QI : le quotient intellectuel de la population baisse-t-il de génération en génération ?

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QI : le quotient intellectuel de la population baisse-t-il de génération en génération ?
QI : le quotient intellectuel de la population baisse-t-il de génération en génération ?

Africa-Press – Madagascar. Existe-t-il un déclin de l’intelligence de notre espèce depuis de nombreuses années ? », nous demande Jeanne Brivat sur notre page Facebook. C’est notre question de lecteur de la semaine. Pour y répondre, (re)découvrez ci-dessous notre article publié initialement en juin 2018 et intitulé « Le QI de la population baisse-t-il depuis les années 70 ? ».

Le QI : une tendance à la baisse après des siècles de hausse

Le quotient intellectuel baisserait chez les générations nées après 1975, selon des chercheurs norvégiens dont les travaux ont été publiés le 11 juin 2018 dans la revue américaine PNAS. Les auteurs ont estimé que l’explication la plus plausible était un environnement culturel moins favorable pour les jeunes générations.

QI. Le quotient intellectuel (QI) est un score obtenu par un test standardisé aux paramètres multiples et dont la valeur est une indication de l’intelligence du sujet. Si le QI moyen de la population est autour de 100, les sujets au QI supérieur à 135 sont considérés comme « à haut potentiel », tandis que ceux dont le QI est en dessous de 60 sont considérés comme présentant des déficiences.

Les deux auteurs, les économistes Bernt Bratsberg et Ole Rogeberg (Frisch Centre d’Oslo), ont cherché les causes de « l’effet Flynn ». Mis en évidence par le chercheur en psychologie James Flynn, il montre que la tendance à la hausse de l’intelligence mesurée par le QI tout au long de l’histoire de l’humanité s’est arrêtée à notre époque, voire qu’une tendance à la baisse s’est amorcée.

Pour cela, les chercheurs se sont penchés sur les performances intellectuelles des jeunes hommes norvégiens nés entre 1962 et 1991 et testés à l’occasion du service militaire obligatoire. L’intérêt de l’étude norvégienne est de comparer entre eux les QI de frères, donc de personnes issues d’un milieu social strictement identique, et aux gènes proches. En effet, les deux principales théories pour expliquer l’effet Flynn sont la fertilité dysgénique (l’idée que les femmes au QI bas font plus d’enfants eux-mêmes dotés d’un QI plus bas que les femmes au QI élevé), et le mélange avec des populations immigrées, issues de systèmes éducatifs potentiellement moins performants que le nôtre.

3 points de QI gagnés, puis perdus

Ainsi, sur 736.808 observations, les auteurs ont confirmé la réversion de l’effet Flynn. Chez ces frères, le QI s’est en effet élevé de 0,20 point par an entre la cohorte née en 1962 (99,2 de QI en moyenne) et celle née en 1975 (102,3 de QI en moyenne). Puis il a baissé de 0,33 point par an entre celle née en 1975 et celle née en 1991 (99,4 de QI en moyenne). Si les scores d’aptitudes n’étaient pas disponibles pour les femmes, l’examen des années de scolarité au lieu des QI ont permis aux scientifiques de retrouver la même tendance. Les auteurs suggèrent quelques pistes d’explications parmi « les changements dans l’exposition ou la qualité de l’éducation, l’exposition changeante aux médias, la dégradation de la nutrition ou de la santé ».

Des facteurs non sociologiques et non génétiques qui ne sont pas argumentés dans la publication et qui seraient à creuser : en effet, sur le plan de la santé, on sait que l’espérance de vie n’a cessé d’augmenter ces dernières décennies, et la qualité de l’éducation est un concept vague. « Même si nos résultats soutiennent l’affirmation selon laquelle les principaux facteurs des effets Flynn sont environnementaux et varient entre les familles, nous ne sommes pas en mesure d’identifier la structure causale des effets environnementaux sous-jacents », concluent finalement les auteurs.

QI n’est pas forcément synonyme d’intelligence

La créativité, ou l’originalité des idées d’une personne, est également un paramètre important d’accomplissement de soi. « Des génies reconnus n’ont pas forcément un haut QI », ont conclu les auteurs, psychologues, d’une étude américaine en 2017. Ainsi, « un QI de 120 environ serait indispensable pour la créativité », selon Todd Lubart, psychologue à l’université Paris-Descartes, « mais au-delà de 140 ça n’a plus d’influence ». Au-delà de 140 de QI, ce sont donc les caractéristiques de la personnalité qui deviennent les plus prédictives de la créativité.

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De plus, les tests de QI sont toujours à mettre en contexte. « Il serait absurde de dire qu’avec un QI de 120, on est « deux fois plus » intelligent qu’avec un QI de 60′′, rappelaient des psychologues en 2005, alarmés par les « dérives » qu’ils observent chez les familles pressées de classer leurs enfants selon leur QI. De plus, « les résultats d’une évaluation intellectuelle sont susceptibles de varier chez une même personne selon le test utilisé », ajoutent-ils. Enfin, ce score « n’a, à lui seul, aucune signification « , puisqu’il doit ensuite « être confronté aux autres informations fournies par l’examen psychologique approfondi (observations qualitatives et cliniques, conditions de vie familiale, culturelle et éducative de l’enfant, investigations complémentaires, fonctionnement de la personnalité, etc.) ».

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