Comprendrons-nous un jour les langages animaux ?

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Comprendrons-nous un jour les langages animaux ?
Comprendrons-nous un jour les langages animaux ?

Africa-Press – Madagascar. Pour espérer comprendre les langages animaux, il faut se départir de notre vision anthropocentrique de la communication animale pour faire l’effort d’aller vers l’animal”, explique Fabienne Delfour, enseignante-chercheuse à l’École nationale vétérinaire de Toulouse. Mais comment se mettre dans la peau d’un animal dont les sens peuvent être extrêmement différents des nôtres ?

L’Umwelt

C’est en 1909 que le biologiste estonien Jakob von Uexküll décrit le concept d’Umwelt (environnement), selon lequel chaque organisme perçoit son environnement d’une manière unique en fonction de son expérience sensorielle et de ses capacités cognitives. “Le monde d’une abeille ou d’une mouche, qui voient dans l’ultraviolet, est fondamentalement différent de celui d’un humain”, note Fabienne Delfour. Pour l’abeille, une fleur peut être perçue comme une source de nectar quand l’humain y voit un objet décoratif. Les chauves-souris, qui se déplacent et chassent dans l’obscurité grâce à l’écholocation, vivent dans un monde acoustique complexe composé d’une grande diversité de signaux ultrasonores utilisés tant pour l’écholocation que pour la communication sociale.

Certains Umwelts nous sont cependant plus perméables que d’autres. Le phénomène de domestication et de familiarisation permet une certaine compréhension entre humains et chiens, chats ou chevaux. “L’un des prérequis pour pouvoir se mettre à la place de l’autre, remarque Fabienne Delfour, c’est d’engranger le plus de connaissances sur cette altérité, que ce soit sur le plan biologique, physiologique, écologique ou psychologique. La proximité avec un animal facilite notre capacité empathique.” Pour les humains, il est plus facile d’imaginer le monde sensoriel des grands singes et des mammifères terrestres que celui des poissons ou des bactéries marines.

Identifier des schémas de langage grâce à l’IA

Mais même si nous partageons un Umwelt proche de celui des singes, comment communiquer ? Dans les années 1960 à 1980, les primatologues immergeaient des chimpanzés dans un milieu humain pour leur apprendre notre propre langage, notamment la langue des signes, avec un succès finalement limité.

“Aujourd’hui, des chercheurs font l’expérience inverse, note Fabienne Delfour. Après une longue immersion avec des animaux, ils analysent leurs échanges, y prélèvent des informations pour essayer d’engager la communication. C’est cette démarche que nous mettons en place au laboratoire de l’Institut langage, communication et cerveau de Marseille. Nous voulons créer une collection d’enregistrements d’interactions sonores entre cétacés et, à l’aide de l’intelligence artificielle, essayer d’identifier des schémas de langage et s’en inspirer pour tenter d’établir un dialogue. ”

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