du sommet à Madagascar, dans les conditions actuelles, serait un contre-sens politique et moral. Au lieu d’incarner l’esprit d’intégration, de dialogue et de gouvernance responsable que promeut la SADC, elle risquerait de consacrer un pouvoir contesté et de tourner le dos aux engagements pris en 2011 pour sortir de la crise. C’est pourquoi les anciens présidents appellent non seulement au report du sommet, mais aussi à l’envoi d’une mission de médiation régionale, condition indispensable selon eux pour éviter une aggravation de la crise.
La question n’est plus logistique, elle est politique. Le choix de maintenir le sommet à Madagascar ne peut être neutre. Il enverrait un signal désastreux, celui qu’une gouvernance autoritaire et opaque peut être tolérée tant qu’elle s’habille du langage diplomatique. Ce serait entériner le décalage croissant entre les discours officiels et la réalité vécue par des millions de Malgaches. Ce serait, enfin, faire le choix du silence face à la dérive, au lieu de celui du dialogue et de la responsabilité.
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