L’éolien à la recherche d’un nouveau souffle

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L’éolien à la recherche d’un nouveau souffle
L’éolien à la recherche d’un nouveau souffle

Africa-Press – Madagascar. Si la route vers l’équipement solaire est techniquement bien balisée et subventionnée, celle du petit éolien (domestique ou individuel) s’est enfoncée dans le brouillard. Comment équiper efficacement une habitation, des bureaux, une exploitation agricole ou un terrain isolé, avec un aérogénérateur de taille réduite, dont la capacité de production n’excédera pas 36 kilowatts (kW), la puissance maximale autorisée en cas de raccordement au réseau ?

Les données récentes et fiables sont rares. Le guide pratique édité par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) date de 2015. La dernière étude sur l’état de l’art et du marché, concentrée sur le sud de la France, menée par le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), remonte à 2016. Il est impossible de savoir combien de particuliers ont installé des éoliennes domestiques. Le Sepen, site expérimental pour le petit éolien fondé en 2004, et seul indépendant de France, est à l’arrêt. En 2007, la manne des crédits d’impôts d’État (aujourd’hui supprimés) avait vu éclore des “installateurs non qualifiés, souvent malhonnêtes, proposant des dispositifs inadaptés à un prix de vente exorbitant et aucun service après-vente pour du matériel rapidement défectueux “, note Myriam Lorcet, du Cerema. Bonne nouvelle, le marché s’est assaini.

“Un coup d’arrêt a été mis au Far West des pales “, note Éric Moreno, conseiller en énergie renouvelable de la région Occitanie. Les régions imposent désormais des critères et paramètres techniques plus précis avant de financer un projet (les subventions pouvant aller jusqu’à 50 %). Les demandes et agréments ont dégringolé (jusqu’à -70 % entre 2012 et 2016), mais empêchent les installations défaillantes. Ainsi, les éoliennes de pignon sont aujourd’hui systématiquement déconseillées : elles engendrent fissurations ou fracturations du mur sur lequel elles reposent.

Pour savoir si le petit éolien est recommandé et subventionné sur son territoire, il faut consulter sa direction régionale. C’est le cas en Paca, en Occitanie, en Normandie, alors que la Bourgogne Franche-Comté s’y refuse après avoir constaté que la vitesse moyenne annuelle de 5,5 m/s du vent n’est pas atteinte à 10 m de hauteur. Car l’important pour le petit éolien, c’est la rose des vents et l’évaluation précise de chaque potentiel individuel. Les fabricants et installateurs sérieux pilotent eux-mêmes l’ensemble des études de faisabilité, avec l’aide d’un bureau agréé. Ces tests requièrent d’installer un mât de mesure équipé d’anémomètres, d’une girouette et d’un enregistreur qui calcule la vitesse et la direction du vent – plus ou moins favorables selon la typologie du terrain (en hauteur, dégagé ou non, etc.).

Estimer la production potentielle sur un an

Les données recueillies sont à comparer avec celles générées par les stations Météo France les plus proches. Les données à moyen et long termes de ces stations (payantes) permettent d’extrapoler sur dix ans celles recueillies par le mât de mesure. On en tire la vitesse moyenne du vent sur son site et sa distribution. En recoupant ces données avec la courbe de puissance de l’aérogénérateur choisi, il est possible d’estimer la production potentielle de l’éolienne sur un an.

Un particulier peut poser une éolienne directement sur son toit, ou sur un mât mesurant généralement de 8 à 20 m de haut. Les pales peuvent atteindre une taille allant jusqu’à 65 % de la hauteur du mât. Attention, les éoliennes sont interdites en zone protégée (réserves naturelles, immeubles patrimoniaux) ou classées par le plan local d’urbanisme (PLU). Un aérogénérateur de moins de 12 m de haut nécessite une déclaration préalable de travaux. Au-delà de 12 m, l’obtention d’un permis de construire est obligatoire.

L’estimation du coût de l’investissement dans une éolienne domestique dépend de plusieurs facteurs : moins le potentiel éolien est élevé, plus l’installation sera imposante et onéreuse. Le coût peut osciller entre 2.500 euros et 40.000 euros. Depuis le 1er janvier 2016, l’installation d’une éolienne individuelle n’est plus éligible au crédit d’impôt (aujourd’hui MaPrimeRenov’), ni aux certificats d’économie d’énergie (CEE). Néanmoins, des aides départementales, régionales, européennes, ou du Cas Facé (financement des aides aux collectivités pour l’électrification rurale) permettent de réduire l’investissement de départ.

Il faut choisir également entre une installation autonome ou reliée au réseau électrique. Dans le premier cas, l’éolienne répondra aux besoins énergétiques d’éclairage ou de toute l’habitation. Pour alimenter l’ensemble d’un foyer, il faut s’équiper d’un régulateur avec redresseur intégré, qui transforme le courant alternatif en courant continu, et aussi de batteries pour une utilisation à tout moment, que le vent souffle ou pas. Parmi les batteries à décharge profonde (qui peuvent subir un nombre important de cycles de recharge), différentes technologies existent : sodium-ion (technologie émergente, mais la plus rapide à la recharge selon le CNRS) ; lithium (gourmande en terres rares, avec une recharge plus longue) ; plomb (qui présente un risque de fuite de gaz ou d’acide) ; ou encore gel de silice (plus chère mais plus étanche que celle au plomb). À l’inverse, une installation reliée au réseau électrique ne nécessitera pas de stockage. Le coût du raccordement peut atteindre 3000 euros, mais cette solution permet de revendre son surplus d’électricité voire toute sa production à EDF dans les zones de schéma régional éolien.

Deux modèles à choisir selon le lieu d’installation

Reste à choisir le type d’éolienne. Celle à axe horizontal est la plus couramment utilisée. Juchée sur un mât, idéale dans un jardin, parfaite pour pomper de l’eau dans un terrain isolé, elle offre les meilleurs rendements mais est également la plus chère et la plus bruyante. Plus abordable, l’éolienne à axe vertical, de type Savonius ou Darrieus, peut se fixer sur le toit et fonctionne même avec des vents faibles ou turbulents (générés par les obstacles, végétaux ou bâtis). Son utilisation en ville a longtemps été décriée comme étant trop peu efficace et génératrice de nuisances.

Mais une étude du Cerema sur le projet Urbéol à Arras (Hauts-de-France) a montré en 2020 qu’un modèle Savonius de 3,85 m de haut et 2 m de large produit 200 à 1.000 kWh par an, selon les intensités des vents. Elle est donc “efficace en milieu urbain sans générer de problèmes d’ondes acoustiques, électromagnétiques “, explique Philippe Dunez, du Cerema. Il a toutefois fallu adapter sa fixation, avec des plots de béton, pour limiter les secousses vibratoires sur son bâtiment d’accueil. Enfin, l’innovation ne tarit pas. Se développent notamment des “turboliennes”, contraction de turbine et éolienne, à jucher sur les toits, puissantes et silencieuses, munies d’un double rotor, et dont l’un des prototypes a été validé par le CEA et l’École polytechnique. Après des décennies de vents contraires, l’éolien semble prendre un nouveau souffle.

 

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