Le Mali dans la tourmente du départ des français, de la guerre russo-ukrainienne, et du regain du terrorisme

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Le Mali dans la tourmente du départ des français, de la guerre russo-ukrainienne, et du regain du terrorisme
Le Mali dans la tourmente du départ des français, de la guerre russo-ukrainienne, et du regain du terrorisme

Africa-Press – Mali. De retour spécifiquement sur le cas du Mali, nous constatons que ce pays fait face à de grands défis liés à la stabilité sécuritaire depuis son indépendance, en plus de la propagation des groupes d’extrémisme religieux violent, en particulier le groupe « Nosrat al-Islam et les musulmans », qui menace la stabilité et contrôle des zones dans le nord et le centre du pays.

Des menaces qui ont traversé les frontières pour toucher de nombreux pays voisins du Sahel et d’Afrique de l’Ouest, eux-mêmes réunis dans le cadre du Groupe des Cinq pays du Sahel (G5 Sahel), pour lutter contre le terrorisme, grâce à des efforts conjoints.

Mais il semble que ce groupe a échoué dans la guerre contre le terrorisme, ce qui pourrait pousser certains gouvernements de ces pays à devoir négocier avec les groupes terroristes, comme le Mali, qui a tenté et tente encore d’engager un processus de négociation avec Iyad Ag Ghaly, et Ahmed Koufa, les leaders du groupe suscités, ainsi que le mouvement « Massina », qui menace la stabilité des régions du nord et du centre du Mali, sachant que les combattants de Daech dans le Grand Sahara sont toujours dirigés par des combattants étrangers.

On se rappelle par exemple de « Abdelhakim Al-Sahraoui », ce Marocain éliminé en mai 2020 par les militaires français, auquel a succédé un autre étranger, « Adnan Abu Walid Al-Sahraoui ».

A noter qu’au Mali, des combattants étrangers occupent toujours des postes de leaders dans des organisations terroristes, et depuis 2017, des groupes terroristes se sont alliés au Mali.

Seulement voilà, tout au long des huit années de guerre, on peut dire que l’objectif de la confrontation militaire n’a pas porté ses fruits, mais au contraire le terrorisme s’est propagé du nord du Mali au reste des pays de la région.

C’est d’ailleurs pourquoi, à la lumière des spéculations associées au post-retrait des forces françaises de la région, certains analystes soulignent qu’il est possible que la situation au Mali suive un chemin similaire à ce qui s’est passé en Afghanistan.

Naturellement, le Mali représente un cas très particulier, car situé au cœur de la région du Sahel africain, qui pose l’enjeu de répéter le « modèle taliban », c’est-à-dire l’arrivée du groupe « Nosrat al-Islam et les musulmans » pour s’impliquer activement dans la scène politique, inacceptable pour les pays voisins, notamment en Afrique de l’Ouest et du Nord, en plus des dangers de l’arrivée au pouvoir de tels groupes au Mali, et par conséquent de leur contrôle sur les ressources énergétiques du pétrole et du gaz.

D’autre part, la participation de tels groupes au travail politique des pays de la région représente une menace pour les intérêts de la France, qui s’approprie des droits spéciaux pour exploiter les matières premières et les sources d’énergie dans la région. Sur cette base, l’objectif stratégique de l’intervention de la France au Mali était de protéger les intérêts français au Sahel et en Afrique de l’Ouest sous prétexte que la France est convaincue de « l’effet domino » des groupes terroristes.

En d’autres termes, le succès du contrôle d’un groupe d’extrémisme religieux violent au Mali signifierait la possibilité de sa récurrence dans d’autres pays de la région du Sahel. C’est d’ailleurs dans ce contexte, que la France a adopté son rejet des négociations en cours entre le gouvernement malien et le groupe « Nosrat al-Islam et les musulmans ».

La question qui se pose à ce stade là est la suivante :

• les groupes extrémistes religieux violents au Mali peuvent-ils développer des stratégies de prise de pouvoir similaires au scénario afghan ?

Oui, cela pourrait bien être possible, d’autant plus que ce groupe a remplacé le gouvernement dans une grande partie du centre et du nord du Mali, gagnant à la fois la confiance de la population de certaines régions du Mali, du Niger et du Burkina Faso, plus que les forces armées de ces pays.

Bien que les craintes de voir se reproduire le « modèle taliban » au Mali soient probablement raisonnables, il existe par contre de nombreuses différences dans la situation malienne qui rendent difficile la reproduction d’un tel scénario.

Avec l’accord sur la capacité des deux groupes d’al-Qaïda, « Nosrat al-Islam et les musulmans » et « Massina », à contrôler certaines zones du Mali, et même à gagner la confiance de certains de ses habitants, on relève cependant, par rapport à la capacité du mouvement des talibans de contrôler le territoire et communiquer avec les citoyens, qu’on ne peut pas dire que les deux cas se valent.

Cela s’ajoute à la prise en compte du fait que la France ne renoncera pas facilement à ses intérêts économiques au Mali et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest, et ce, par rapport à l’absence d’intérêts économiques américains dans le cas de l’Afghanistan, ainsi qu’à la présence officielle et non officielle de certaines autres parties, comme le cas du groupe paramilitaire russe Wagner, qui est différente dans le cas afghan.

Certes, la France a commencé à mettre noir sur blanc sa décision de retirer ses forces du Mali, dans le cadre de plans de réorganisation de ses forces contre les groupes extrémistes violents en Afrique, d’une part, et parce que rien ne va plus entre elle et la junte militaire dirigée par le Colonel Assimi Goïta, Président de la transition, d’autre-part, tout en se fixant juin 2022 comme « deadline ».

Cependant, aujourd’hui, nous pouvons parler d’une crise majeure à laquelle le Mali s’est trouvé confronté et due au départ des français, alors même qu’il croyait s’être conforté de l’appui des russes.

Néanmoins, la guerre que la Russie vient de déclarer contre l’Ukraine est probablement venue au mauvais moment, car la stratégie sécuritaire de l’implication des mercenaires russes du groupe Wagner pourrait bien changer de cap, aux besoins de cette guerre.

Qu’adviendra-t-il donc au Mali, si tous ses plans se retrouvent faussés ?

Anouar CHENNOUFI

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