Bientôt une issue pour sortir de la crise avec la CEDEAO !

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Mali : Bientôt une issue pour sortir de la crise avec la CEDEAO !
Le Président Assimi Goïta et Nana Akufo-Addo, le président en exercice de la Cédéao

Africa-Press – Mali. Les partis politiques et la société civile sont divisés en deux clans au Mali : un clan qui soutient le gouvernement de transition et sa politique, et un autre clan qui s’oppose à la politique du gouvernement.

• 1er clan : On trouve au sommet de ce clan le « Mouvement du 5 juin », qui a dirigé les mouvements ayant conduit au coup d’État.

Ce clan est composé de divers partis politiques, dont l’Union pour la République et la Démocratie (URD), l’un des trois plus grands partis politiques dans le pays, et Chérif Bouyé Haïdara, de son vrai nom Mohamed Ould Hamahoullah, qui est une personnalité religieuse malienne à la tête d’une confrérie soufie d’obédience tijane « Hammawiyya », la coalition « Yerewolo », qui regroupe des groupes de jeunes appelant à l’expulsion de la France du Mali, et le parti ADP MALIBA, dont le leader Aliou Boubacar Diallo est arrivé troisième lors des récentes élections présidentielles.

• 2ème clan : C’est un autre clan qui s’oppose à la politique du gouvernement.

Seules deux coalitions principales ont participé à l’Assemblée de reconstruction nationale : la coalition « Unis pour le Mali », qui comprend des rassemblements de jeunes et des militants de l’opinion publique, et la coalition « Cadre d’Echange », qui comprend les partis de la majorité présidentielle sous le régime de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta Keita, à savoir : Le Rassemblement pour le Mali (RPM) et le parti (ASMA CFP) de l’ancien premier ministre de 2017 à 2019, le parti (UDD) de l’ancien ministre de la Défense Timan Coulibaly.

D’autres grands partis politiques y sont affiliés : comme le groupe « Jigiya Kura » dirigé par l’ancien ministre, Housseini Amion Guindo, et le Parti du changement (Yéléma) de l’ancien Premier ministre Moussa Mara, et ces partis ont décidé d’unir leurs rangs dans un conférence de presse tenue le 28 novembre 2021 avec la participation d’autres partis et groupements extérieurs aux deux alliances, tels que le Parti de la renaissance nationale « Parena », et ces groupements ont également uni leur discours avec d’autres groupements d’opposition tel que le Parti de la « Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI) et le Mouvement pour la Défense de la République (CDR).

Certains partis de la société civile ont adhéré à la neutralité et n’ont pas clarifié leur position malgré la participation de certains d’entre eux à cette assemblée de reconstruction du pays, tels que le Conseil suprême islamique, le Conseil des Églises et les chefs traditionnels.

D’autres groupes se sont également abstenus d’exprimer leur position quant au gouvernement actuel, malgré leur opposition publique à certaines de ses politiques, comme l’Imam Mahmoud Dicko, et les mouvements signataires de l’accord de paix, le Mouvement Plateforme et la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), malgré leur participation au gouvernement.

A propos de la situation économique
Le gouvernement malien est confronté à un problème lié aux prix élevés dus au virus Corona, et à la suspension de certaines aides à l’État, sachant qu’il a fourni de gros efforts pour résoudre cette crise, notamment en ramenant le prix du pain à son prix antérieur après une augmentation de 20%, et a également annoncé des prix unifiés pour certaines denrées alimentaires de base, mais il a eu des difficultés à mettre en œuvre ces décisions en raison du non-respect par les commerçants, de sorte que certaines d’entre elles sont restées sur papier, tandis que d’autres ont été appliquées, et en raison des effets négatifs de Covid 19, le gouvernement a annoncé l’interdiction d’exporter des denrées alimentaires de base à l’étranger.

Petit clin d’œil sur les décisions CEDEAO

Rappelons qu’à l’issue d’un sommet tenu le 9 janvier 2022, à Dakar, la CEDEAO a publié une déclaration imposant un ensemble de sanctions au Mali, notamment :
• la fermeture des frontières terrestres et aériennes avec le Mali,
• l’arrêt des échanges commerciaux entre les États membres et la République du Mali, à l’exception des produits de base, du matériel médical, électrique et produits pétrochimiques,
• le gel des avoirs du gouvernement malien dans les banques de la CEDEAO,
• l’arrêt de la fourniture d’aide au développement au Mali
• et la préparation de forces prête à intervenir rapidement au Mali si nécessaire.

Quatre heures exactement après la tenue de ce sommet, le gouvernement malien a répliqué en publiant un communiqué de condamnation dans lequel il a annoncé qu’il avait pris des mesures similaires, notamment :
• la fermeture de ses frontières avec les États membres de la CEDEAO,
• le rappel de ses ambassadeurs accrédités dans ces états.

