Africa-Press – Madagascar. Contrairement à son homologue malgache qui a fini son allocution sans évoquer la question des Iles éparses, le chef de l’Etat Azali Assoumani a énergiquement revendiqué la souveraineté des Comores sur Mayotte devant Emmanuel Macron, qui fait des pieds et des mains pour intégrer celle-ci en tant qu’entité indépendante au sein de la COI. « En vertu du droit international, l’île de Mayotte est comorienne, nos pays en sont les témoins, et à plus forte raison la France qui est membre permanent du conseil de sécurité des Nations Unies » dit-il.
C’est le discours le plus attendu du jour. Sans surprise et avec conviction, Azali Assoumani a revendiqué la souveraineté des Comores sur Mayotte et ce, devant Emanuel Macron qui jusque-là, était à la manœuvre pour tenter d’intégrer celle-ci en tant qu’entité indépendante au sein de la COI. « Mon cher frère Emmanuel Macron, j’ai un professeur qui s’appelle Louis de Funès, qui m’a appris qu’il ne faut pas répondre aux provocations. Mais je dois rappeler ici mes chers frères, puisque nous parlons de droit, je tiens également à rappeler que l’ADN de la COI, c’est le respect du droit international. Ainsi, en vertu du droit international, l’île de Mayotte est une île comorienne, nos pays en sont les témoins, et à plus forte raison la France, qui est membre permanent du conseil de sécurité des Nations unies », déclare le président comorien devant ses pairs réunis pour le Ve sommet de l’organisation. Et de poursuivre avec assurance: « C’est pourquoi avec les présidents français, y compris mon frère Macron, nous nous sommes attelés à un dialogue franc, sincère et responsable pour aboutir à une solution moralement acceptable et juridiquement valable pour la résolution de ce différend territoire qui nous oppose. »
Notons qu’il s’agit d’un rendez-vous historique dominé par des enjeux vitaux, où la sécurité alimentaire, le climat, la gouvernance maritime et la solidarité régionale ont occupé une large partie des discours. Azali Assoumani a notamment proposé la création de zones de production agricoles régionales et appelé à canaliser les investissements publics et privés pour créer de l’emploi et renforcer les échanges commerciaux. « Ce sommet doit nous permettre de transformer nos ambitions en programme d’action concret », a-t-il martelé, tout en saluant les avancées obtenues par la COI, notamment son accréditation auprès du Fonds vert pour le climat.
Dans son discours d’accueil, le président Andry Rajoelina, hôte du sommet, a insisté sur le rôle moteur de Madagascar, qui concentre 90% des terres arables de la COI. Il a plaidé pour un renforcement des échanges intra-régionaux et une meilleure valorisation des ressources agricoles locales, estimant que « nous devons produire ensemble pour nourrir ensemble ».
Dans son allocution, le président Emmanuel Macron a souligné l’ancrage de la France dans la région à travers toutes les îles qu’elle administre ou occupe, faisant d’elle la deuxième puissance maritime du monde, avec 10 millions de km2 couvrant la zone indo-pacifique et incluant La Réunion (territoire français membre de plein droit de la COI). Il a appelé à un front commun pour la protection des océans, la sécurité maritime et la transition écologique, et salué la COI pour sa capacité à porter des projets structurants avec les partenaires internationaux.
Le Premier ministre mauricien Navinchandra Ramgoolam a insisté sur la nécessité d’une économie résiliente et bleue, axée sur la durabilité, l’innovation et l’intégration régionale. Il a plaidé pour une meilleure connectivité entre les îles et un accès équitable aux marchés.
Le président des Seychelles, Wavel Ramkalawan, a de son côté mis l’accent sur l’approche intégrée de la gouvernance maritime. Il a souligné que dans nos États insulaires, le coût du transport peut représenter jusqu’à 40% du prix des produits, ce qui rend crucial le développement d’un marché régional plus efficient.
Tous les dirigeants ont souligné l’importance d’une vision partagée, reposant sur la mutualisation des moyens, la solidarité active et la souveraineté collective. Le sommet a également été l’occasion de célébrer les 40 ans de l’Accord de Victoria, pierre fondatrice de la COI.
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