Les Narvals se Servent-Ils de leur Défense pour Jouer ?

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Les Narvals se Servent-Ils de leur Défense pour Jouer ?
Les Narvals se Servent-Ils de leur Défense pour Jouer ?

Africa-Press – Madagascar. C’est un débat qui remonte à plusieurs centaines d’années et dont on peine encore à voir le bout, malgré l’essor de nouvelles technologies: à quoi sert donc la défense du narval (Monodon monoceros) ? S’il est si compliqué de répondre à cette question, c’est notamment parce que l’utilisation de cette dent longue et spiralée est difficile à observer dans la nature.

Bien sûr, des hypothèses plus ou moins solides ont vu le jour. Ainsi, des chercheurs ont déjà vu un narval se servir de l’appendice (qui peut mesurer jusqu’à trois mètres de long) comme d’une massue pour assommer des poissons. Des chercheurs ont aussi découvert que sous son apparente dureté, ce rostre est en réalité particulièrement sensible: des millions de terminaisons nerveuses sont présentes à l’intérieur, faisant de lui un probable capteur sensoriel.

Mais il jouerait également un rôle prépondérant dans le succès reproducteur. En effet, selon une étude parue en 2015, la longueur de la corne serait directement corrélée avec la masse des testicules. Et les mâles pourraient également s’en servir comme d’une arme entre eux pour se départager avant l’accès à une femelle. Cependant, certaines d’entre elles possèdent, elles aussi, cette défense.

Un outil pour la chasse

Afin de trouver de nouvelles utilités à cette défense, et de confirmer les hypothèses émises jusque-là, des chercheurs canadiens et américains ont utilisé un drone survolant l’Extrême-Arctique canadien. Ils ont ainsi pu observer son utilisation en pleine nature, en gênant le moins possible ces cétacés. Les résultats de ces observations ont été publiés le 28 février 2025 dans la revue Frontiers in Marine Science.

Ils confirment que les narvals se servent de leur défense comme d’une arme. Ainsi, ces cétacés ont été observés alors qu’ils l’utilisaient pour étourdir des poissons, donnant des coups violents et rapides. Mais leur attitude face à ces derniers pouvait également se révéler assez étonnante.

Les narvals sont-ils joueurs ?

Une observation en particulier laisse entendre que les narvals pourraient se servir de leur défense pour… jouer. Deux narvals ont ainsi été observés alors qu’ils poursuivaient un poisson, le laissant parfois à 30 cm du bout de leur défense. Ils suivaient le rythme du poisson et ajustaient même « leur vitesse pour le garder juste en avant de la pointe de leur défense », souligne l’étude. Ils ont dû parfois même ralentir pour conserver cette disposition.

Lors de cet épisode, l’un des narvals a frappé le poisson avec sa défense. « Les coups ont été exécutés avec précision et n’étaient pas violents, expliquent les chercheurs. Certains impliquaient un bref tapotement, d’autres une poussée lente ou une pression vers le bas appliquée au poisson. Deux comprenaient une rotation étroite de la pointe de la défense autour du poisson qui l’a brièvement retourné sur le côté ». Le poisson déviait de sa trajectoire puis repartait.

Pendant 17 secondes, la défense de l’un de ses poursuivants s’est même retrouvée à côté de lui et le poussait latéralement, sans force. Les chercheurs sont formels: à aucun moment, un narval n’a tenté d’attraper le poisson, même la fois où celui-ci a été si près d’un cétacé que sa queue en a touché le rostre. L’omble chevalier s’est finalement enfui, sans dommage.

Les chercheurs pensent que certains aspects de cette séquence « pourraient constituer la première preuve documentée de jeu, en particulier de jeu d’exploration d’objets, chez les narvals ». Si l’omble chevalier peut être une proie pour eux, les cétacés observés n’avaient peut-être pas faim. Cette observation semble révéler un surprenant côté facétieux chez les narvals, ce qui devrait être confirmé ou non dans de prochaines études.

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