Africa-Press – Madagascar. Le collagène serait produit par les kératinocytes, au lieu des fibroblastes, comme on le pensait jusqu’ici. Ces deux cellules sont présentes dans les différentes couches de la peau, notamment au niveau de l’épiderme, la partie superficielle de la peau, ainsi que dans la structure du derme, la couche juste en dessous. Cette découverte a été faite par des chercheurs issus de différentes universités japonaises et publiée dans la revue Nature Communications.
Les scientifiques se sont penchés sur la peau de l’axolotl, aussi appelé salamandre mexicaine (car il vient des lacs de Xochimilco et Chalco au Mexique) afin de comprendre les mécanismes de formation du collagène. Pourquoi ce petit amphibien aquatique d’eau douce ? “Déjà parce qu’il est très mignon, mais plus sérieusement parce que sa peau est transparente et possède de grande capacité régénérative”, explique à Sciences et Avenir Akira Satoh, chercheur à l’université d’Okayama (Japon) et co-auteur de l’étude.
Le collagène, qu’est-ce que c’est ?
Le collagène est une protéine structurale, ayant pour fonction de donner aux tissus une résistance à l’étirement. Le collagène est également un grand acteur de la cicatrisation des tissus, notamment de la peau. Toutefois, notamment avec l’âge, il peut arriver que la peau se distance ou se relâche, en formant des rides, ou qu’elle forme une cicatrice, suite à un traumatisme. En effet, le collagène dermique ne peut pas être restauré à sa structure fine originelle une fois abîmé.
En effet, l’équipe de chercheurs s’est servie de produits fluorescents, donc visibles à travers la peau de l’animal, pour étudier la formation du collagène. Ce genre de travaux est rendu plus compliqué par la présence de poils ou d’une plus grande opacité sur la peau des mammifères. C’est pourquoi l’axolotl, avec sa peau très transparente, est apparu comme le meilleur choix aux chercheurs.
Les fibroblastes ne sont pas inutiles pour autant
Ainsi, ils ont remarqué que, contrairement à ce qui était admis jusqu’ici, les kératinocytes, des cellules constituant 85% de l’épiderme, fabriquaient le collagène de la peau de l’axolotl. Les fibroblastes, des cellules présentes dans la peau et participant à sa structure, ne jouent, d’après cette étude, qu’ “un rôle dans la modification et le renforcement des fibres de collagène déjà existantes et créées par les kératinocytes”, indique Akira Satoh.
De plus, les chercheurs ont, par la suite, également mené ce même type d’expériences sur d’autres animaux, tels que la souris, le poisson-zèbre ou encore le poulet, afin de voir s’ils obtiendraient des résultats similaires. Et en effet, chez ces trois animaux, la production du collagène vient, elle aussi, des kératinocytes, avant qu’il ne soit modifié et renforcé par les fibroblastes.
Toutefois, le chercheur précise que la fabrication de cette protéine structurale par les kératinocytes s’arrête à la naissance des mammifères. Ainsi, les fibroblastes prennent bien le relais à un moment donné, seulement, elles ne savent pas produire des fibres de collagène très organisées et en produisent de manière assez aléatoire. Le docteur Satoh démontre cette différence assez simplement: il explique que « l’embryon de souris a des kératinocytes produisant du collagène, il a donc la capacité de guérir sans cicatrices, tandis que les adultes ou les nourrissons, dont les fibres de collagène sont produites par les fibroblastes, ne l’ont pas, ou du moins pas autant. »
Les soins actuels de la peau « ont une cible erronée »
Mais concrètement, qu’est-ce que cette découverte change pour nous ? Si le constat est le même pour les êtres humains que pour les axolotls ou les souris, il se pourrait bien que les soins actuels de la peau « ont une cible erronée (les fibroblastes, ndlr) et devraient plutôt se concentrer sur les kératinocytes », ou que, d’après le docteur, les personnes prenant des compléments alimentaires tels que du collagène marin pour avoir une belle peau ou pour ralentir le vieillissement cutané « auront peut-être un jour la possibilité d’appliquer une crème sur leur peau, agissant directement sur les kératinocytes ».
De plus, d’après Akira Satoh, “il faut donc se concentrer sur les bonnes cellules afin de proposer des traitements pour la peau, des crèmes anti-âge ou autres, dont l’effet sera d’activer les producteurs d’un collagène de qualité”. Enfin, il est important de préciser que ces travaux peuvent également être utiles dans la mise au point de crème permettant d’améliorer la cicatrisation des tissus en boostant, une nouvelle fois, la production du collagène par les kératinocytes.
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