Le jardinage, une solution contre la disparition des récifs coralliens ?

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Le jardinage, une solution contre la disparition des récifs coralliens ?
Le jardinage, une solution contre la disparition des récifs coralliens ?

Africa-Press – Madagascar. C’est un peu le Giec des coraux: le Global Coral Reef Monitoring Network (GCRMN) estime, dans un rapport de 2020, qu’il y a une perte progressive de 14% de la couverture mondiale des coraux entre 2009 et 2018. Cette disparition se poursuit: “Elle est plutôt désormais de l’ordre de 15%, soit autour de 40.000 km2 de récifs dans le monde”, détaille Serge Planes, directeur de recherche au CNRS et directeur scientifique de l’expédition Tara Pacific.

D’une importance mondiale

Les récifs coralliens couvrent seulement 0,2% des fonds océaniques mais “ils offrent un habitat à 25% des espèces marines”, chiffre le GCRMN. En plus d’abriter une grande diversité d’organismes, les coraux rapportent des services écosystémiques financiers avec le tourisme et la pêche. Ainsi, “les récifs fournissent entre 9 et 12% du poisson pêché dans le monde”, précise l’association Coral Guardian.

Par ailleurs, le service le plus important rendu par la barrière récifale reste celui de protéger les littoraux des vagues et des phénomènes climatiques extrêmes.

Cependant, ces services sont remis en question avec le changement climatique, la pollution, la surpêche ainsi que le tourisme de masse, tous d’origine anthropique. En effet, ces dérèglements causent de nombreux stress qui mettent en danger la stabilité et la survie des coraux. Face à ces dégâts, “des études scientifiques sont menées pour la recolonisation”, déclare Serges Planes.

La rupture d’une symbiose

Le dérèglement climatique engendre l’augmentation des températures mondiales entraînant des canicules marines, une montée de l’acidité des océans et donc une perturbation du cycle de l’eau. Différents stress se révélant être les principaux facteurs du déclin des barrières de corail et de son écosystème.

Cette dégradation s’observe par le phénomène de blanchissement des organismes. Ce mécanisme est causé par une rupture dans la relation de symbiose entre le corail et une algue unicellulaire, la zooxanthelle: le premier ne pourrait pas vivre sans ce que lui apporte le second. “L’algue assure 80 à 90% de l’énergie quotidienne de l’animal marin en lui fournissant essentiellement des glucides”, explique Serges Planes.

Cependant, lorsque le corail subit un stress trop élevé, tel que la montée des températures, il ne reconnaît plus l’algue vivant dans ses tissus et la rejette. Cette conséquence rompt alors la symbiose entre les deux organismes. L’animal n’a plus ses apports journaliers, il blanchit et commence à mourir.

Une solution encore insuffisante

Afin de reconstituer les récifs coralliens, des scientifiques et des associations mettent en place depuis plusieurs années différents projets et actions de restauration écologique, tel que le jardinage des coraux.

Ce projet consiste en la récupération de fragments coralliens, dits “fragments d’opportunités”: ce sont des morceaux de corail, séparés du reste de l’animal, mais toujours vivants. “Nous sélectionnons ces coraux ayant déjà subi un premier stress. Ils seront plus résistants par la suite”, explique l’association Coral Guardian.

Ces bouts de coraux sont ensuite placés en bouturage, à la surface. Cette étape permet de favoriser le développement des polypes, les organes constitutifs du corail. Ces derniers, placés dans un bassin, subissent moins de compétitions entre eux et moins de stress de leur environnement.

62.000 coraux restaurés depuis 2012

En dernière étape, les boutures sont de nouveau transplantées dans leur milieu naturel sur des structures en métal afin de leur fournir un substrat stable et de maintenir leur croissance. “Quelques années plus tard, les coraux sont déjà assez grands pour poursuivre la restauration”, explique l’association Coral Guardian.

L’association comptabilise 62.000 coraux restaurés depuis sa création en 2012. Cependant, cette technique s’avère être insuffisante face à l’étendue du chantier. On compte entre 250.000 et 300.000 km2 de récifs coralliens dans le monde. “Ce n’est pas avec des approches de ce type-là que l’on va repeupler entièrement un récif corallien. Il s’agit plus d’un moyen de communication et de sensibilisation”, commente Serge Planes.

Aussi, le jardinage des coraux ne traite pas les origines du problème tel que la pollution, la surpêche et le tourisme de masse. L’implication des communautés locales ainsi que celle des industriels est donc primordiale pour développer la conservation en l’intégrant au développement économique.

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