Le gouvernement du Mali a également rassuré la population sur l’abondance du stock de marchandises et de produits de première nécessité, et a conclu le communiqué en appelant les forces armées à la vigilance.

Petite idée sur les conséquences économiques les plus en vue

Tout le monde sait très bien que le Mali est un pays enclavé qui dépend des ports des pays voisins dans les processus d’exportation et d’importation, et que c’est est un pays consommateur qui ne produit pas de denrées alimentaires de base, et qu’il est confronté à une crise économique qui date depuis 2012 en raison de l’éclatement d’une crise sécuritaire dans le nord du pays.

Parmi les matières que le Mali importe le plus figurent :
• la pétrochimie,
• les matériaux de construction et de fondation,
• les machines
• et les denrées alimentaires.

A noter que trois des cinq plus gros exportateurs vers le Mali sont membres de la CEDEAO, et leur classement, selon les statistiques de 2016, est le suivant :
• le Sénégal et la Chine avec 12,2 %,
• la France avec 10,3 %,
• la République du Bénin avec 8,6 %,
• puis la Côte d’Ivoire avec 8,4 %.

Les sanctions imposées au Mali l’affectent significativement sur le plan économique. Il dépend presque entièrement des ports des pays de la CEDEAO (le port de Dakar au Sénégal, de Tema au Ghana, de Cotonou au Bénin, de Lomé au Togo et d’Abidjan en Côte d’Ivoire), et malgré la possibilité d’importer depuis les ports d’autres pays frontaliers comme l’Algérie, la Mauritanie et la Guinée Conakry, cela se heurte à certains obstacles tels que l’insécurité sur les routes et la longue distance entre les ports et la capitale malienne Bamako, dans le cas de l’Algérie et de la Mauritanie, ou le sous-développement des infrastructures d’une manière qui permet le passage de gros camions, comme dans le cas de la Guinée Conakry, en plus des avantages économiques dans l’espace CEDEAO et de la facilité d’échange entre les pays qui utilisent le franc CFA.

Pour ce qui est des exportations maliennes, on trouve en tête de liste : le coton, l’or et le bétail.

Avec un taux de 4,9%, le Burkina Faso se classe au cinquième rang des plus grands pays vers lesquels ces produits sont exportés, derrière la Suisse 30,4%, l’Inde 12,2%, l’Ukraine et la Chine 5,1%, tandis que le Sénégal se classe sixième avec 4,3% .

Les sanctions affecteront grandement l’économie du pays et les prix des biens, et entraîneront une augmentation significative de leurs prix en raison de la rareté de certains d’entre eux sur le marché.

La classe sociale la plus importante qui sera touchée par les sanctions est celle des marchands qui dépendent des importations, les producteurs de coton et les propriétaires de troupeaux de bétail.

Parmi les secteurs qui seront touchés par ces sanctions dans les pays de la CEDEAO figure le secteur de l’élevage, là où certains pays dépendent du Mali pour leur consommation quotidienne de viande fraîche, le Mali est la deuxième source en Afrique de l’Ouest dans le domaine de la viande fraîche.

Ces sanctions affecteront également la CEDEAO de manière stratégique. Là où le Mali est contraint d’aller vers des pays concurrents extérieurs à l’organisation, comme l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie, ce qui constituera un défi majeur dans le processus d’intégration qu’il recherche, et cela menacera les industries du Nigeria, du Ghana et de la Côte d’Ivoire au détriment du soutien à l’industrie algérienne et marocaine.

Et à l’intérieur du Mali, des voix ont commencé à réclamer la nécessité de se retirer de l’organisation CEDEAO, parce qu’elle ne sert pas les intérêts du peuple, bien que l’élite politique malienne pense le contraire.

Ya-t-il une lueur d’espoir pour sortir de cette crise ?

Les Maliens sont quand même des durs à cuire

Les partenaires internationaux du Mali doivent dépasser la focalisation sur les dates des élections pour orienter le dialogue vers les objectifs concrets que devra servir une prolongation de la transition, désormais inévitable car, en définitive, la grave crise multidimensionnelle que traverse le Mali ne sera pas résolue par l’organisation d’élections sans réformes préalables d’un système politique dysfonctionnel.

Par conséquent, on peut d’ores et déjà avancer que la crise entre le gouvernement malien et la CEDEAO pourrait se terminer d’ici la fin du mois de mars 2022, étant donné que le gouvernement malien veillera à ce que la période transitoire n’expire pas avant d’avoir conclu un accord avec la CEDEAO afin d’éviter d’entrer dans une crise législative, comme le refus des partis d’opposition de le reconnaître, le refus de la communauté internationale de reconnaître également sa légitimité ou la survenance d’un nouveau coup d’État militaire.

Anouar CHENNOUFI

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